C’est une tragédie humaine qui se joue dans la centrale nucléaire de Fukushima. Pour décontaminer les lieux, certaines entreprises engagent en masse des sans-abri venus des quatre coins du pays pour y travailler. Un emploi sous-payé et à hauts risques pour une pratique révoltante.

La révélation est surprenante : les autorités japonaises ont engagé des centaines de sans-abri pour procéder au nettoyage et à la décontamination de la centrale nucléaire de Fukushima. Son financement public est estimé à environ 25 milliards d’euros. Ces hommes ont été recrutés un peu partout dans le pays et pour les sous-traitants, ils ont l’avantage d’être une main d’œuvre pratique et peu coûteuse…

Mais ce n’est pas tout puisque ces mêmes sous-traitants exploitent les faiblesses de ces sans-abri en s’octroyant environ les deux tiers du salaire qu’ils leurs versent en guise de « frais ». Du côté des personnes impliquées dans la recherche de volontaires pour le nettoyage de la centrale, on dénie toute responsabilité par rapport à ces pratiques illégales et pas vraiment éthiques et on accuse les sous-traitants et les recruteurs.

Le président d’un de ces sous-traitant, Aisogo Service, a d’ailleurs défendu cette pratique et le fait de ne pas surveiller attentivement les personnes qui venaient opérer dans la centrale ainsi que les conditions dans lesquelles celles-ci travaillent. Il explique : « Si vous commencez à prêter attention à chaque personne, le projet ne pourrait pas aller de l’avant. Vous n’obtiendrez pas un dixième des travailleurs dont vous avez besoin. »

Résultat, les sous-traitants gagnent un peu plus d’argent tandis que les sans-abri travaillent pour pas grand chose. Tout cela sans parler des conséquences sanitaires que l’exposition à de hautes doses de radiation leur cause… Prenons l’exemple d’un de ces hommes ayant travaillé pendant un mois dans la centrale pour un montant total d’à peine 7 €. L’homme en question a disparu peu de temps après que ces informations aient été vérifiées. En plus de ce salaire misérable et des conditions de travail extrêmes, les travailleurs doivent également payer des montants exorbitants pour se loger et se nourrir. Au final, certains de ces travailleurs s’endettent auprès de leurs employeurs : une dette qui augmente à mesure qu’ils continuent de travailler.

Tout cela a été révélé par une enquête de l’agence de presse Reuters et ces révélations interviennent alors que les autorités japonaises ont annoncé que le projet de décontamination de la région aura de deux à trois ans de retard par rapport au délai initial fixé à mars 2014.

Cette pratique est révoltante : les autorités profitent de la situation de détresse des sans-abri pour procéder à la dangereuse décontamination de la centrale de Fukushima. À la rédaction, nous pensons qu’il est effectivement crucial de décontaminer la région mais nous sommes écœurés par le fait que des personnes démunies soient ainsi exploitées aux dépends de leur santé. Et vous, trouvez-vous que cette pratique soit justifiée ou qu’elle est contraire à l’éthique ?

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