Pionnier du spectacle cinématographique, Georges Méliès a révolutionné le 7e art dès ses débuts. En ajoutant l’illusion à ses longs métrages, il a ouvert la voie vers des mondes imaginaires et apporté l’art à une industrie naissante. SooGeek vous présente ce grand homme du cinéma…

Né à Paris en 1861, Méliès est le benjamin d’une famille de riches industriels. Très loin de l’univers familial, le petit Georges s’initie au dessin, à la littérature, à la poésie et met au point ses propres inventions. Au fil du temps, son caractère bien trempé et son originalité seront la source de nombreux conflits au sein de la famille Méliès si bien que son père s’opposera à son souhait d’intégrer les Beaux-Arts et finira par l’envoyer en Angleterre pour qu’il y apprenne la langue. Évidemment, le but de Jean Louis Stanislas Méliès était de faire revenir son fils dans le droit chemin mais les décisions qu’il a prises contribueront à marginaliser son fils un peu plus.

C’est à Londres qu’il découvrira la prestidigitation. David Devant, célèbre illusionniste, le prend sous son aile : en échange de la construction des décors de spectacles, le magicien l’initie à la prestidigitation avant son retour en France. Durant l’année 1888 et après la mort de son père, Méliès investit l’héritage de son père dans l’achat du Théâtre Robert Houdin. Dorénavant directeur du lieu, il peut se produire sur scène en gérant toutes les étapes de création des spectacles : il se charge, entre autres, de la mise en scène, de la création des décors et des costumes. Méliès cumule les titres en devenant en 1891 le fondateur et président de l’Académie de Prestidigitation.

Sa carrière au cinéma débutera 4 ans plus tard lorsqu’il découvre le cinématographe d’Antoine Lumière. Invité à l’une des projections organisées par le père des frères Lumière, Méliès tombe sous le charme de l’appareil qu’il souhaite obtenir à tout prix. Suite au rejet de son offre d’achat et ne se contentant pas d’un refus, Méliès retourne à Londres dans le but de se procurer une machine similaire : le théatographe de Robert William Paul. Réalisateur et producteur, Robert W. Paul s’apprêtait à présenter son invention au public mais précédé par Antoine Lumière, il resta dans son ombre. Il accepta de vendre un de ses appareils à Méliès qui le modifia tellement qu’on lui prêta sa création.

De retour à Paris, l’illusionniste s’entraîne au maniement de son nouvel appareil : il filme des scènes de vie, des paysages et quelques spectacles avant de travailler ses premiers trucages.
De plus en plus longues et travaillées, ses oeuvres font sa renommée. Sans quitter sa caméra, il participe à la création des métiers du cinéma, s’entourant d’acteurs, de scénaristes, de réalisateurs, de producteurs et de décorateurs. Ses projets, de plus en plus importants sont ralentis par les caprices du ciel parisien et c’est dans l’optique de se débarrasser des problèmes qui leur sont liés qu’il crée, en 1897, le tout premier studio de cinéma.

C’est à Montreuil, dans sa propriété, qu’il installe son matériel : il peut désormais se concentrer minutieusement sur son art en contrôlant la lumière et l’ambiance de ses films. Touche à tout, il réalise des sujets d’actualité, des publicités et adapte des oeuvres littéraires et c’est en 1902, fort de son expérience qu’il tourne le film qui le rendra célèbre et le fera entrer dans l’histoire : « Le Voyage dans la Lune ».

Avec cette oeuvre, Georges Méliès crée un genre, celui du cinéma de science-fiction et du fantastique. « Le Voyage dans la Lune », inspiré d’oeuvres de Jules Verne et de H.G. Wells, raconte l’histoire du professeur d’astronomie Barbenfouillis alors qu’il organise le premier voyage dans l’espace. L’expédition est une réussite, tout comme le film qui inspirera un grand nombre de réalisateurs par ses techniques de production.

Construits de bois, de carton, de terre et de toile, les costumes étaient exclusivement peints en noir et blanc, en passant par toutes les nuances de gris. La même technique de colorisation était utilisée pour les objets et les décors. Si ces derniers étaient généralement fixes, Méliès décidait, de temps en temps, de les animer en suivant trois techniques. La première consistait en de simples déroulements verticaux et horizontaux, la seconde, plus complexe, utilisait le mouvement d’objet. Les monstres ou voitures, par exemple, étaient mis en mouvement au moyen de câbles fins, de leviers ou encore de poulies. La troisième technique consistait à tromper la caméra en reproduisant un mouvement de travelling avant, en bougeant les décors. Les décors s’écartaient vers l’extérieur donnant l’impression au spectateur d’entrer dans la scène.

Enfin, Georges Méliès a su jouer avec la caméra, utilisant à plusieurs reprises une technique qu’il a lui-même développée : le truc par substitution (ou truc à l’arrêt). Un jour, alors qu’il filmait la place de l’Opéra, son appareil se bloqua et une minute fut nécessaire pour le remettre en route. Durant ce laps de temps, les passants et véhicules avaient changé de place. Au moment de la projection du film, Méliès aperçut un bus se changer en corbillard et les hommes se transformer en femmes. Réalisant l’intérêt que cela pouvait avoir sur ses oeuvres, il intégra cette technique qui consistait à supprimer un passage de la bande sur un plan fixe, à son film. Il inventa de nombreux autres effets en jouant sur la lumière, sur sa caméra, sur les décors prouvant, à de nombreuses reprises, ses talents d’illusionniste.

Si ses films sont un succès et apportent la célébrité à son créateur et ses acteurs, leur commercialisation est catastrophique. En effet, des copies illégales pullulent, notamment aux États-unis, sans apporter le moindre revenu à Méliès. Dans le but de contrôler la diffusion de ses films, il crée une succursale sur le territoire américain mais, attristé par la soudaine mort de sa femme, cesse toute création. Son dernier gagne-pain, le Théâtre Robert Houdin, jusque-là toujours en activité, ferme par arrêté de police en 1914 durant la Première Guerre mondiale. Ruiné, il mettra le feu à une grande partie de son oeuvre avant de revendre sa propriété de Montreuil, pressé par ses créanciers.

Malgré ses malheurs, Méliès retrouvera l’amour auprès d’une de ses actrices. En 1925, il épousera Jeanne d’Alcy, avec laquelle il ouvrira un magasin de jouets et de confiseries.
Enfin, il verra naître toute une nouvelle génération de réalisateurs et d’artistes inspirés et fascinés par son travail. La fin de sa vie sera marquée par la reconnaissance de ses pairs, invité à différents galas il sera décoré de la Légion d’Honneur en 1931. S’il repose aujourd’hui au cimetière du père Lachaise, son travail continue de vivre grâce aux nombreux passionnés qui cherchent encore à reconstituer l’ensemble de son oeuvre et à lui rendre hommage.

Évidemment, ces innovations en matière de cinéma semblent simplistes mais il ne faut pas oublier qu’elles sont les ancêtres du spectacle que sont les effets spéciaux modernes. Georges Méliès a révolutionné le cinéma du 19e siècle lui permettant d’évoluer vers celui que nous connaissons aujourd’hui, et ce, grâce à plus de 600 courts métrages. Il reste un maître dans son domaine et ses films des oeuvres d’art : lequel avez-vous préféré ?

Par , le 17 novembre 2015
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