Le jeu vidéo a tellement évolué depuis ses premiers pas dans les années 1970, qu’il est maintenant considéré comme un art par beaucoup de joueurs. Si certains jeux sont de simples produits conçus pour générer toujours plus de profit, d’autres à la direction artistique soignée brisent le moule et tentent d’élever le jeu vidéo vers d’autres horizons. Qu’ils soient des chefs-d’oeuvre ou qu’ils recèlent de défauts, voici des jeux qui ont touché la sensibilité des joueurs du monde entier.

 

Okami (2006)

Okami a surpris le monde entier lors de sa sortie en 2006. Larges coups de pinceau sur les contours, aquarelle pour le fond et calligraphie japonaise. Car c’est au Japon que Okami nous transporte, ou plutôt dans sa mythologie et son folklore. Okami nous fait faire la rencontre d’Amaterasu, la déesse du Soleil et nous investit de sa mission : ramener la vie dans et la paix sur les contrées du jeu. La fluidité du jeu est ahurissante et chaque dessin éphémère tracé par le joueur s’accouple à merveille avec une bande-son extraordinaire.

 

Shadow of the Colossus (2006)

Faire beaucoup avec peu. Raconter l’histoire de la vie à travers la mort. Shadow of the Colossus est l’une des merveilles du jeu vidéo, tant pour son expérience et son gameplay unique bien que simpliste que par sa narration impeccable et sa direction artistique époustouflante. Attendez que votre héros et son cheval, perdus dans un paysage fantastique se retrouvent nez à nez avec un colosse de 30 mètres de haut. Époustouflant ne fait presque pas honneur au jeu, qui nous transporte encore plus loin que prévu dans une histoire mélangeant amour, mort et morale. La majorité du temps, vous êtes seul dans des étendues désertiques, et pourtant le jeu transpire d’une aura ancienne et riche de sa mythologie. Si on veut parler du jeu vidéo en tant qu’art, on peut commencer en citant Shadow of the Colossus.

 

Flower (2009)

Le concept du gameplay est simple et poétique au possible : vous dirigez le vent et devez collecter des pétales de fleurs. Trop court, le jeu vous fera pourtant ressentir plus de choses que des jeux dix fois plus longs. Vous incarnez le vent et chacun de vos souffles redonne vie aux paysages qui vous entourent. Abstrait et minimaliste. Il est clair que Flower est une expérience différente de ce que vous avez l’habitude de voir en jouant à un jeu. Et l’art, c’est aussi ça. Donner de nouvelles perspectives, proposer des idées et des concepts différents, même si le reste du jeu n’est pas nécessairement à la hauteur de sa réflexion artistique.

 

Limbo (2010)

D’un point de vue vidéoludique, rien d’exceptionnel. Limbo est paralysé par un gameplay basique et sans surprises. Mais, car il y a un mais, l’atmosphère lugubre et le style monochrome de chaque écran transportent sans faute le joueur dans son univers légèrement perturbant. C’est une aventure émotionnelle qui dénote de ce que l’on peut trouver habituellement sur sa console. Vous dirigez un enfant muet dans une forêt granuleuse et à l’ambiance sonore sinistre. Limbo, à défaut de vous proposer un gameplay novateur, mettra votre sensibilité à rude épreuve. De l’art, peut-être pas, mais un concept équivalent à l’histoire plus étoffée et développé par un Tim Burton aurait été considéré comme tel.

 

Journey (2012)

Purifié des différentes broderies qui sclérosent souvent l’écran des jeux vidéo habituels, Journey propose une aventure qui vous fera réfléchir à l’ensemble du spectre émotionnel humain en l’espace de quelques heures. Rien que ça. Avec un héros qui n’en est pas un car il vous représente directement, vous arpentez un désert en quête d’une montagne au sommet lumineux, toujours visible au dernier plan de l’écran. Chaque minute, une nouvelle toile est peinte, chaque minute vous vous retrouvez davantage dans cette mystérieuse silhouette, et lorsque l’aventure s’achève, vous serez transformé. Vous ne verrez plus le jeu vidéo de la même façon. Parler d’art pour le jeu vidéo est prématuré ? Oui, mais Journey prouve que c’est possible.

 

Ori and the Blind Forest (2015)

Il ne faut pas démarrer l’aventure en pensant jouer à un vrai Metroidvania. Déjà parce que le jeu n’en a pas les épaules, et ensuite parce que ce n’est pas son intérêt. Il ne s’agit pas de révolutionner le jeu de plate-forme, mais de raconter une belle histoire dans un environnement engageant pour le joueur. Si vous avez vu des images du jeu, on ne vous apprendra rien en écrivant que la direction artistique est fantastique, éclatante de couleurs et de minutie. Aucun élément du jeu ne réapparait deux fois : chaque arbre, rocher, rayon de lumière et goutte d’eau est dessiné individuellement, faisant des planches 2D d’Ori de véritables tableaux qui vous régaleront les yeux. Le jeu nous présente un esprit de la forêt, Ori, chassé de chez lui suite à une catastrophe et adopté par Naru, à l’allure d’un ours de l’univers Ghibli. Leur relation se développe rapidement et vous affectera après seulement quelques minutes de jeu. Pas besoin d’être un grand sensible pour comprendre la qualité du jeu, car quoi qu’il arrive, Ori and the Blind Forest vous fera fondre le coeur.

 

Grand Theft Auto ne sera jamais Le Parrain. Mais comme tous les films sont loin d’être des oeuvres d’art, certains jeux peuvent sans problème aller décrocher le titre à leur place. Il faut cependant faire attention à ne pas confondre qualité artistique et intérêt en tant que jeu vidéo pur et dur. La beauté stylistique d’un jeu ne garantit pas nécessairement un gameplay novateur ou maitrisé. Pensez-vous que le jeu vidéo sera un jour considéré comme un art à part entière par l’ensemble de la population ?

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