Thylacosmilus atrox
Thylacosmilus atrox — © Jorge Blanco

En dépit de ses yeux aussi espacés que ceux d’une vache, le marsupial à dents de sabre Thylacosmilus atrox était probablement un redoutable prédateur, selon de récentes analyses.

Un physique atypique

Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Communications Biology, une équipe de paléontologues a examiné les tomodensitogrammes des crânes de trois spécimens de T. atrox, mammifères carnivores pesant une centaine de kilos qui évoluaient en Amérique du Sud il y a 9 à 3 millions d’années environ.

L’équipe a découvert que leur anatomie crânienne se distinguait de celle d’autres carnivores modernes, tels que les chiens et les chats, dont les yeux sont davantage orientés vers l’avant pour les aider à suivre leurs proies.

« Les orbites des carnivores sont généralement très convergentes », explique Charlène Gaillard, auteure principale de l’étude. Une caractéristique leur conférant une bonne perception de la profondeur, en raison du chevauchement des champs de vision gauche et droit.

Thylacosmilus atrox crâne
Illustration du crâne de Thylacosmilus atrox — © Jorge Blanco

Étrangement, la configuration de ce prédateur à dents de sabre correspondait davantage à celle des herbivores tels que les vaches et les chevaux, qui voient le monde en deux dimensions, ce qui a amené les scientifiques à se demander comment cet hypercarnivore, dont le régime alimentaire était composé à au moins 70 % de viande, percevait son environnement.

Compensation visuelle

Après avoir examiné les scanners, les chercheurs ont découvert que la créature était capable de compenser le positionnement étrange de ses yeux en écartant ses orbites et en les orientant verticalement, ce qui lui permettait d’obtenir un chevauchement du champ visuel de 70 degrés, similaire à celui d’un chat et suffisant pour en faire un prédateur efficace.

Selon l’équipe, la configuration oculaire atypique de T. atrox était étroitement liée à ses gigantesques canines, qui grandissaient tout au long de sa vie et dont les racines s’enfonçaient profondément dans son crâne.

L’animal étant un prédateur embusqué, la fonction exacte de ces dents surdimensionnées reste discutée, mais il est probable qu’il les utilisait pour dépecer ses proies.

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