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Au Maghreb, l’homosexualité est perçue comme un tabou et la situation des personnes LGBTQIA+ est dramatique. Depuis toujours, ils font face à des persécutions, de véritables chasses aux sorcières qui les empêchent de vivre comme ils l’entendent. L’Algérie, le Maroc ou la Tunisie punissent notamment de trois ans d’emprisonnement tout “acte licencieux ou contre nature avec un individu du même sexe”. Bien évidemment, le mariage et l’adoption sont interdits, et ils ne bénéficient d’aucune protection en cas de discrimination. Mais au Maroc, la haine franchit depuis quelques jours un nouveau pas : les communautés LGBT sont victimes d’une haine jamais égalée, et leurs membres sont ciblés sur les réseaux sociaux.

DES PERSONNES OUTÉES SANS LEUR CONSENTEMENT

C’est un véritable scandale qui se déroule au Maroc en ce jour : les communautés LGBTQIA+, depuis toujours victimes de discriminations, font de plus en ce moment face à une véritable “chasse aux sorcières”, pour reprendre les mots d’associations luttant contre l’homophobie au Maroc. Une soixantaine de noms, avec leurs photos mais également parfois les adresses et les numéros de téléphone ont été divulgués sur les réseaux sociaux, mettant en péril la sécurité des personnes concernées. Des “outing”, signifiant “révéler l’orientation d’une personne non hétérosexuelle sans son consentement”. Les données auraient été récupérées via des sites de rencontre.

Selon la presse marocaine, les premiers outing auraient pour origine les publications de Sofia Taloni, une influenceuse transgenre marocaine vivant en Turquie, suivie par plus de 500 000 personnes, qui aurait révélé l’identité de nombreux membres de la communauté LGBTQIA+ marocaine. La violence de ces outing a engendré un véritable déferlement de haine aux conséquences parfois dramatiques. De nombreuses personnes auraient reçu des messages homophobes, certaines ont été virées de chez elles par leur famille ou ont été victimes de violences physiques de la part de leurs proches. Des cas de suicide auraient même été recensés, mais restent à confirmer.

Lors d’un live Instagram, elle aurait incité ses abonnés à “démasquer” les homosexuels en révélant leur identité et en publiant leurs photos personnelles. “Je souhaite que ceux qui se cachent derrière des barbes alors qu’ils sont gays soient démasqués.[…] À toutes les femmes voilées qui disent ‘mon mari n’a pas d’égal’, les mamans qui insultent les loubias [terme péjoratif pour désigner une personne homosexuelle], c’est l’occasion de découvrir l’orientation sexuelle de vos hommes”, avait-elle déclaré.

UN ROYAUME PROFONDÉMENT HOMOPHOBE

Les associations de défense et de lutte contre l’homophobie au Maroc ont réagi en bloc et ont dénoncé ce qu’elles appellent une « chasse aux sorcières » à l’égard de la communauté LGBTQIA+, et ont fait appel aux autorités. Malheureusement, cette entreprise s’est avérée vaine. R.N, membre d’une association à Casablanca, témoigne sous anonymat et déclare que « certains ont voulu déposer des plaintes, mais se sont heurtés à l’hostilité de la police ». De son côté, elle s’implique en participant à un réseau de collecte de données des outés et de leurs délateurs. 

Le Maroc ne réagit pas face à cette situation. Malheureusement et depuis toujours, la communauté LGBTQIA+ n’y est pas protégée, et elle n’est pas une priorité. Rappelons qu’au Maroc, l’article 489 interdit tout « acte licencieux ou contre nature avec un individu du même sexe ». L’homosexualité est donc illégale et sanctionnable de 6 mois à 3 ans d’emprisonnement et d’une amende de 120 à 1 200 dirhams. Pour beaucoup de personnes, elle y reste immorale. La majorité des Marocains refusent encore de changer la loi. Les couples homosexuels n’y sont pas reconnus, ils n’ont pas le droit d’adopter et n’ont pas droit au service militaire.

Depuis 1956, plus de 5 000 homosexuels, en majorité des hommes, auraient été condamnés “en vertu” de l’article 489. Rien qu’en 2018, un total de 170 personnes ont été condamnées, selon les chiffres officiels. 

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Schaller
Schaller
3 années

Laisser ces gens là tranquilles ils ne vous demande rien que vivre regarder ailleurs c’est simple occupez vous de vous c’est déjà pas mal

moi
moi
3 années

Les lois locales étant claires, il y a d’autres pays sur terre qui vous accepteraient, donc le choix est simple