Faire le ménage au quotidien, aussi dangereux pour la santé que de fumer un paquet de cigarettes par jour ? Une enquête scientifique récente suggère que l’exposition régulière à certains agents chimiques, contenus dans la plupart des produits de nettoyages, causerait potentiellement une dégradation des fonctions respiratoires équivalente à une consommation quotidienne de tabac.

 

L’ETENDUE DU RISQUE

Les résultats de cette étude, publiée en mai dernier dans l’American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, nous proviennent d’une enquête européenne de l’ECHR (European Community Respiratory Health Survey) conduite sur un large échantillon de population – 6 235 participants au total – au cours des 20 dernières années. Et le constat est inquiétant. Les risques étaient bien connus sur le court terme, en revanche, cette étude tend à montrer que, sur le long terme, les risques d’asthme et de déficience respiratoire sont accrus, et plus particulièrement chez les femmes. En effet, seulement 46 % des hommes interrogés ont déclaré pratiquer une activité ménagère contre 85 % des femmes ; également chez les agents d’entretien, où les femmes demeurent plus nombreuses que les hommes.

A titre de comparaison, l’exposition quotidienne aux agents chimiques contenus dans ces produits de nettoyage équivaudrait (notamment chez les professionnels) aux effets causés par la consommation d’un paquet de cigarettes par jour, et ce pendant 20 ans ! Pas besoin donc d’être fumeur pour en subir les dommages. En effet, le déclin des fonctions pulmonaires s’expliquerait ici par la détérioration des voies respiratoires provoquée par l’inhalation, voire l’ingestion, des particules dégagées par ces agents qui s’avèrent donc très nocives, sur le long terme, pour le système respiratoire d’un individu normalement constitué.

 

UN FAIT QUI NE TOUCHERAIT QUE LES FEMMES ?

Chose étonnante, les hommes semblent, à première vue, être moins touchés par les conclusions de cette étude. Cependant, ce n’est pas un fait clairement établi. Tout d’abord, le nombre d’hommes ayant participé à l’étude n’est pas suffisant pour pouvoir clairement affirmer que ces derniers seraient moins sensibles que les femmes au contact de ces produits. Deuxièmement, les hommes ayant participé à l’enquête ont également pu rencontrer des risques similaires dans des activités extra-ménagères, par exemple sur leurs lieux de travail, mais aussi par d’autres facteurs non nécessairement pris en compte dans l’étude, tel que l’éducation, la masse corporelle, etc. Enfin, les chercheurs émettent l’hypothèse que certains agents chimiques pourraient, comme certaines propriétés du tabac, avoir plus d’effet sur les femmes que sur les hommes.

Quoi qu’il en soit, le risque de voir s’accélérer la détérioration de la fonction pulmonaire qui intervient naturellement avec l’âge est indéniable. Les études de l’ECHR sur la question devraient ainsi se poursuivre ces prochaines années. Finalement, santé et ménage… ne font pas forcément bon ménage.

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