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Interdit depuis 2018, le néonicotinoïde est un pesticide particulièrement dangereux. L’une des principales raisons pour lesquelles il a été banni étant que ce produit a grandement participé au déclin des populations d’abeilles en France. Mais face à la menace de la jaunisse qui préoccupe les cultivateurs de betteraves, l’Assemblée nationale a décidé d’autoriser temporairement son utilisation.

Une décision qui a été prise pour préserver « la souveraineté agroalimentaire »

Les députés français ont voté pour lever temporairement l’interdiction sur les pesticides néonicotinoïdes. Malgré leurs effets extrêmement néfastes sur les abeilles, cette décision a été prise pour préserver les cultures de betteraves à sucre du pays, qui sont actuellement menacées par le virus de la jaunisse de la betterave. Ainsi, la levée de l’interdiction s’applique uniquement pour les cultivateurs de betteraves, et pour une durée de trois ans. Plus précisément, la dérogation s’appliquera à partir du mois de janvier 2021 jusqu’au 1er juillet 2023.

Le vote fait suite à une campagne des cultivateurs de betteraves français, qui souhaitent utiliser des insecticides pour protéger leurs cultures. En guise d’argument, ils ont notamment soulevé le fait que la jaunisse des betteraves a provoqué une régression de 60 % du rendement, ce qui équivaut à 2 000 tonnes de betteraves perdues, a rapporté France 3. Il a également été évoqué que cela ne menace pas uniquement les cultivateurs, mais la filière sucrière française dans son entièreté, qui emploie actuellement 46 000 individus, dont 25 000 agriculteurs.

La réintroduction de ce pesticide controversé a été autorisée faute d’avoir trouvé une autre solution qui puisse à la fois préserver les betteraves et les abeilles. Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a notamment fait valoir que cette disposition est absolument nécessaire pour assurer l’autosuffisance de la France en sucre et qu’il fallait donner la priorité à la souveraineté agroalimentaire, a rapporté l’AFP, relayé par Le Figaro. Ce choix est loin d’avoir fait l’unanimité, même au sein de l’Assemblée nationale. Si l’autorisation a finalement été approuvée par 313 voix, 158 députés ont tout de même voté contre, et 56 autres se sont abstenus.

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Une décision vivement contestée par les apiculteurs et les militants écologistes

Les producteurs de betteraves, représentés par la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), ainsi que certains producteurs de sucre, ont exprimé leur joie et leur gratitude pour le soutien que leur a apporté le gouvernement. Pour rassurer les apiculteurs, il a été affirmé que le pesticide ne sera pas pulvérisé à l’air libre, mais sera intégré dans la semence. Mais les apiculteurs ne sont pas convaincus et ont exprimé leur mécontentement et leur déception face à cette décision. Dans un communiqué de presse, l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF) a déclaré que ce vote était « une insulte à l’apiculture, à la science et à la protection du vivant ».

Les apiculteurs ont également le soutien des militants écologistes qui ont évoqué une régression écologique majeure. « L’histoire se souviendra que, malgré les preuves scientifiques et la pression de l’opinion publique, ce gouvernement continue d’encourager l’empoisonnement des sols, des animaux et de notre alimentation », a déclaré Clément Senechal, militant de Greenpeace France, dans un communiqué. Eric Andrieu, député européen socialiste, fait également partie des opposants à la nouvelle décision, dénonçant durant une interview avec PledgeTimes le fait que « ce gouvernement préfère le sacrifice de la biodiversité ». Allant plus loin encore, le député a annoncé sur Franceinfo son intention de saisir la Commission européenne pour « vérifier que la décision est abusive ».

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