— Vadim Sadovski / Shutterstock.com

Notre galaxie a connu une violente explosion il y a 3,5 millions d’années. Celle-ci aurait dégagé un flux d’énergie titanesque et a été le sujet d’une récente étude menée par plusieurs chercheurs.

UNE EXPLOSION TITANESQUE

Une étude conjointe entre Australie et Etats-Unis d’une équipe de scientifiques, menée par le professeur Joss Bland-Hawthorne d’Astro 3-D (Australia’s ARC Centre of Excellence for All Sky Astrophysics in 3 Dimensions) et publiée dans The Astrophysical Journal, explique que le centre de notre galaxie a connu une explosion titanesque il y a 3,5 millions d’années. Un gigantesque flux d’énergie de forme conique s’est alors diffusé depuis les deux pôles de la galaxie à travers l’espace. 

Un gigantesque flux d’énergie a été projeté hors du trou noir supermassif du centre de la Voie lactée, Sagittarius A*. Les radiations projetées, de forme conique, en sont sorties par ses pôles à travers l’espace. Ce phénomène, nommé « Seyfert flare », fut si puissant que le courant de Magellan, longue traînée de matière longeant notre galaxie à 200 000 années-lumière de distance, a gardé des traces de ces « cônes ionisants » dans son passage au-dessus et en dessous de notre galaxie. 

UN ÉVÉNEMENT DONT LES AUSTRALOPITHÈQUES ONT ÉTÉ TÉMOINS

En 2003, le professeur Bland-Hawthorne fait la découverte d’un formidable « vent spatial » issu du centre de la galaxie, en forme de boules en direction des deux pôles de la Voie lactée. En 2010, un satellite de la NASA, en étudiant ces deux excroissances d’énergie, y trouve la présence de rayons gamma, qui impliquent une source d’énergie phénoménale. Les secrets de l’explosion résidaient dans le courant de Magellan : en effet, celui-ci, en dépassant le centre de la galaxie, s’est « réchauffé » et en a conservé une trace.

Cette étude a même pu dater l’explosion par l’observation de quasars, des astres distants à grande luminosité situés derrière la galaxie, avec le télescope Hubble — en les étudiant, on peut se rendre compte des radiations présentes dans l’espace qui nous en sépare, et donc situer assez précisément l’explosion.

Le Pr Joss Bland-Hawthorne, à la tête de l’étude, explique sa démarche et les enjeux d’une telle découverte. [Des sous-titres en français sont disponibles.]

L’événement est considéré comme extrêmement récent : Bland-Hawthorne explique qu’il cherchait à déterminer si cette explosion date de centaines de millions, ou bien de milliards d’années. La datation à « seulement » 3 millions d’années fut donc accueillie avec surprise. Pour rappel, à cette période les Australopithèques parcouraient déjà le sol d’Afrique, tandis que les dinosaures s’étaient éteints 63 millions d’années plus tôt.

Il précise : « Le rayonnement doit avoir été comme la lumière d’un phare. C’est incroyable de se dire que si les hommes des cavernes peuplaient la Terre il y a 2,5 à 3,5 millions d’années, regardaient en direction de l’hémisphère Sud du centre de notre galaxie, ils pouvaient voir une boule de gaz surchauffée. » Selon l’étude, le phénomène s’est étendu sur une période de 300 000 ans. 

LES TROUS NOIRS COMMENCENT À DÉVOILER LEURS SECRETS

La cause de l’explosion est probablement une étoile tombée dans le trou noir central de notre galaxie, Sagittarius A*, pesant près de 4,2 millions de fois la masse du Soleil. Quoi qu’il en soit, les chercheurs sont catégoriques sur le responsable, qui ne peut être que ce trou noir, dont la masse et la densité sont inégalées dans cette région de notre galaxie. 

Ce qui est une révélation quand on pensait que notre galaxie n’était pas si « active » – récemment, on découvrait que Sagittarius A* était plus actif qu’auparavant. Cette découverte contribue à mieux comprendre notre galaxie, mais aussi toutes les autres — aux dires du professeur, la présence systématique d’un trou noir supermassif en leur centre semble désormais confirmée.

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