Spécialisée dans la fabrication de substances psychédéliques à des fins thérapeutiques, la société pharmaceutique MindMed vient de déposer une demande de brevet pour un composé destiné à stopper les effets liés à la prise de LSD.

« Nous ne sommes qu’à l’aube de plusieurs découvertes majeures »

Quelques semaines après avoir annoncé la signature d’un contrat exclusif de plusieurs années avec le Liechti Lab, la société pharmaceutique MindMed a indiqué avoir déposé une demande de brevet pour « un procédé de neutralisation destiné à raccourcir et à stopper les effets d’une prise de LSD dans un cadre thérapeutique ». Agissant comme un véritable « interrupteur », ce composé vise à rendre les séances de thérapie impliquant la prise de substances psychédéliques plus sûres, en permettant aux professionnels de santé les encadrant de faire revenir rapidement leurs patients à la réalité si ceux-ci venaient à éprouver un inconfort.

« Nous ne sommes qu’à l’aube de plusieurs découvertes majeures ayant le potentiel de faire progresser l’utilisation des psychédéliques à des fins thérapeutiques », a notamment expliqué JR Rahn, co-dirigeant de MindMed.

Si Matthias Liechti, à la tête du laboratoire du même nom, a expliqué que les recherches étaient toujours en cours, et qu’il était de ce fait compliqué de fournir un aperçu précis du fonctionnement de ce nouveau composé, le chercheur à toutefois déclaré que le programme consistait à « explorer l’utilisation d’une gamme de composés permettant de traiter les expériences négatives aiguës liées à une prise d’hallucinogènes, afin de rendre leur utilisation clinique plus sûre ».

« Classiquement, ces traitements comprenaient les benzodiazépines ou l’halopéridol, tandis que la kétansérine avait été utilisée jusqu’à présent pour étudier le mécanisme d’action des substances psychédéliques », a par ailleurs précisé le scientifique.

— MAYUR HANDE / Shutterstock.com

Faire progresser l’utilisation des psychédéliques à des fins thérapeutiques

Composé récemment employé par des chercheurs spécialisés dans l’étude des psychédéliques, au cours de travaux visant à bloquer les effets subjectifs et neuronaux liés à la prise de LSD, la kétansérine, utilisée cliniquement comme antihypertenseur, est censée perturber les effets du LSD en bloquant les récepteurs sérotoninergiques 2A dans le cerveau. Si Liechti n’a pas précisé si ce nouveau composé bloquait les effets du LSD de façon similaire, il a toutefois donné un aperçu des objectifs globaux de ces nouveaux travaux.

« Ce nouveau concept consiste à réduire la durée d’action ainsi que l’intensité des effets de la prise d’un psychédélique à fortes doses, notamment en cas d’attaques de panique », ajoute Liechti. « La rapidité de l’effet dépendra des spécificités de la formulation actuellement testée et développée. »

MindMed affirme que le développement d’un composé efficace pour neutraliser les effets subjectifs du LSD, pouvant durer huit à douze heures, rendrait non seulement les thérapies actuelles beaucoup plus sûres mais ouvrirait également la voie à des utilisations cliniques plus larges pour la substance.

Parallèlement à ces travaux, MindMed et le Liechti Lab mènent actuellement un essai de phase 2 visant à évaluer l’efficacité du LSD à forte dose pour traiter l’anxiété. Un second essai, visant cette fois à tester des microdoses de LSD pour traiter le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez l’adulte, est également prévu.

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