Il y a 3 milliards d’années, la planète Mars abritait des lacs, des rivières, des courants et même des étangs… Mais comment la planète rouge a-t-elle pu contenir autant d’eau ?

Mars, une planète froide et rugueuse

Aujourd’hui, Mars est une planète sèche et froide. Mais ça n’a pas toujours été le cas. La planète rouge a en effet connu plusieurs époques. La première, dans les années suivant sa naissance, s’appelait le Noachien. Elle était alors couverte de glace. Et pourtant, c’est durant celle-ci que de nombreuses étendues d’eau abondaient. C’est ce qu’ont prouvé les multiples robots que nous avons envoyés au fil des années. Le Curiosity Rover a en effet découvert des vallées et des creux formés par de l’eau liquide.

Cette période date d’il y a plus de 3 milliards d’années. Récemment, l’on s’extasiait devant quelques particules d’eau trouvées. Mais la planète rouge a un potentiel incroyable. L’étude, publiée dans le journal Nature Geosciences, démontre en effet que de l’eau coulait malgré la période glacière de la planète. Un scientifique de la NASA, Kevin Zahnle, déclare à The Verge : « C’est un paradoxe non résolu de Mars. D’un côté, certaines personnes déclarent que la planète était plus chaude et plus humide. De l’autre, personne ne sait comment elle a pu être plus chaude et plus humide ».

Voilà ce à quoi Mars aurait pu ressembler il y a 3 millions d’années. / Wikipedia – Ittiz

Le méthane mis en cause

L’une des thèses de ce processus étonnant, c’est l’éruption volcanique des volcans de Mars. Le volcanisme, comme on l’appelle, est une explosion massive de l’ensemble des montagnes de feu, permettant à la lave de réchauffer la glace de la planète. Mais les experts de l’étude récemment publiée n’y croient pas : les éruptions volcaniques ne peuvent pas produire un réchauffement climatique de plusieurs milliers d’années. Quant aux astéroïdes, ils auraient mis encore plus de temps pour réchauffer la glace – seconde thèse écartée.

L’étude retient la thèse du méthane. Sur Terre, le méthane est produit par tout être organique qui meurt. Il est en effet issu de la fermentation de matières animales ou végétales en l’absence d’oxygène. Il se forme également dans l’estomac et dans le tube digestif de nombreux êtres vivants, comme les herbivores. Edwin Kite, scientifique à l’Université de Chicago et principal auteur de l’étude, s’intéresse non pas au méthane terrestre, mais au méthane de Mars : il serait produit par la réaction chimique entre les rochers et l’eau situés loin sous la croûte martienne.

L’éruption des volcans est une des thèses de la fonte des glaces sur Mars.

Mais comment le méthane martien peut-il réchauffer l’atmosphère ?

Le méthane est un puissant gaz à effet de serre. Il contribue donc au réchauffement climatique et a des effets 25 fois supérieurs au dioxyde de carbone. Pour qu’il soit relâché dans l’atmosphère martienne, le méthane aurait dû passer à travers les couches de glace à la surface de la planète. Comment a-t-il pu donc atteindre l’air s’il était emprisonné sous le froid ? Il a fallu que la glace fonde.

LE MÉTHANE EST UN PUISSANT GAZ À EFFET DE SERRE, 25 FOIS PLUS PUISSANT QUE LE DIOXYDE DE CARBONE

La rotation de la Terre est régulée par la Lune, son satellite naturel. Mars, quant à elle, ne dispose pas de satellites suffisamment gros pour contrôler son mouvement. Si chez nous, l’été dure 3 mois sur une certaine partie du globe, ce n’est pas forcément le cas sur Mars, chez qui le Soleil tape irrégulièrement. Ainsi, la thèse avancée dans l’étude, c’est que le Soleil a fait fondre la glace durant des milliers d’années, permettant au méthane de surgir des profondeurs de la planète.

Le soleil a pu réchauffer la glace de Mars, libérant ainsi le méthane.

Un phénomène également terrestre

Sur Terre, ce phénomène a un nom : le relargage du méthane. En Arctique, le phénomène inquiète car le réchauffement climatique fait fondre les glaciers qui contiennent du méthane. Qu’en sera-t-il quand tout le gaz à effet de serre sera relâché dans l’atmosphère ?

Devant la crédibilité de son étude, Edwin Kite nuance. L’auteur principal affirme que son étude se fonde uniquement sur des calculs numériques et la modélisation par ordinateur. Il indique : « C’est la plus grande faiblesse de notre étude. Toutes nos preuves sont indirectes » et nécessitent donc un ensemble de facteurs extérieurs. Mais n’oublions pas que le phénomène a une résonance sur Terre…

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