Dans cette époque tourmentée où près d’un quart des Français est toujours climatosceptique, la jeunesse cherche à se faire une place dans le jeu politique de la défense de l’environnement. C’est le cas de Greta Thunberg, jeune Suédoise dont les idées se sont répandues dans le monde entier et ont encouragé la jeunesse à s’engager de façon plus radicale pour l’environnement, comme nous avons pu le voir dans les nombreuses marches pour le climat qui ont eu lieu à travers le monde. Désormais, cette jeunesse peut également compter sur le soutien des musiciens, qui les aident à faire du changement climatique un véritable mouvement culturel et social.
Grâce aux musiciens, le changement climatique devient un mouvement important dans la pop culture
De plus en plus de musiciens et d’artistes se servent de leur musique pour défendre la cause environnementale. Nous pensons notamment à Lil Dicky dont le morceau Earth, dévoilé en avril 2019, prend la défense de l’environnement. Il est intéressant de noter que des artistes assez représentatifs des goûts de la jeunesse d’aujourd’hui comme Ed Sheeran, Ariana Grande, Lil Jon, Adam Levine de Maroon 5, ou des acteurs comme Kevin Hart (Jumanji) et Leonardo DiCaprio (pas besoin de le présenter) y ont participé. Les bénéfices de la chanson seront reversés à des œuvres caritatives, notamment au Fond de conservation des requins et au Carbon Cycle Institute, partenaires de la Fondation Leonardo DiCaprio. Lil Dicky espère au moyen de cette chanson pouvoir encourager la jeunesse à s’engager en faveur du climat, c’est pourquoi il a réuni ces artistes, dont les morceaux sont très écoutés par la jeunesse actuelle.
Au sujet de la crise environnementale, il déclare donc que « comme beaucoup de gens, (il avait) la vague idée que quelque chose de grave se passait ici sur Terre, mais (il ne réalisait) pas à quel point la crise environnementale était insensée et à quel point l’humanité (était) foutue. Si nous n’agissons pas maintenant, et que nous ne changeons pas notre comportement, la Terre deviendra inhabitable.” La chanteuse canadienne Grimes est également sur le point de sortir un album sur le thème de l’Anthropocène (cela désigne une nouvelle ère géologique résultant des actions de l’Homme sur l’environnement mondial : perte de biodiversité, réchauffement climatique…). Impliquer les chanteurs et chanteuses chers à la jeunesse d’aujourd’hui est donc un bon moyen de les sensibiliser à la cause environnementale, d’autant plus que la diffusion de leurs idées devient beaucoup plus facile grâce aux réseaux sociaux. Nous pouvons même dire que la défense de l’environnement devient un aspect phare de la pop culture.
Il convient de rajouter que cet engagement toujours plus fort, encouragé par les réseaux sociaux, marque un véritable tournant dans la pop culture ; toutefois, cette culture de la “chanson caritative” n’est pas récente, puisque beaucoup des artistes les plus célèbres dans le monde (comme Michael Jackson avec We are The World) ont enregistré des chansons à visée caritative, dans le but d’amasser des fonds pour des causes mondiales comme la lutte contre le sida ou contre la famine dans certains pays d’Afrique.
Un changement dans l’attitude du public
Les données de Google Trends ont démontré que beaucoup plus de personnes recherchent le terme « réchauffement climatique » aujourd’hui qu’auparavant depuis 2009, année au cours de laquelle les Nations Unies ont réuni 110 dirigeants mondiaux lors d’une conférence sur le réchauffement climatique sans précédent à Copenhague.
Ce changement d’attitude de la part des citoyens témoigne d’une prise de conscience générale et d’une volonté globale de défendre l’environnement. Les plus grands témoins de cette évolution sont notamment les importantes manifestations instiguées par le Mouvement de la Jeunesse ainsi que les nombreuses grèves d’étudiants au sein des écoles et des universités. Nous pouvons également prendre en compte le fait que le mois dernier, les partis politiques verts soient devenus pour la première fois parmi les partis les plus importants au Parlement européen. Nous commençons à peine à réaliser que les questions environnementales sont les questions les plus urgentes à régler à l’heure du XXIe siècle.
Corinne Cath, doctorante à l’Oxford Internet Institute de l’Université d’Oxford, affirme que bien que les artistes jouent un rôle non négligeable, ce sont en fait surtout les réseaux sociaux qui permettent ce changement d’attitude, contrairement aux autres médias utilisant des supports plus traditionnels.
L’économie de l’attention
Le contenu des réseaux sociaux est en fait théorisé par un algorithme, et les plateformes concernées savent évaluer le degré d’attention portée à chaque problème d’ordre sociétal. Nous en savons peu sur ces algorithmes, si ce n’est que la visibilité d’une information repose en partie sur l’importance que revêt cette information aux yeux des internautes. Corinne Cath nomme ce phénomène « l’économie de l’attention » (The Attention Economy) des réseaux sociaux.
Les questions sujettes à controverses attireront plus d’attention que d’autres questions plus banales, plus futiles. « Comprendre pourquoi certaines questions retiennent l’attention et pas d’autres, et comprendre ce que cela signifie pour les discussions sur le réchauffement climatique sera crucial si nous voulons vraiment utiliser les réseaux sociaux pour provoquer un changement », déclare Corinne Cath. Nous comprenons donc que les réseaux sociaux ont un grand rôle à jouer dans la diffusion des idées contre le réchauffement climatique. Les réseaux sociaux étant très prisés de la jeunesse (15-25 ans), notamment pour s’informer, nous pouvons également penser par extension que les jeunes sont au coeur du changement d’attitude que nous avons évoqué plus haut.
Dans l’économie de l’attention, les musiciens ainsi que les acteurs et autres célébrités, qui se comptent par millions – bénéficient d’une masse précieuse de ressources qu’ils peuvent utiliser pour faire face aux problèmes sociaux et environnementaux.
Comme le dit Corinne Cath, il ne suffit pas de tweeter pour créer un réel changement. « Mais c’est un bon début dans le cadre d’une stratégie de communication plus large », ajoute-t-elle. Faire du réchauffement climatique un sujet d’actualité dont on parle sur les réseaux sociaux est un premier pas vers des efforts plus soutenus pour diminuer les émissions de dioxyde de carbone.
Par Jeanne Gosselin, le
Source: New Scientist
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