Il fut un temps où les jeux vidéo, c’était le futur. En jouant petit à tous ces merveilleux jeux, on ne réalisait pas forcément qu’ils allaient devenir vieux. Et pourtant, le temps faisant son affaire, c’est maintenant le cas. Certaines de ces perles vidéoludiques n’ont pourtant pas pris une ride, soit par leur style iconique, soit par leurs mécaniques de jeu parfaites qui font que même deux décennies plus tard, on y revient avec plaisir.

 

Super Mario World (1990)

 

La force de Mario, c’est un gameplay qui repose sur peu d’actions, mais énormément de possibilités et une direction artistique aux couleurs vives et reconnaissables entre mille. Ce cocktail plait aux joueurs du monde entier depuis plus de trente ans. Chaque année ou presque, on peut découvrir un nouveau Mario, et à chaque fois, de nombreux joueurs font un petit saut dans le passé en replongeant dans Super Mario World, pour le refaire une énième fois. Diversité du gameplay, durée de vie, du challenge et de la satisfaction. Super Mario World incarne tout ce qui a fait que le jeu vidéo est ce qu’il est aujourd’hui. Avant toute autre considération, un jeu doit être divertissant et amusant.

 

The Legend of Zelda : A Link to the Past (1991)

 

Une aventure pleine de mystères et d’épreuves, un game design incomparable, une bande-son iconique, A Link to the Past est l’un de ces jeux qui semblent parfaits parce qu’il l’est. On met au défi quiconque de jouer à ce jeu en 2015, 2030 ou 2100 et de ne pas vivre l’une des meilleures expériences vidéoludiques de sa vie. Le jeu offre deux dimensions d’Hyrule à la mise en couleur précise, aux traits fins, où le monde est vaste, rempli de charme et d’énigmes. Si ce jeu n’a pas vieilli, c’est avant tout parce que c’est un sans-faute. Sa suite spirituelle, A Link Between Worlds a plus récemment repris tous les codes du jeu pour en faire un autre chef-d’oeuvre. On arrêtera de jouer à A Link to the Past lorsque l’aventure n’intéressera plus les êtres humains.

 

Chrono Trigger (1995)

 

Le jeu commence avec le réveil du héros et propulse le joueur dans une histoire fascinante dont il ne sortira que plusieurs dizaines d’heures plus tard, marqué à vie par ce qu’il vient de vivre. Tout amoureux du RPG cite Chrono Trigger dans ses jeux préférés, et à juste titre. Le savoir-faire de Squaresoft en harmonie avec une direction artistique basée sur les designs d’Akira Toriyama, comment faire mieux dans le Japon des années 90 ? Tout, des musiques merveilleuses de Yasunori Mitsuda au gameplay entre action et tour par tour, absolument tout dans ce jeu semble avoir été mesuré avec une précision impeccable pour servir le meilleur RPG de tous les temps. On reconnait la grandeur de Chrono Trigger aussi facilement que l’on reconnait celle d’un roman vieux d’un siècle. Car Chrono Trigger est avant tout une narration sublime exposant des personnages inoubliables.

 

Castlevania : Symphony of the Night (1997)

 

Pour le représentant du genre, il est difficile de choisir entre Castlevania et Super Metroid sorti trois ans plus tôt. Ce dernier a eu largement plus d’influence, mais Castlevania possède une aura que Metroid n’a pas. Et c’est justement l’aura particulière de la série qui en fait un titre intemporel. Quoi de plus adéquat pour une histoire de vampires. La bande-son signée Michiru Yamane est toujours l’une des plus belles et envoûtantes du jeu vidéo, entre le film d’horreur et la musique classique. Recelant de passages secrets, de pièces gigantesques et de détails colorés nichés dans une structure baroque, le château de Castlevania est toujours un bonheur à parcourir et un vrai plaisir pour les yeux. Et que dire de son héros, Alucard ? Quel charisme, quelle présence ! Chacun de ses mouvements est fluide, chacune de ses paroles forte de son caractère et de sa grâce. La classe incarnée que l’on a toujours envie de retrouver pour une nouvelle partie. Symphony of the Night est un jeu hors du temps, mais inspiré d’une période qui continuera de fasciner pour les siècles à venir.

 

StarCraft (1998)

 

D’après Kasparov, les gens s’ennuient d’un jeu vidéo dès qu’un nouveau arrive avec des meilleurs graphismes, alors que les échecs fascinent depuis des siècles. Kasparov a presque raison. Le succès touche un autre, les joueurs se concentrent sur un nouveau jeu, les sponsors esport veulent quelque chose de frais et les développeurs doivent faire la pub de leurs nouveaux produits. Mais le jeu vidéo a un jeu d’échecs, et son nom est StarCraft. Avec trois races jouables complètement distinctes et au gameplay très varié, StarCraft parvient pourtant à atteindre un équilibre parfait entre toutes les unités présentes dans le jeu. Un véritable pierre-feuille-ciseaux avec des dizaines de paramètres différents. Toute tactique peut être contrée si le joueur adverse possède l’expérience, la force mentale et la technique nécessaire à jouer de façon compétitive. De l’expérience, il en faut : les joueurs professionnels s’entrainent quotidiennement plus de 12 heures par jour. Ils peuvent dépasser les 200 actions par minute, tout en gardant la stratégie à long terme et à court terme en tête, en gérant leurs unités et en contrôlant la production de leurs structures. Un jeu facile à apprendre, mais difficile à maitriser et un équilibre parfait dans le gameplay, c’est la recette qui fait de StarCraft un jeu qui a très bien vieilli.

 

Counter-Strike (1999)

 

Counter-Strike vieillit bien, car il n’a jamais cherché à exceller par ses graphismes, mais par son gameplay. Le FPS le plus populaire de la scène compétitive ne l’est pas devenu par hasard. Offrant des performances plus qu’excellentes, le jeu récompense le joueur expérimenté sans alourdir l’expérience des fioritures du RNG (Random Number Generation, c’est-à-dire tout ce qui peut être généré par un jeu sans que le joueur puisse influencer le paramètre). Les joueurs sont uniquement retenus par leur niveau et par conséquent, le jeu reste populaire tant que les joueurs peuvent s’améliorer. Plus de quinze ans après, Counter-Strike est toujours la référence esport des FPS, que cela soit avec la version originale, Source ou Global Offensive. Si un joueur veut devenir meilleur dans n’importe quel jeu de tir, il aura raison de faire ses classes avec Counter-Strike. Seules l’agilité et la précision du joueur font la différence. Le jeu a plusieurs des niveaux les plus emblématiques du genre, de_dust2 en tête. Des millions de headshots plus tard, les joueurs retournent toujours à Counter-Strike. Et avec l’arrivée de CS:GO, ce n’est pas près de s’arrêter.

 

Diablo II (2000)

 

Diablo perfectionne un système qui fera toujours jouer les joueurs du monde entier. Le principe est simple : tue un monstre pour gagner un meilleur équipement qui te permettra de tuer un plus gros monstre pour obtenir un équipement encore plus performant. Ainsi de suite. Cette boucle interminable devient vite addictive lorsque le jeu plonge le joueur dans un univers aussi vaste que celui de Diablo. Un folklore passionnant, un monde sombre et violent, du fantastique et de l’aventure, Diablo a tout pour plaire à tous les amoureux des jeux de rôle. Un charme qui ne semble pas se défraichir puisque plus d’une décennie après, Diablo II est toujours joué par des milliers de joueurs qui revivent souvent l’aventure pour la troisième ou quatrième fois. Il n’a pas été facile pour Diablo III de succéder à ce jeu mythique qui parait finalement être ce qui peut se faire de mieux dans le genre du hack and slash.

 

Half-Life 2 (2004)

 

Pourtant pas si vieux, on peut tout de même intégrer ce jeu à la liste, car les raisons seront toujours valables dans dix ans. À moins que vous n’ayez vraiment jamais touché à un jeu PC de votre vie, vous connaissez Half-Life et l’impact que les jeux ont eu sur l’industrie. Half-Life a coupé le souffle à tous les joueurs de par ses idées novatrices, mais le deuxième épisode transforme l’essai. La variété du gameplay et l’intensité de sa mise en scène sont tout aussi époustouflantes aujourd’hui qu’elles ne l’étaient à la sortie du jeu. Half-Life 2 a bien vieilli, car après plus de dix ans, c’est toujours le jeu PC le mieux construit de l’histoire. Peut-être que l’hypothétique Half-Life 3 le détrônera, mais comme vu précédemment, une séquelle ne veut pas forcement dire amélioration. Du tir, de la plateforme, de l’horreur, du suspense, de la science-fiction, des personnages mémorables, une histoire captivante, des armes et gadgets tous plus funs les uns que les autres. Une leçon de variété et de rythme pour tous les développeurs de l’industrie du jeu vidéo. Une oeuvre de référence.

 

Au fur et à mesure que le jeu vidéo grandit en tant que média, il est important de garder à l’esprit les jeux qui en ont fait ce qu’il est aujourd’hui. La technologie avance à un rythme très élevé, mais les meilleures idées ne viendront pas forcément de demain. Tous ces jeux en attestent, figés dans l’époque d’où ils viennent, mais toujours présents dans le coeur des joueurs. Quel est le jeu qui restera à jamais gravé dans votre esprit ?

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