Sans que les scientifiques ne le sachent, l’une des plus grandes colonies de manchots Adélie de la planète vivait cachée dans un recoin du globe difficile d’accès. Des chercheurs l’ont découverte en observant des images satellites prise au-dessus de l’Antarctique. Une nouvelle rassurante d’autant que l’espèce est en danger d’extinction. 

LA COLONIE REPÉRÉE GRÂCE AUX EXCRÉMENTS

Si les chercheurs savaient déjà que d’importantes colonies de manchots Adélie vivaient sur les îles voisines du continent de glace, ils étaient loin de se douter qu’une super-colonie encore méconnue était toute proche. Sur les Danger Islands, ensemble d’îles situé au nord de la péninsule antarctique, les chercheurs ont découvert plus d’1,5 million d’individus. Une découverte incroyable qui a été rendue possible grâce à un satellite et une importante quantité de guano (les excréments des oiseaux).

Afin de repérer de possibles sites abritant l’espèce, les scientifiques de l’Université d’Oxford ont fait appel au satellite Landsat. Même si celui-ci ne produit pas d’images en haute définition, il a toutefois repéré une grande quantité de guano sur les Danger Islands.

Cette découverte, que les chercheurs ne croyaient pas dans un premier temps, a été  confirmée et faits le bonheur des spécialistes. Heather Lynch de l’Université Stony Brook a déclaré que « ce sont là quelques-unes des plus grandes colonies de manchots Adélie du monde, et cela va valoir la peine d’envoyer une expédition pour les dénombrer correctement ».

UN COMPTAGE DIFFICILE A RÉALISER 

En 2015, des chercheurs ont monté une expédition afin de recenser combien de manchots Adélie vivaient sur cette portion de terre inexplorée. Mais les Danger Islands s’appellent ainsi pour une bonne raison : il est très difficile de s’y rendre, même pendant l’été austral. Une glace très épaisse entoure ce groupe d’îles et même les navigateurs chevronnés font tout pour éviter cette zone. Néanmoins, les chercheurs ont pu s’y rendre et ils ont fait appel à la technologie pour compter les manchots.

Plusieurs drones ont survolé les sites de nidifications des manchots Adélie en réalisant des photos toutes les secondes. Les images obtenues ont ensuite été assemblées entre elles pour former de gigantesques mosaïques. Puis un logiciel de comptage a été utilisé pour compter avec précision le nombre d’animaux présents. Au total, le logiciel a compté 751 527 paires de manchots Adélie, soit plus d’1,5 million d’individus parmi lesquels se trouvent les troisièmes et quatrièmes plus grandes colonies au monde.

ASSURER LA PROTECTION DE L’ESPÈCE

Un tel chiffre a déjà de quoi surprendre les spécialistes, mais il est d’autant plus important car il semble lié à un phénomène inattendu. Les Danger Islands semblent avoir été épargnées par la fonte des glaces. Celles-ci sont en effet l’habitat naturel du krill, petit crustacé indissociable du régime alimentaire du manchot Adélie. Or, comme l’a expliqué Tom Hart, chercheur au département de zoologie d’Oxford, « sur la péninsule ouest de l’Antarctique, les manchots Adélie et les manchots à jugulaire déclinent assez rapidement, tandis que les manchots de Gentoo augmentent. »

Si le réchauffement climatique semble être l’une des causes du déclin des manchots Adélie, il est difficile de dire si elle en est la raison principale. La fonte des glaces permet aux pêcheurs de s’aventurer plus loin, pouvant ainsi nuire aux manchots Adélie. Pour l’heure, les spécialistes mettent tout en œuvre pour préserver cette super-colonie et son habitat naturel. Ils espèrent également dans les années à venir pouvoir faire d’autres découvertes de ce genre grâce à l’imagerie satellite.

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