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Les soignants se font agresser physiquement au Mexique, accusés de répandre le Covid-19

Ceux qui risquent leur vie pour protéger la population se retrouvent doublement exposés au danger

Alors que les soignants sont acclamés aux fenêtres dans de nombreux pays afin de les soutenir dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19, l’attitude à leur encontre au Mexique est particulièrement hostile. Avec la multiplication jour après jour des cas de coronavirus dans ce pays, les agressions physiques et verbales envers les soignants se multiplient. Nombreux sont ceux qui les accusent d’avoir attrapé le virus et qui craignent donc d’être contaminés.

Une multiplication des agressions envers les soignants au Mexique

Au Mexique, depuis le début de l’épidémie de coronavirus, le nombre d’agressions envers les soignants, notamment dans les transports en commun, est en forte hausse. Dans la ville de Mexico, des bus leur sont d’ailleurs dédiés afin de les protéger.

Une infirmière de Mexico a raconté qu’un chauffeur de minibus a refusé qu’elle monte à bord. « Il m’a dit non. Je suis montée quand même. Il m’a demandé si je m’étais lavé les mains. J’étais surprise. A ce moment-là, j’ai éternué. Les gens m’ont regardée, encore plus paniqués. Tout ça parce que j’étais habillée en infirmière…« . « La consigne du ministère est de ne pas sortir dans la rue en tenue de travail. C’est fou d’être obligée de se cacher. Je n’ai jamais vu ça en vingt ans de carrière !« , a également rapporté une infirmière ayant été obligée de ranger sa blouse avant de monter à bord d’un bus. Par ailleurs, devant l’hôpital général de Mexico, la police surveille assidûment les entrées.

Depuis maintenant un mois, trente-cinq soignants ont porté plainte pour agression auprès du Conseil mexicain contre les discriminations (Conapred). De plus en plus de témoignages émergent également sur la toile depuis le 30 mars dernier, lorsque le gouvernement a lancé l’alerte sanitaire. Le 31 mars, une centaine de citoyens de la ville d’Axochiapan, située dans l’État de Morelos, ont menacé d’incendier un hôpital devant accueillir des malades du coronavirus venus d’autres régions. Le cas de Daniel Lopez Regalado dans l’État de Oaxaca a également fait beaucoup de bruit sur les réseaux sociaux. Ce fonctionnaire a effectivement craché à la figure d’infirmières après avoir appris qu’il avait attrapé le coronavirus. Il a finalement été renvoyé de l’hôpital. L’infirmière Paulina Solorio, de l’État de Tabasco, dans l’ouest du pays, a reçu du chlore sur sa tenue. Sandra Aleman, une de ses collègues, a quant à elle eu un doigt fracturé à San Luis Potosi après s’être disputée avec une mère qui l’accusait d' »avoir le Covid« . En outre, certains voisins de soignants leur interdisent d’utiliser certaines zones de leur immeuble.

« C’est alarmant que des personnes canalisent leurs frayeurs et leur colère sur le personnel qui les protège« , a alerté Hugo Lopez-Gatell, vice-ministre de la Santé. Certains experts ont également expliqué que la pandémie de coronavirus a réveillé chez certaines personnes la crainte d’un « ennemi invisible« .

Face à cette situation, les soignants ont manifesté devant les hôpitaux du pays en brandissant des pancartes : « Ne nous rejetez pas, nous ne discriminons pas les malades » ; « Sans nous, moins de gens survivront« . Des conditions de vie des plus alarmantes pour ces soignants qui sont déjà en première ligne de ce combat.

— Coolpicture / Shutterstock.com

Une période critique annoncée

D’après des données publiées le 15 avril dernier par l’Institut mexicain de la sécurité sociale (IMSS), 9 % des individus touchés, sur 5 847 cas dans le cadre de l’enquête, font partie du personnel soignant, soit 535 personnes. Par ailleurs, les soignants manquent cruellement de matériel de protection et plusieurs foyers de contamination ont été détectés dans des hôpitaux de l’IMSS à Mexico et en province.

Le 23 avril dernier, la presse mexicaine a de surcroît annoncé la mort du directeur d’un hôpital de l’IMSS situé à Monclova, dans l’État de Coahuila, au nord. Il s’agit du cinquième médecin décédé du Covid-19 dans un centre de l’IMSS depuis le 28 février dernier, en dehors des autres institutions de santé. En outre, à Mexico, seulement 77 des 526 lits en soins intensifs sont disponibles et une période critique est annoncée pour le début du mois de mai.

« Nous serons prêts pour la période critique« , a alors rapporté Andres Manuel Lopez Obrador, président de gauche. 15 millions de masques viennent également d’arriver à Mexico depuis la Chine et un plan de reconversion des hôpitaux a été lancé. Le président a ajouté que le gouvernement disposera de 13 000 ventilateurs, contre 5 000 actuellement. Les hôpitaux manquant de personnel, le gouvernement a annoncé qu’il embauchera 45 000 médecins et infirmières d’ici les neuf prochains mois. Une campagne de recrutement a été lancée.

« Nous pouvons sauver vos vies, mais nous avons besoin que vous nous protégiez »

Même si les risques de contagion sont très élevés, les soignants continuent de se battre pour sauver les malades du Covid-19. Afin d’éviter une hécatombe, 4 000 médecins généralistes et infirmières ont été embauchés dans les hôpitaux publics. Face aux agressions qu’ils subissent, nombreux sont ceux qui se sont levés pour féliciter le courage des soignants.

« Nous pouvons sauver vos vies, mais nous avons besoin que vous nous protégiez. Respectez-nous !« , a d’ailleurs rapporté Fabiana Maribel Zepeda, responsable des infirmières de l’IMSS, à l’occasion d’une conférence quotidienne donnée par le gouvernement au sujet de l’évolution de la pandémie de Covid-19.

Par Cécile Breton, le

Source: Le Monde

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