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Une étude surprenante révèle que les musiciens ne ressentent pas la douleur comme les autres

L’entraînement musical semble renforcer une forme de tolérance cérébrale à la douleur

Musique

Il est bien documenté que jouer d’un instrument offre des bénéfices qui dépassent largement les compétences musicales. En effet, des études montrent que cette activité stimule le cerveau, améliore la motricité fine, favorise l’acquisition du langage, renforce la mémoire et peut même ralentir le vieillissement cérébral. Mais si la musique transforme le cerveau de multiples façons, pourrait-elle aussi influencer la manière dont les musiciens ressentent la douleur ? C’est précisément le point qu’a exploré une équipe de chercheurs à travers une nouvelle étude.

Ce que l’on sait sur la douleur et le cerveau  

La douleur est avant tout un mécanisme de survie. Elle agit comme un signal d’alarme destiné à nous protéger d’un danger immédiat. Toucher une poêle brûlante, par exemple, provoque une réaction réflexe qui fait retirer la main avant une brûlure grave. La douleur agit également sur le cerveau, en réduisant notamment l’activité du cortex moteur, la zone qui contrôle nos muscles. Ce mécanisme permet de limiter l’utilisation d’une partie blessée du corps, évitant ainsi d’aggraver une blessure.

Cependant, si la douleur devient chronique et que le cerveau persiste à envoyer ces signaux de protection, cela peut avoir des conséquences négatives. Par exemple, une cheville foulée immobilisée trop longtemps peut entraîner une perte de mobilité et perturber les circuits cérébraux liés au contrôle de la douleur. Cela peut accentuer la sensation douloureuse à long terme.  

Des recherches ont aussi montré que la douleur chronique peut altérer la « carte corporelle » dans le cerveau, une représentation qui guide les mouvements des muscles. Plus cette carte est déformée, plus la douleur peut s’aggraver. Toutefois, certaines personnes s’adaptent mieux que d’autres à la douleur, avec un cerveau moins affecté par celle-ci. Les raisons de ces différences restent encore floues.  

Le cas particulier des musiciens

L’étude menée par Anna M. Zamorano, professeure adjointe à l’université d’Aarhus, et son équipe visait à déterminer si la pratique musicale et les changements cérébraux qu’elle induit influencent la façon dont les musiciens perçoivent et gèrent la douleur. Pour cela, ils ont comparé des musiciens à des non-musiciens en provoquant une douleur temporaire dans leurs mains pendant plusieurs jours.  

Pour simuler une douleur musculaire de façon sécurisée, ils ont injecté dans leurs mains du facteur de croissance nerveuse, une protéine qui, lorsqu’elle est administrée dans les muscles, provoque une douleur passagère, surtout lors des mouvements. Bien que désagréable, cette méthode est sans danger et ne cause aucun dommage permanent.  

Ils ont ensuite utilisé la stimulation magnétique transcrânienne (TMS) pour observer l’activité cérébrale. Cette technique consiste à envoyer de légères impulsions magnétiques dans le cerveau, permettant de cartographier les zones qui contrôlent les muscles de la main. Ils ont établi ces cartes avant l’injection, puis deux et huit jours après, afin d’évaluer l’impact de la douleur sur le fonctionnement cérébral.  

— Taphat Wangsereekul / Shutterstock.com

Des résultats frappants

Dès le départ, les musiciens présentaient une carte cérébrale de la main plus précise que celle des non-musiciens. Plus ils avaient consacré d’heures à leur entraînement, plus cette carte était affinée. Après l’induction de la douleur, les musiciens ont rapporté ressentir moins d’inconfort que les non-musiciens. En outre, alors que la carte cérébrale des non-musiciens montrait un rétrécissement après deux jours de douleur, celle des musiciens restait intacte. Fait intéressant, plus ils avaient d’expérience musicale, moins ils semblaient affectés par la douleur.  

Bien que l’étude ait été menée sur un échantillon modeste de 40 personnes, les résultats sont clairs : le cerveau des musiciens réagit différemment à la douleur. Leur entraînement intensif semble leur conférer une certaine résistance aux effets négatifs habituels de la douleur, tant au niveau de la perception qu’au niveau des réponses cérébrales.  

Ces conclusions ne signifient pas que la musique est un remède miracle contre la douleur chronique. Cependant, elles montrent que l’entraînement intensif peut influencer la perception de la douleur. Cela soulève des questions sur les raisons pour lesquelles certaines personnes sont plus résistantes à la douleur et ouvre des perspectives pour développer de nouveaux traitements pour ceux qui en souffrent.  

Les chercheurs poursuivent actuellement des recherches pour déterminer si la pratique musicale peut également protéger contre les troubles de l’attention et de la cognition liés à la douleur chronique. L’objectif à terme est de concevoir des thérapies capables de « rééduquer » le cerveau des individus souffrant de douleurs persistantes. Par ailleurs, voici 10 vertus surprenantes que la musique a sur notre corps.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Science Alert

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