La Terre est rentrée dans une nouvelle ère géologique. En tout cas, c’est ce qu’a déclaré la Commission internationale de stratigraphie (CIS), qui a subdivisé l’Holocène, période géologique qui durait depuis 11 700 ans, en trois sous-parties. Ainsi, nous nous trouverions actuellement dans la dernière période de l’Holocène appelée le Meghalayen, qui durerait depuis 4 200 ans. Mais sur quels facteurs de décision la Commission s’est-elle basée ?

UN FACTEUR CLIMATIQUE

Le début de l’Holocène est marqué par la fin de la dernière grande glaciation et l’apparition d’un climat plus tempéré. Les facteurs de subdivision de l’Holocène sont donc des facteurs avant tout climatiques : il y a eu le Greenlandien (de 11 700 à 8 200 ans avant le présent) le Nordgrippien (de 8 200 à 4 200 ans), et le Meghalayen qui signe le début d’une période de sécheresse ayant mis en péril un certain nombre de civilisations, notamment méditerranéennes.

Pour attester cela, les scientifiques se sont basés sur la composition chimique d’une stalagmite du nord de l’Inde : ils y ont constaté une modification des atomes d’oxygène témoignant d’une baisse considérable des pluies de moussons dans la région, signe d’un changement climatique global. Selon le Dr. Stanley Finney, professeur de sciences géologiques à l’Université d’État de Californie, « l‘ère méghalayenne est unique parmi les nombreux intervalles de temps géologique car elle débute par cet événement climatique à l’origine d’un mouvement de population mondial ». Mais cette subdivision est loin de faire l’unanimité.

UNE DÉCISION QUI FAIT DÉBAT CHEZ LES SCIENTIFIQUES 

Certains scientifiques contestent cette décision de la CIS, que certains jugent trop hâtive et pas suffisamment concertée. D’autres affirment que les événements choisis pour établir la transition géologique vers le Meghalayen ne revêtent qu’un caractère local, contrairement aux rapports de la Commission internationale de stratigraphie qui affirment avoir retrouvé des traces de ce changement climatique en dehors du continent indien.

De plus, les géologues ne sont pas arrivés à se mettre d’accord sur la question de la fin de l’Holocène : pour beaucoup, celle-ci aurait été relayée par l’Anthropocène à la fin du 18e siècle au moment de la révolution industrielle, marquant le début d’une nouvelle ère géologique dans laquelle les activités humaines affectent l’ensemble de l’écosystème. Bien que celle-ci soit globalement reconnue, la CIS n’a pas publié de rapport officiel sur la question et par conséquent, nous sommes encore officiellement dans l’ère du Meghalayen. A vrai dire, « le terme « Anthropocène » a plus de sens d’un point de vue sociologique que d’un point de vue géologique (…) », selon l’Union internationale des sciences géologiques. Ainsi, bien que tous les signaux indiquent que nous nous trouvons plus que jamais dans l’Anthropocène, il faudra attendre un rapport géologique officiel pour pouvoir conforter cette hypothèse.

L’île Wizard, dans l’Oregon, datant de l’Holocène
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