Après avoir été victimes de nombreuses agressions sexuelles, ces femmes âgées qui vivent à Korogocho, réputé pour être le bidonville le plus dangereux de Nairobi, ont décidé d’apprendre à se défendre. Découvrez l’incroyable combat de ces femmes courageuses et déterminées.

UN COMBAT QUOTIDIEN

Depuis quelques années, les femmes âgées de Korogocho sont régulièrement victimes d’agressions sexuelles. Leurs agresseurs, qui s’en prennent souvent à elles la nuit, considèrent en effet qu’elles constituent des cibles faciles et sont moins susceptibles d’être séropositives.

Pour lutter contre les prédateurs sexuels qui y sévissent, plusieurs femmes vivant dans ce bidonville ont décidé de se regrouper et ont appris à se battre et à évaluer les situations dangereuses.

Durant les séances organisées chaque semaine par le collectif, les femmes de Korogocho apprennent notamment à réagir et à riposter en cas d’agression sexuelle © Vimeo

En plus de ces cours d’autodéfense musclés, ces dernières enseignent également aux membres de leur communauté comment réagir en cas d’agression sexuelle et comment venir en aide aux personnes qui en sont victimes.

Le bidonville de Korogocho s’étend sur une surface de quelques kilomètres carrés et abrite environ 200 000 personnes qui vivent dans des conditions extrêmement précaires. Gangréné par le trafic de stupéfiants et tenu par de nombreux gangs, celui-ci affiche un taux de criminalité record.

LE BIDONVILLE DE KOROGOCHO AFFICHE UN TAUX DE CRIMINALITÉ RECORD

S’il s’agit d’un endroit difficile à vivre pour quiconque, il l’est surtout pour les femmes âgées, plus vulnérables, qui sont souvent prises pour cible par les prédateurs sexuels en raison de leur apparente fragilité.

Le réalisateur canadien Brent Foster s’est rendu à Nairobi pour rencontrer ces femmes et documenter leur quotidien, et c’est ainsi qu’est né son court-métrage intitulé « Enough : The Empowered Women of Korogocho ».

Comme il l’a expliqué au National Geographic : « J’avais envie de mettre en avant des gens ordinaires qui réalisaient des choses extraordinaires. Il m’est apparu comme indispensable de raconter l’histoire de ces femmes courageuses qui se sont levées et ont décidé d’obtenir le respect qu’elles méritaient. »

Fatiguée de ne plus se sentir en sécurité dans sa propre maison une fois la nuit tombée et incapable de trouver le sommeil par peur d’être agressée, violée, voire assassinée, Beatrice Nyariara a un jour décidé de changer les choses en fondant le collectif des « Grands-mères kickboxeuses du Kenya ».

Organisée autour de quelques membres clés, cette petite communauté compte aujourd’hui environ une vingtaine de membres. Au cours des séances organisées de façon hebdomadaire, les femmes apprennent notamment à riposter en cas d’agression, et à se faire entendre afin que les gens à proximité puissent venir leur porter secours.

Principale protagoniste du court-métrage, Nyariara est selon Brent Foster une femme forte et passionnée : « Elle se fichait de savoir si vous étiez là ou non. C’était son quotidien, elle ne jouait pas un rôle et n’hésitait pas à exprimer le fond de sa pensée. »

« C’ÉTAIT SON QUOTIDIEN, ELLE NE JOUAIT PAS UN RÔLE ET N’HÉSITAIT PAS À EXPRIMER LE FOND DE SA PENSÉE »

Beatrice Nyariara, fondatrice du mouvement des « Kickboxing Grannies of Korogocho © Vimeo »

Cela fait maintenant trois ans que ces grands-mères kényanes pratiquent l’autodéfense, et cet entraînement rigoureux a rapidement porté ses fruits en permettant à plusieurs membres du groupe d’effrayer et de mettre en déroute leurs agresseurs. Une histoire particulièrement inspirante qui nous prouve qu’il est toujours possible de changer les choses.

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