On a souvent pensé que le cerveau humain arrivait à maturité à 25 ans, ce qui nous rendait plus aptes à la logique et moins sensibles au changement. Mais les études récentes montrent que le développement cérébral est plus nuancé et diversifié.
Le rôle du cortex préfrontal dans les fonctions cognitives
Le cortex préfrontal est une région du cerveau située dans le lobe frontal. Il est responsable du contrôle cognitif et de l’inhibition. Il nous aide à accomplir des tâches qui font appel à l’apprentissage, à la concentration et à la mémoire. C’est ce qu’on appelle la “partie rationnelle” du cerveau.
Un article de 2013 affirme que le développement du cortex préfrontal n’est pas terminé avant environ 25 ans. Cette affirmation s’appuie sur une étude menée par les National Institutes of Health au début des années 2000, qui a utilisé l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour mesurer le volume de cette zone du cerveau chez 2 000 personnes âgées de 4 à 26 ans.
L’étude a montré que le cortex préfrontal dorso-latéral atteignait sa maturité à 25 ans en moyenne, avec une variation d’un an ou deux selon les individus et le sexe. Le Dr Jay Giedd, responsable de l’étude, a déclaré en 2004 : “Nous pensions suivre les jeunes jusqu’à leurs 18 ou 20 ans. Mais si nous devions choisir aujourd’hui, nous choisirions probablement 25 ans.”
Le volume du cerveau : un critère parmi d’autres
Le volume du cerveau est un critère morphologique qui peut être mesuré par l’IRM. Mais il n’est pas le seul critère du développement cérébral. Il existe d’autres critères, comme la densité des neurones, la myélinisation des axones ou la connectivité des réseaux neuronaux.
Ces critères peuvent varier selon les régions du cerveau et les individus. Ils peuvent aussi évoluer tout au long de la vie, en fonction de l’âge, de l’environnement ou de l’expérience.
Une étude publiée en 2022 dans la revue Nature a analysé les volumes de différents tissus cérébraux chez 101 457 participants âgés de 115 jours après la conception à 100 ans. Les chercheurs ont constaté que la plupart des critères morphologiques atteignaient leur maximum très tôt dans le développement, souvent même avant l’âge de six ans.
Mais ils ont aussi observé que des changements se produisaient encore après cette période, et que la variabilité individuelle était la plus forte dans la jeunesse et au début de l’âge adulte. Richard Bethlehem, de l’université de Cambridge, et Jakob Seidlitz, de l’université de Pennsylvanie et de l’hôpital pour enfants de Philadelphie, coauteurs de l’étude, ont déclaré : “Nous avons une idée générale de la taille du cerveau humain, mais nous n’avons jamais pu la mesurer avec autant de précision et à une telle échelle tout au long de la vie.”
La maturation du cerveau : un concept relatif
La notion de maturation du cerveau est relative à la définition qu’on lui donne. On peut considérer qu’un cerveau est mature quand il atteint son volume maximal, quand il acquiert ses capacités cognitives ou quand il devient plus stable et moins plastique.
Mais ces définitions ne sont pas universelles ni immuables. Elles dépendent aussi du contexte culturel, social ou historique. Par exemple, on peut se demander si le cerveau d’un enfant qui apprend à lire à six ans est plus mature que celui d’un enfant qui apprend à chasser à six ans.
De plus, la maturation du cerveau n’est pas forcément liée au développement cognitif. Il n’existe pas de lien direct et concluant entre les changements cérébraux et le comportement, comme l’ont souligné le Dr Giedd et les critiques des études d’imagerie cérébrale.
Le cerveau est un organe dynamique et adaptable, qui continue d’évoluer après la vingtaine. La vingtaine n’est pas un chiffre arbitraire, car c’est à cet âge que plusieurs régions du cerveau ont atteint leur volume maximal. Mais cela ne signifie pas que le cerveau devient figé et immuable.
Les auteurs Bethlehem et Seidlitz estiment que cela ne signifie pas que le cerveau perd sa capacité d’adaptation ou qu’il ne peut pas fonctionner à un niveau élevé avant cet âge. Ils ajoutent que la façon dont ces trajectoires de maturation des différents systèmes et caractéristiques du cerveau sont liées au développement cognitif n’est pas entièrement élucidée.