En 1957, un réservoir du complexe nucléaire de Maïak chargé de plusieurs dizaines de tonnes de déchets explose : l’URSS vient de connaître sa première catastrophe nucléaire, 29 ans avant Tchernobyl. Pour commémorer les 60 ans du tout premier désastre nucléaire, l’ONG Greenpeace s’est rendue sur place pour mener l’enquête. Et ses conclusions sont aussi alarmantes que prévu…
3e place du podium
La catastrophe de Kychtym, survenue au complexe de Maïak dans l’actuelle Russie, est la mère de tous les cataclysmes nucléaires. Le 29 septembre 1957, le système de refroidissement d’un réservoir de l’usine de retraitement, chargé de plusieurs dizaines de tonnes de déchets radioactifs, tombe en panne. La température grimpe en flèche, le réservoir explose : le nuage radioactif s’étend jusqu’à 350 km, contamine durablement 800 km2 et empoisonne l’organisme de 270 000 russes. Sur l’échelle internationale des événements nucléaires (INES), Kychtym est évaluée à 6, à peine un cran en dessous des cataclysmes de Tchernobyl (1986) et Fukushima (2011) tous deux notés 7.
Le régime soviétique a immédiatement instauré le secret défense sur l’accident de Kychtym, laissant les populations vivant à proximité de la centrale dans le désarroi le plus total. Ce n’est qu’une semaine après que le nuage s’est étendu sur toute la région que les premières évacuations ont pu se dérouler… Pendant 19 ans, les autorités soviétiques ont mis un point d’honneur à maintenir secrète la toute première catastrophe nucléaire de notre Histoire. Sans en tirer aucun enseignement : 29 ans après Kychtym en Russie, ce sera Tchernobyl en Ukraine, avec le choc médiatique et les conséquences environnementales et sanitaires qu’on connaît.
Le viol de Mère Nature
Le désastre de Kychtym n’a nullement découragé les milliers de Russes encore installés dans la région. Selon Green Peace Europe centrale et orientale, une douzaine de villages aux alentours de Maïak serait cernée par des quantités astronomiques de radioactivité… Dont la plus grande partie résiderait dans la rivière Techa, principale ressource des habitants pour la pêche, l’agriculture, et l’élevage. Les experts Green Peace ont relevé des traces de strontium dans les poissons de la Techa, un élément radioactif particulièrement nocif : « le strontium-90 est facilement absorbé par le corps humain car il imite chimiquement le calcium, en particulier pendant la phase de croissance chez les enfants. »
« La population locale souffre toujours de maladies causées par de longues expositions aux radiations »
Rashid Alimov
Maintenir en état un site nucléaire aussi peu fiable que celui de Maïak, c’est de la folie. Après une catastrophe de cette envergure, la fermeture définitive s’imposait comme la seule et unique solution valable : c’était dans l’ordre des choses. Mais non, les gouvernements successifs ont veillé à ce que le complexe continue de tourner. Encore aujourd’hui, le site est perpétuellement abreuvé en combustible nucléaire usé, et les déchets radioactifs liquides atterrissent inévitablement dans les étangs qui rejoignent la Techa…
Le crime paie
Les autorités russes et Rosatom, l’agence responsable de la centrale de Maïak, se murent dans un silence assourdissant. Et lorsqu’elles en sortent furtivement, c’est pour partager des rapports officiels démentant l’existence des rejets radioactifs, en concédant toutefois que « des déchets radioactifs liquides sont stockés dans des bassins »… L’ONG Greenpeace monte au créneau, études à l’appui : 5 à 6 millions de mètres cubes de ces immondices nucléaires se déverseraient chaque année dans la Techa ; des éléments radioactifs à la durée de vie très variée, de 30 ans à plusieurs milliers d’années…
« Rosatom dément la contamination en cours alors même que nous savons que des déchets radioactifs sous forme liquide sont déversés dans l’environnement. »
Rashid Alimov
Rosatom, c’est l’Agence fédérale de l’énergie atomique russe. Le leader mondial de l’enrichissement d’uranium avec 40 % de la production mondiale; c’est aussi 17 % du combustible nucléaire vendu aux quatre coins du globe, et un portefeuille de commandes de 130 milliards de dollars. Un grand méchant « James Bondien » par excellence qui a fait du déni sa ligne de conduite : « Depuis plusieurs années, les villageois se battent pour leurs droits alors que Rosatom et le gouvernement persistent à nier les conséquences désastreuses de la contamination pour les populations locales », raconte Rashid Alimov, coordinateur chez Greenpeace Russie. L’inaction des pouvoirs publics ne fait que renforcer la conviction des associations : les populations établies à proximité de Maïak sont devenus un fascinant objet d’étude; une occasion inespérée pour les scientifiques d’observer les conséquences à long terme que peut engendrer une catastrophe nucléaire sur le corps humain.
La catastrophe de Kychtym a beau souffler ses 60 bougies, ses répercussions sont toujours d’actualité : en octobre 2017, plusieurs stations européennes ont détecté du ruthénium 106 – un élément radioactif 100 % artificiel – dans plusieurs pays du vieux continent : Norvège, Italie, France, Allemagne, Autriche et Suisse. Des particules en provenance directe de l’Oural, qui abrite le complexe nucléaire de Maïak. Coïncidence ?
Par Matthieu Garcia, le
Source: Mr. Mondialisation
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C’est bien de nous informer sur le nucléaire soviétique puis russe et d’un accident vieux de 60 ans – ce qui n’est rien à l’échelle de la pollution de cette énergie…
Mais si nous parlions aussi de ce qui se passe encore, AUJOURD’HUI, à Fukushima, au Japon, où les fuites continuent, rien n’est sous contrôle et où la population a déjà été autorisée à revenir dans la région ?
Un mot aussi sur les réserves de pastilles d’iodes insuffisantes en cas d’accident nucléaire en France ?
Parlons aussi de ce qui se passera demain, en France par exemple ou aucun accident nucléaire ne peut se produire selon les partisans naïfs du nucléaire.
Ils disent exactement ce que disaient les russes, japonais, anglais, américains, et canadiens la veille du jour où un accident catastrophique s’est produit chez eux.