L’entreprise américaine spécialisée dans les biotechnologies agricoles aurait fait signer des études sur le glyphosate, classé « cancérogène probable », par des employés sous la fausse signature de scientifiques, révèle Le Monde ce jeudi 5 octobre. Récit de ce qu’on appelle déjà l’affaire « Monsanto Papers ».

 

Un problème d’éthique « extrêmement grave »

Le Roundup, célèbre pesticide qui contient du glyphosate, une molécule a priori cancérigène rapporte depuis sa commercialisation en 1975 des millions à l’entreprise qui l’a créé, le géant controversé de l’agroalimentaire Monsanto.

Il faut savoir que pour autoriser ou refuser la mise sur le marché d’une molécule, les autorités sanitaires, européennes ou internationales, se fondent sur des études publiées par des experts « indépendants ». Dans cette histoire, Monsanto aurait, en 2015, rémunéré des scientifiques, pourtant indépendants, pour produire, sous leur nom, des expertises écrites par des employés de l’entreprise. Cette pratique est bien évidemment considérée, par le milieu scientifique, comme une faute grave.

 

 

Du « ghost writing »

Cette technique permet d’orienter, tout en laissant croire qu’il existe une vraie controverse, les articles scientifiques dans le sens désiré par la société. Cette pratique apporte une « crédibilité » à la thèse de la non nocivité du produit afin d’influencer les autorités.

L’échec de l’expertise, c’est-à-dire l’incapacité à établir les faits en toute indépendance, a conduit la réglementation européenne sur les perturbateurs endocriniens à une confusion similaire. Après des années de batailles et de débats, le Parlement européen s’est prononcé, mercredi 4 octobre, contre les mesures de la Commission visant à encadrer les perturbateurs endocriniens.

Les auteurs de cette enquête, dévoilée par le journal Le Monde,  pensent « qu’il est inadmissible que des géants industriels, qu’ils s’appellent Monsanto ou Volkswagen, manipulent l’information au détriment de la santé publique. Il est impératif que les acteurs politiques s’emparent de la question de la nécessité de l’expertise scientifique indépendante et des moyens de la garantir. ». Le constat est là, l’information est arrivée entre leurs mains, reste à voir s’ils sauront, s’ils oseront agir face à ces multinationales.

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