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D’étranges boules de mousse se déplacent en colonie en Alaska et fascinent les scientifiques

Cette colonie de mousse se déplace à la même vitesse, dans la même direction, et ce, quel que soit le sens du vent

© Carsten ten Brink / Flickr

Depuis des décennies, les scientifiques sont intrigués et captivés par des petites boules de mousse qui se fraient lentement un chemin à travers les glaciers de l’Arctique. Aujourd’hui, nous en savons plus sur ces étranges formations se déplaçant en troupeau.

De véritables colonies de mousse se déplaçant de façon coordonnée

Si de précédents travaux mentionnaient l’existence de ces boules de mousse, très peu de recherches avaient jusqu’à présent été menées sur la façon dont celles-ci se déplaçaient et se développaient. Des informations pourtant utiles, étant donné que ces amas roulants abritent une variété d’invertébrés. Afin d’en savoir plus, une équipe de chercheurs s’est rendue sur les flancs du glacier Root en Alaska, et a mesuré les déplacements de trente de ces étranges formations sur une période de quatre ans.

« Ces conglomérats de forme ovoïde faits de terre et de mousse ne se trouvent que sur certaines surfaces de glacier et constituent des habitats clefs pour les colonies d’invertébrés », écrivent les auteurs de cette nouvelle étude, publiée dans la revue Polar Biology. « Pourtant, bien que leur présence soit largement signalée, aucune étude de leurs mouvements et de leur longévité n’avait jusqu’à présent été menée. »

Selon les scientifiques, ces formations tirent leur origine de petites roches ou autres impuretés de la glace, provoquant l’accumulation de différents types de mousses et de sédiments. Bien qu’elles aient été repérées sur un petit nombre de glaciers à travers le monde, il semble qu’elles aient besoin d’un ensemble de conditions encore inconnues pour commencer à se former.

Alors que de précédentes recherches avaient établi que ces boules de mousse se déplaçaient et roulaient, probablement afin que chaque côté soit exposé à la lumière du soleil, cette nouvelle étude montre qu’elles se déplacent en troupeau et évoluent dans des directions bien spécifiques.

Non pas que leurs mouvements soient particulièrement rapides : les chercheurs ont constaté que le groupe de trente boules de mousse suivi se déplaçait en moyenne de 2,5 centimètres par jour. Mais si celles-ci semblent peu pressées, où qu’elles aillent, leurs mouvements semblent en quelque sorte coordonnés.

Une mystérieuse force à l’œuvre

« Toute la colonie de boules de mousse, tout ce troupeau, se déplace à peu près à la même vitesse et dans les mêmes directions. Vitesse et directions pouvant changer au fil des semaines », note Tim Bartholomaus, glaciologue à l’université de l’Idaho et co-auteur de l’étude. « En revenant sur les lieux année après année, nous nous sommes rendu compte que chacune d’entre elles possédait une durée de vie d’au moins cinq ou six ans, voire potentiellement beaucoup plus. »

Les boules de mousse étant l’une des rares sources de nutriments pour les organismes invertébrés tels que les collemboles, les tardigrades et les nématodes sur un glacier, les scientifiques sont naturellement désireux d’essayer d’en savoir plus sur leur fonctionnement et les forces qui les affectent.

Et si la dernière étude répond à certaines interrogations, notamment le fait que le mouvement de ces boules de mousse ne semble pas être aléatoire, elle en soulève d’autres, comme celle de savoir pourquoi ces amas se déplacent dans une certaine direction pendant un certain temps avant d’en changer.

En réalisant diverses mesures sur le glacier lui-même, les chercheurs ont établi que cela n’était pas dû à l’inclinaison de sa pente, très faible, ni aux vents dominants ou son exposition à la lumière solaire. Ce qui indique qu’une mystérieuse force, que de futures recherches viseront à identifier, dirige ce troupeau de mousses vers sa prochaine destination.

« Nous ne pourrions pas expliquer la direction du mouvement des boules de mousse en considérant la surface physique du glacier, c’est-à-dire sa pente, l’intensité de l’ablation de la glace ou les modèles de rayonnement solaire. Il semble qu’une force externe encore inconnue influence le mouvement des boules de mousse sur le glacier Root », concluent les auteurs de l’étude.

— Fernando Cabrejos / Shutterstock;com

Par Yann Contegat, le

Source: Science Alert

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