Les films d’animation de Disney ont bercé plusieurs générations d’enfants à travers le monde avec leurs histoires féeriques et toujours pleines d’espoir. Des adaptations qui dénotent totalement avec leurs versions originales beaucoup plus… Glauques. Entrez donc dans l’univers pas si merveilleux que ça des histoires originales de ces personnages !
Blanche-Neige et les Sept Nains
Le conte de Blanche-Neige et les Sept Nains nous vient d’Allemagne, où l’héroïne se nomme Schneewittchen. Si le déroulement du conte est similaire à celui vu dans l’adaptation des studios Disney, il y a tout de même quelques différences, dont quelques-unes majeures. La première est que les nains accueillent Blanche-Neige dans leur chaumière en tant que servante et non en tant que colocataire. Apprenant que sa belle-fille est toujours vivante, la méchante Reine essaye par trois fois de tuer Blanche-Neige. Pour sa troisième tentative, elle se déguise en vieille femme errante et offre une pomme empoisonnée à la jeune fille qui tombe au sol inanimée.
Les nains décident alors de lui construire un cercueil en verre, jusqu’à ce que le prince charmant ne leur demande la permission de l’emporter jusqu’à son château. En cours de route, un porteur trébuche et fait bouger le cercueil, ce qui a pour effet de décoincer le morceau de pomme de la gorge de Blanche-Neige. La jeune fille se réveille et tout est bien qui finit bien… Sauf pour la marâtre, qui est invitée au mariage seulement pour être condamnée à danser avec des souliers chauffés à blanc jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Le Bossu de Notre-Dame
Même si ce n’est pas un conte, le roman original de Victor Hugo a lui aussi été lourdement édulcoré pour convenir au jeune public. Quasimodo, en plus de sa difformité, est sourd et muet. L’amour entre Esméralda et Phoebus est impossible puisque celui-ci est déjà fiancé à la jeune Fleur-de-Lys, qu’il épouse finalement. Esméralda est quant à elle livrée à une foule hostile parce qu’elle a refusé l’amour que lui porte le prêtre Frollo. Elle est pendue alors que Quasimodo et Frollo assistent à son exécution. Le bossu jette le prêtre du haut de Notre-Dame avant d’aller se laisser mourir dans une cave en enlaçant le corps sans vie d’Esméralda.
La Princesse et la Grenouille
Le conte original dont s’inspire le film d’animation de Disney est un peu plus violent que l’histoire que nous connaissons tous. Dans cette version rapportée par les frères Grimm, la princesse fait une promesse à une grenouille pour pouvoir retrouver une balle perdue au fond d’un puits. Sitôt rentrée au château, la jeune fille ne souhaite pas tenir sa promesse, mais le roi lui donne une leçon de morale et lui explique qu’elle doit s’y tenir. La grenouille mange alors dans l’assiette de la princesse, s’assoit à sa table, etc. Et va même jusqu’à vouloir dormir à ses côtés ! Furieuse, la princesse attrape le batracien et le jette violemment contre le mur… Ce qui a pour effet de briser le sortilège et de révéler la véritable apparence de la grenouille : un beau prince charmant.
Aladdin
Contrairement à ce que le dessin-animé et les versions plus récentes du conte expliquent, Aladdin n’était pas arabe, même si le conte fait partie de l’univers des Mille et Une Nuits. En effet, l’intrigue du conte se déroule en Chine ! Aladdin est l’orphelin d’un tailleur qui est employé par un maître aux desseins pas toujours très clairs. Celui-ci demande au jeune garçon d’aller récupérer une lampe magique dans un jardin magique. Obsédé par la beauté de l’objet (qui renferme accessoirement l’un des plus puissants génies au monde), Aladdin décide de ne pas donner l’objet au maître enchanteur. Celui-ci abandonne le jeune garçon dans les ténèbres… Mais il utilise le génie de la lampe pour s’en sortir, gagner des richesses et gagner les faveurs de la fille du roi Badroulboudour. Apprenant le succès fulgurant de son ancien disciple, le maître utilise une ruse pour tromper la princesse afin de voler la lampe fétiche. Heureusement, Aladdin finit par récupérer la lampe…
Cendrillon
L’histoire de Cendrillon est une histoire connue à travers les époques et les régions : il en existait même une pendant l’Antiquité ! Dans les versions plus récentes, notamment celle de Charles Perrault, les belles-sœurs de l’héroïne se coupent les deux pieds pour pouvoir mettre les chaussures de verre. La supercherie ne prend pas, Cendrillon retrouve ses pantoufles et peut se marier avec son prince charmant. Invitées malgré tout, les belles-sœurs vicieuses tentent de profiter de Cendrillon mais finissent aveugles : des colombes viennent leur percer les yeux.
Le Petit Chaperon rouge
Les studios Disney ont adapté ce conte (rapporté par Charles Perrault et par les frères Grimm) dans un court-métrage de 6 minutes sorti en 1922. Dans le conte original, et contrairement à beaucoup d’adaptations plus récentes, l’histoire se finit par la victoire du loup. En effet, le déroulement est similaire pour chaque version, mais certains détails plus sanglants apparaissent selon les versions. Dans la première, le loup mange la grand-mère mais garde une partie du corps de la pauvre femme pour que le Petit Chaperon rouge mange sa propre mère-grand. Dans la version de Perrault, le loup mange totalement la grand-mère avant de tendre un piège à la petite fille, qui termine elle aussi dans l’estomac du loup. Et là, point de chasseur pour venir la sauver et ouvrir le ventre de l’animal.
Peter Pan
Dans l’œuvre originale de l’auteur J. M. Barrie, le personnage de Peter Pan est plus torturé qu’il n’y paraît. Bien sûr, il est espiègle, fanfaron et parfois innocent comme n’importe quel enfant, mais il cache également une part de cruauté : comme il est le seul à ne pas pouvoir grandir, tous les enfants perdus, des enfants orphelins qui vivent en bande rassemblée autour de Peter Pan, il a instauré une règle stricte : ne jamais grandir. Et la sentence pour ceux qui grandissent est sévère : Peter les exécute. Quant au personnage de Wendy, lorsque celle-ci retourne chez elle et que Peter se rend compte en revenant qu’elle a vieilli, il se sent trahi. Par dépit, il embarque Jane, la fille de Wendy, pour un séjour au Pays imaginaire. Il en fera de même lorsque Jane aura grandi, et ainsi de suite, formant un cycle perpétuel d’aventures.
Mulan
La fin du film d’animation diffère de celle de la légende de Hua Mulan. Dans cette légende, la jeune femme, fille d’officier et par conséquent entraînée aux arts du combat, demande d’abord l’autorisation à son père de le remplacer. Elle part ainsi 12 ans en campagne contre les différents envahisseurs, gravissant les échelons jusqu’à devenir général et bâtir de fameuses stratégies. Après ces douze ans, elle retourne auprès de son père et reprend son travail à tisser… Jusqu’à ce que l’empereur n’apprenne la vérité : le général Hua était une femme. Il en tombe amoureux et souhaite qu’elle devienne son épouse, lui envoie des lettres d’amour, etc. Comme Mulan ne veut pas épouser l’empereur et face à ses propositions toujours plus insistantes, la jeune femme se suicide avec son épée.
Hercules
Le film de Disney fourmille de références au mythe du demi-dieu grec Héraclès, notamment à ses fameux douze travaux. Ce que le dessin-animé ne mentionne pas c’est le destin tragique de Mégara, l’épouse d’Héraclès dans la mythologie. En effet, Héraclès est à l’origine le fruit de l’adultère du dieu Zeus. Sa femme, la déesse Héra en est terriblement jalouse et a décidé de reporter sa vengeance sur Héraclès en le rendant fou et en le forçant à tuer d’une horrible façon sa femme et ses enfants. Puni par les dieux de l’Olympe, Héraclès doit se repentir en effectuant les douze travaux qui l’ont rendu célèbre.
Raiponce
Même si la fin du conte est heureuse puisque le prince et Raiponce se retrouvent finalement, certains détails ont été omis dans l’adaptation de Disney. Dans ce conte traditionnel allemand, Raiponce reçoit la visite régulière d’un prince éperdument amoureux d’elle qui monte dans la tour sans porte et sans escalier grâce à la longue chevelure dorée de la jeune femme. Mais celle-ci fait la gaffe de parler des visites de son prince à la sorcière qui la garde prisonnière de cette tour. Pour la punir, elle lui coupe alors les cheveux et l’envoie errer dans un désert. La sorcière trompe ensuite le prince en faisant croire que Raiponce est toujours là grâce aux cheveux coupés qu’elle avait soigneusement gardés. Elle le fait ensuite tomber dans un buisson de ronces qui lui crèvent les yeux. Le prince se met alors à errer jusqu’à arriver dans le désert où vit désormais Raiponce. Ils se retrouvent finalement et les larmes de la jeune femme guérissent les yeux du prince, qui l’emmène vivre dans son château.
La Petite Sirène
Dans le récit de Hans Andersen, la fin de la petite sirène est beaucoup moins heureuse. En plus de perdre sa voix, la sorcière des mers lui coupe la langue. Une fois devenue humaine, comme l’avait prévenue la sorcière, chaque pas la fait immensément souffrir, comme si elle marchait sur des couteaux aiguisés. Malgré l’attachement qu’il éprouve pour elle, le prince n’arrive pas à oublier une autre jeune fille qu’il a vue sur la plage et qu’il confond avec la petite sirène. Contraint de choisir une épouse, le prince et la petite sirène voguent vers un royaume voisin où ils découvrent que la princesse n’est autre que la jeune fille vue sur la plage. Le prince se marie avec elle. Les sœurs de la petite sirène, voyant cela, tentent de la convaincre de tuer son prince si elle veut redevenir sirène, mais celle-ci ne peut pas et se jette à la mer, devenant écume.
Pocahontas
Pocahontas l’amérindienne a bel et bien existé ! De même que John Smith, la seule différence est que leurs âges sont séparés par un fossé : lors de sa rencontre avec les explorateurs anglais, la jeune fille n’a alors que onze ans. La vie de la fille d’un chef de tribu suit de façon moins romancée ce qui est raconté dans les deux films d’animation de Disney : Pocahontas se marie avec un cultivateur de tabac de l’état de Virginie puis est envoyée en Angleterre pour promouvoir la colonisation auprès des anglais et de l’aristocratie. Pocahontas meurt ensuite quelques jours après le débarquement du bateau qui les ramenait en Amérique, d’une maladie inconnue (les historiens suspectent une pneumonie ou la tuberculose).
La Belle au bois dormant
Contrairement au dessin-animé, dans le conte de Charles Perrault, la princesse ne se réveille qu’au bout de cent ans. Dans une version plus ancienne qui a inspiré Perrault, son sort est beaucoup plus sombre. Au lieu de réveiller la princesse par un baiser, le prince la viole dans son sommeil. Elle accouche de deux enfants, et c’est seulement parce que l’un d’eux tète son doigt et enlève l’écharde qui l’a plongée dans un profond sommeil qu’elle se réveille. Bien sûr, ils vécurent heureux ensemble à un petit détail près : la mère du prince est tellement jalouse de sa belle-fille qu’elle a tenté (sans succès) de la manger avec ses enfants.
C’est étonnant de découvrir les versions originales qui ont inspiré ces célèbres dessins-animés de notre enfance. Joana a d’ailleurs été choquée de connaître le sort réservé à la Belle au bois dormant pendant son sommeil. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces versions sont beaucoup moins adaptées au jeune public que les versions de Disney ! Du coup, vous préférez la version originale ou celle des dessins-animés ?
Par Corentin Vilsalmon, le
Source: Sens Critique