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Un « navire fantôme » disparu depuis la Seconde Guerre mondiale retrouvé dans un état exceptionnel

Ce navire aurait servi dans les deux camps pendant la guerre

Navire Fantome
— © U.S. Navy / Wikimedia Commons

En 1946, au large des côtes californiennes, la marine américaine scella le destin de l’USS Stewart, un destroyer qui avait servi des deux côtés durant la Seconde Guerre mondiale, en le coulant volontairement. Aujourd’hui, ce navire, surnommé « le vaisseau fantôme du Pacifique », a été redécouvert à plus de 1 000 mètres de profondeur grâce à des technologies sous-marines avancées.

Une découverte au fond du Pacifique

L’épave de l’USS Stewart, coulé en 1946, a été retrouvée par l’entreprise Ocean Infinity en août 2023 lors d’une mission menée en collaboration avec l’Air/Sea Heritage Foundation et la société d’archéologie SEARCH. À l’aide de drones sous-marins autonomes, Ocean Infinity a cartographié une vaste zone sous-marine du Pacifique, à proximité du sanctuaire marin national de Cordell Bank, au nord-ouest de San Francisco. L’objectif était de retrouver l’épave de ce navire emblématique.

Les drones ont produit des images impressionnantes d’un navire reposant droit au fond de l’océan, presque intact malgré les décennies passées sous l’eau. Selon les experts, son état de conservation est exceptionnel, faisant de l’USS Stewart l’un des destroyers américains les mieux préservés de son époque. Sa coque imposante et élégante témoigne de la robustesse de la construction navale du début du XXe siècle, période à laquelle il fut conçu.

L’histoire de l’USS Stewart

Construit à Philadelphie en 1919, l’USS Stewart, désigné DD-224, est un destroyer lourdement armé et faisant partie des « four-stackers », une série de navires construits trop tard pour participer à la Première Guerre mondiale. Cependant, ces destroyers jouèrent un rôle déterminant pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce qui distingue particulièrement l’USS Stewart est sa carrière unique : il a servi successivement les deux camps du conflit.

En 1941, l’USS Stewart était stationné à Manille, aux Philippines. Après l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, il fut déployé pour combattre les forces japonaises dans le théâtre du Pacifique. Malheureusement, en février 1942, après avoir été endommagé au combat, le navire se retrouva coincé dans une cale sèche en Indonésie. Ses membres d’équipage furent contraints de l’abandonner alors que les troupes japonaises envahissaient la région.

C’est ici que l’histoire de l’USS Stewart prend une tournure inhabituelle : capturé par les forces japonaises, il fut réparé et intégré dans la marine impériale japonaise en tant que patrouilleur. Ce retournement de situation fut d’autant plus intrigant lorsque des pilotes alliés rapportèrent avoir aperçu un ancien destroyer américain, le Stewart, opérant sous pavillon japonais loin derrière les lignes ennemies. 

Une dernière mission et un adieu symbolique

En 1945, les forces américaines découvrent le Stewart flottant non loin de Kure, au Japon. L’énigme du « navire fantôme du Pacifique » fut enfin résolue. Après la capitulation japonaise, l’USS Stewart retrouva ses couleurs américaines, et il fut remis en service brièvement sous le nom de RAMP-224 (Recovered Allied Military Personnel), un acronyme généralement utilisé pour désigner les prisonniers de guerre récupérés. 

Symboliquement, l’USS Stewart fut remis en service par la marine américaine avant d’être remorqué en Californie. Là, en mai 1946, il fut utilisé comme cible d’entraînement pour les forces navales. Il fallut deux heures de tirs intenses pour que l’épave, encore robuste malgré les ravages de la guerre, finisse par couler.

Ocean Infinity, spécialiste des technologies de cartographie sous-marine, a déjà été à l’origine de découvertes majeures, telles que celle de l’USS Nevada en 2020 ou du légendaire Endurance, le navire d’Ernest Shackleton, retrouvé en 2022. Ces exploits sont rendus possibles grâce à des avancées en robotique marine, permettant aujourd’hui d’explorer les océans avec précision. Comme l’explique Jim Delgado de SEARCH, ces technologies marquent une véritable révolution dans la manière dont nous découvrons et étudions les vestiges sous-marins. Par ailleurs, une plongée historique révèle l’Akagi, un navire japonais de la Seconde Guerre mondiale.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: smithsonianmag

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