Si vous nous suivez sur les réseaux sociaux, vous avez peut-être vu que nous avions partagé ce reportage de Numerama qui dévoilait que la recherche Google du mot-clé “lesbienne” renvoyait immédiatement à des sites pornographiques. Et bien nous avons du nouveau aujourd’hui : grâce au travail acharné de militants et militantes, ainsi que de journalistes – Numerama en tête de proue – cette aberration a pris fin. Retour sur cette campagne de longue haleine.
Un constat ahurissant
Afin de bien saisir l’ensemble des problématiques qui gravitent autour du sujet, la journaliste de Numerama, Marie Turcan, s’insurgeait, le 5 avril dernier, du fait que le mot “lesbienne” sur Google ne renvoyait que vers des sites pornographiques. Malheureusement derrière les algorithmes, les femmes homosexuelles étaient essentiellement considérées à travers le prisme des vidéos pornographiques, prouvant un traitement largement discriminant de la part du géant de la recherche Internet.
Afin de changer la situation, des militantes se sont lancées dans une vaste campagne de lutte envers ce traitement, à travers le hashtag #SEOlesbienne. Rappelons également que, contrairement au mot “lesbienne”, désignant la femme homosexuelle, le mot “gay”, lui, était beaucoup mieux perçu par l’algorithme de Google : pages Wikipédia, articles de presse généraux sur le sujet, lieu de socialisation dans votre ville autour du thème.
À l’occasion de certains événements titrés par la presse générale, par exemple quand la maire de Chicago, Lori Lightfoot, noire et lesbienne, a été élue, le mot “lesbienne” ne renvoyait pas uniquement à des sites pornographiques. En effet, Google Actualités, qui s’occupe de mettre en avant certains articles populaires, ne rechignait pas à mettre en premiers résultats des sites comme Libération ou 20 minutes. Les résultats qui suivaient, étaient, comme toujours, des sites adultes avec des titres très évocateurs et, souvent, dégradants pour l’image de la femme en général.
Un changement qui s’amorce
Depuis le 18 juillet 2019, le mot “lesbienne” ne renvoie plus sur des résultats pornographiques sur le moteur de recherche. Au-delà de la protection des plus jeunes d’un contenu parfois choquant, c’est également une très grande avancée dans le domaine social. D’abord pour toutes les personnes lesbiennes se questionnant sur leur sexualité, ou des personnes cherchant des informations sur un sujet déjà très invisibilisé dans la société. Aujourd’hui, l’accès à une information qui semble aussi basique n’est plus aussi complexe qu’auparavant.
Des jeunes personnes tombaient trop facilement sur des contenus pornographiques qui donnaient une très mauvaise image du corps de la femme, une sexualisation à outrance et parfois totalement coupée de la réalité. Cela pouvait mener à des conséquences dramatiques, comme l’histoire du couple de femmes londoniennes qui ont été sévèrement battues après avoir refusé de s’embrasser face à un homme qui le leur ordonnait.
Numerama a été le premier média, et le plus important, à soutenir l’action du collectif SEOlesbienne. Principalement sur les réseaux sociaux, la lutte s’est orchestrée pour mettre la pression sur Google, en démontrant l’absurdité de son algorithme. En juin 2019, un dirigeant de la firme, qui était alors de passage à Paris, expliquait que le même problème été visible dans la langue de Shakespeare. En effet, le mot “teen” désignant “adolescent” souffrait de la même problématique, à travers des résultats uniquement pornographiques.
Pendant le “mois des fiertés”, Google avait mis en place une bannière à la mémoire des émeutes de Stonewall… le tout en continuant à afficher des sites pornographiques comme premiers résultats pour la requête “lesbienne”. Les utilisateurs ont donc massivement signalé ce problème, et la firme, au lieu de corriger les résultats, s’était contentée d’enlever la bannière commémorative, comme le rapportait Numerama.
Une victoire inestimable
Depuis le début de ce mouvement de contestation, Google avait adopté la même attitude : ne pas répondre à une demande individuelle, mais bien essayer de cibler le problème en général, afin de ne pas pointer que le sommet de l’iceberg. La solution la plus évidente, à partir de ce constat et de cette intention, c’était de changer l’algorithme en général. Cela a pris de nombreux mois, mais désormais, celui-ci a été remodelé, et ne renvoie presque plus à des résultats pornographiques. Presque, car si l’on choisit de sélectionner uniquement du contenu vidéo, c’est encore le porno qui arrive en tête.
Ce n’est pas tout, puisque cela a motivé Google à effectuer d’autres changements. Tout comme pour le mot « lesbienne », certains termes comme “jeune femme noire” ou encore “jeune femme asiatique” ne renvoient plus à des contenus pornos en premier, comme le rapportent nos confrères du site “lesnouvellesnews”. L’élue Jill Royer, de La France insoumise, s’en félicite.
Numerama se félicite de cette victoire : “c’était une erreur pour Google, mais une erreur désormais corrigée”. Désormais, le premier résultat est la page Wikipédia renvoyant au mot éponyme. La rédaction du Daily Geek Show souhaitait rendre hommage à travers cet article à l’initiative du groupe SEOlesbienne et aux journalistes de Numerama, notamment à Marie Turcan, pour avoir relayé avec brio cette initiative courageuse et juste.
Désormais, les lesbiennes ne seront plus définies dès le premier résultat comme un objet sexuel par Google. C’est une victoire immense et plus importante qu’on ne le pense tant les moteurs de recherche ont une place centrale dans nos vies aujourd’hui et combien leurs résultats nous affectent au quotidien.
Cette victoire est aussi la preuve que les géants d’Internet ont la possibilité de faire changer les choses, et que même si les algorithmes suivent une logique, cela ne signifie en aucun cas qu’ils sont neutres pour autant.
Par Benjamin Cabiron, le
Source: Numerama
Étiquettes: SEOlesbienne, lesbienne, Recherche google, Numérama
Catégories: Articles, Actualités, Société
L’homosexualité invisible de nos jours… Bah dites donc !!!!
Et c’est très bien que cela entre dans les mœurs, heureusement, mais la volonté de surexposition n’est pas très loin… :/ Et cela ne les aidera pas au final.
Bonjour, à celles que ça intéresses, je viens de créer https://piink.app/ : un site de rencontres réservé aux femmes 🙂