
Dans les montagnes du Maroc, des chercheurs ont découvert que des larves de mouches soufflantes ont développé une technique de mimétisme extrême pour infiltrer les colonies de termites. En arborant un faux visage sur leur partie postérieure, elles parviennent à tromper ces insectes sociaux et à vivre parmi eux sans être inquiétées.
Une découverte fortuite
Ces larves appartiennent à une espèce encore inconnue de mouche de montagne. Leur déguisement imite parfaitement l’apparence de la tête des termites, leur permettant de se fondre au sein des colonies de termites moissonneurs (Anacanthotermes ochraceus). Normalement, les termites soldats sont très agressifs envers les intrus, les éliminant immédiatement. Pourtant, ces larves parviennent à éviter tout soupçon et à être acceptées par leurs hôtes. Le mimétisme est si abouti que les termites vont même jusqu’à toiletter ces fausses larves, selon les résultats d’une étude publiés dans la revue Current Biology.
Researchers have discovered blow fly larvae with fake termite faces on their rears that enable them to socially integrate into termite colonies in the mountains of Morocco. https://t.co/jrM5TEjGUM
— Live Science (@LiveScience) February 12, 2025
Cette surprenante adaptation a été découverte par hasard par une équipe de chercheurs en pleine exploration des montagnes de l’Anti-Atlas, dans le sud du Maroc. Initialement à la recherche de fourmis, les scientifiques ont découvert une colonie de termites sous une pierre. À leur grande surprise, trois larves de mouches aux allures de termites s’y trouvaient.
Roger Vila, scientifique à l’Institut de biologie évolutive en Espagne et auteur principal de l’étude, souligne la rareté de cette espèce. En effet, malgré plusieurs expéditions supplémentaires dans la région et l’examen de centaines de pierres, seules deux autres larves similaires ont été trouvées, nichées dans une autre termitière.
Des adaptations surprenantes
Les colonies de termites représentent un environnement extrêmement protégé et riche en ressources. S’introduire dans un tel habitat demande donc des stratégies d’adaptation d’une grande complexité, tant sur le plan morphologique que comportemental et physiologique.
En ramenant les larves au laboratoire, les chercheurs ont identifié plusieurs caractéristiques uniques qui leur permettent de duper les termites. Leur structure corporelle a évolué pour accentuer la ressemblance avec leurs hôtes : leurs trous respiratoires ont pris l’apparence de faux yeux et leurs papilles sensorielles ressemblent à des antennes de termites.
Mais leur mimétisme ne s’arrête pas à l’aspect physique. Les larves déploient également une ruse chimique en adoptant l’odeur caractéristique des termites de leur colonie. En analysant leur composition chimique, les chercheurs ont constaté que les larves émettent exactement les mêmes signaux olfactifs que les termites qui les entourent. Cette adaptation est si précise que chaque larve correspond aux variations chimiques propres à sa termitière d’origine. Ce camouflage chimique leur permet d’interagir avec les termites sans éveiller le moindre soupçon.
Une espèce encore mystérieuse
L’équipe de recherche a attribué ces larves au genre de mouches Rhyncomya, mais aucune espèce connue de ce groupe ne présente un mimétisme similaire. Il est donc fort probable que ces larves appartiennent à une espèce jusqu’ici inconnue. Malheureusement, les chercheurs n’ont pas pu élever ces larves jusqu’à l’âge adulte, car elles sont toutes mortes en laboratoire avant d’atteindre leur maturité.
Roger Vila souligne que certains éléments cruciaux de l’écosystème des termitières, ou de la relation entre les larves et les termites, n’ont pas pu être reproduits en laboratoire. « Leur régime alimentaire reste un mystère, tout comme leur forme adulte », conclut-il.
Par ailleurs, observez cette étrange « spirale de la mort », qui conduit les termites au suicide.