Aller au contenu principal

Entre horreur et fantastique, plongez dans les jeux vidéo inspirés des oeuvres de Howard Phillips Lovecraft

Angoissants, monstrueux, aux limites du monde connu, les récits chers à Howard Phillips Lovecraft ont inspiré et inspirent encore de nombreux auteurs dans le monde entier. En littérature, jeux de rôle ou encore jeux vidéo, les personnages, l’intrigue et la narration de l’inventeur de la « fantasy noire » ont fait l’objet de multiples adaptations. Héros perdant la raison, cosmogonie occulte, fragilité des protagonistes de l’histoire, il a même créé indirectement un nouveau genre de jeu vidéo, le « survival horror ». Retour sur la contribution majeure d’un des maîtres de l’horreur du XXe siècle.

Né en 1980 dans le Nord-Est des Etats-Unis, cet auteur tourmenté à passé sa vie à produire des récits d’horreur, de fantastique et de science-fiction sous forme de romans ou de nouvelles. Publiés dans des magazines spécialisés dans la science-fiction, ses textes sont décrits par le magazine Weird Tale comme décrivant un monde mythique, un reflet du monde réel, mais où des forces obscures et surhumaines cherchent à y rétablir leur ancienne domination sur l’humanité.

En effet cette description colle parfaitement au Mythe de Cthulhu, publié en février 1928. C’est dans ce livre qu’apparaît Azathoth, maître des Grands Anciens, appelé le Dieu aveugle et idiot, dont on dit qu’il est responsable du Big Bang. Juste en dessous sont cités Nyarlathotep (le messager des dieux, qui pourrait être considéré comme un Dieu perverti de la Terre), Cthulhu qui sommeille dans la cité de R’lyeh (Dieu perverti de l’eau), ou Hastur (« Celui dont on ne prononce pas le nom », Dieu perverti de l’air). Outre l’invention d’une cosmogonie particulière, Lovecraft montre dans ses récits que l’homme ne peut pas comprendre la vie tout entière et qu’un certain univers fantastique mais bien réel lui est profondément étranger.

Dans ses œuvres, ceux qui raisonnent véritablement, souvent des enquêteurs et autres policiers et détectives mettent toujours en péril leur santé mentale. Devenant au passage souvent fous et internés en hôpital psychiatrique. Au cœur de l’histoire c’est donc le trouble, la solitude du héros qui, dans une quête de vérité, perd souvent la raison. Parfois, le savoir des hommes attire des créatures malignes et, d’autres fois, est détruit par des monstres qu’ils ont créés eux-mêmes : dans la nouvelle « Herbert West, réanimateur », un scientifique ramène des morts à la vie mais ces derniers sont effroyablement choqués, deviennent déments, et finissent par se venger du docteur West.

Lovecraft ne s’est pas arrêté à la création de personnages marquants et a aussi créé la dark fantasy. En effet, dans l’univers lovecraftien, les héros jouent les apprentis sorciers en utilisant un savoir occulte comme c’est le cas dans le Nécronomicon, ce livre de culte et de magie des temps des Grands anciens appelé aussi le livre des morts. Précurseur de ce nouveau sous-genre, il l’oriente vers une ambiance très sombre et proche de l’apocalypse, où le bien laisse place au mal et les héros sont souvent fatigués et abattus par les épreuves qu’ils ont subies. En partant donc d’une mentalité pessimiste, l’auteur nous présente la plupart du temps une œuvre évoluant dans un contexte psychologiquement oppressant pour le lecteur ou les personnages, et peut également délivrer les détails des combats. Cela leur donne une dimension plus violente et parfois assez proche de l’horreur.

Bestiaire de créatures, héros esseulé perdant la raison, l’univers trouble et malsain de Lovecraft confond le réel et le fantastique. Ce nouvel univers de fiction inspire rapidement de nombreux auteurs dans les domaines de la littérature, du jeu de rôle, de la bande dessinée et bien sûr, des jeux vidéo. Dans cette dernière catégorie, Lovecraft est l’un des auteurs littéraires les plus adaptés et a même directement influencé un type de jeu, le survival horror qui est un sous-genre du jeu d’action-aventure.

Même si certains aspects du survival horror peuvent être semblables aux jeux d’action-aventure, le gameplay diffère de façon à ce que le joueur ne puisse pas avoir facilement le dessus sur les dangers qui guettent son personnage. Dans le but de rendre le joueur impuissant face au jeu, ses munitions, son énergie ou sa rapidité d’action sont limitées. De plus, contrairement aux jeux d’action, l’aspect de combat est minimisé au profit de la survie et de la résolution d’énigmes. La saga de jeux Alone in the Dark (1982) en est l’exemple parfait.

Le jeu de 1992 développé par Infogrames est librement inspiré des nouvelles de l’écrivain et des films de George A. Romero. Il situe ses histoires dans un vieux manoir de Louisiane réputé hanté par les habitants des alentours. Ce scénario effrayant l’est d’autant plus que le propriétaire de la demeure s’est récemment donné la mort. Pour enquêter, le joueur peut choisir d’incarner le détective privé Edward Carnby ou la nièce du défunt, Emily. A sa sortie, le jeu fut encensé par la presse pour sa réalisation et son ambiance. De plus, les éléments placés par les développeurs pour rendre hommage à l’auteur améliorent considérablement la qualité de l’oeuvre : on peut notamment apercevoir le Nécronomicon durant l’exploration de la maison hantée.

Autre jeu, sorti sur Nintendo GameCube en 2002, « Eternal Darkness : Sanity’s Requiem », s’inspire lui aussi abondamment de l’œuvre de Lovecraft, que ce soit dans le bestiaire ou l’intrigue, il incorpore de la même façon les états d’altération de la santé mentale des différents personnages jouables.

Les développeurs ne se contentent pas de s’inspirer des oeuvres de l’auteur et certains choisissent d’adapter directement son travail. Ainsi, « Call of Cthulhu : Dark Corners of the Earth », sorti en 2005, s’inspire de la nouvelle « Le Cauchemar d’Innsmouth » et adapte certaines scènes stricto sensu et plonge le joueur dans la peau d’un détective nommé Jack Walters qui, en 1915, enquête dans une maison occupée par les membre d’un culte pour le moins bizarre. 7 ans plus tard, le personnage sort d’un asile psychiatrique, sans se souvenir de ce qui lui est arrivé. Reprenant son poste de détective, il est envoyé dans la ville d’Innsmouth pour mener l’enquête sur la disparition d’un homme. Son investigation va l’opposer au reste de la ville et le plongera dans les sombres secrets d’Innsmouth.

Plus tard, d’autres adaptations directes des oeuvres du maître de l’horreur verront le jour telles que « Call of Cthulhu : Dark Corners of the Earth », « Shadow of the Comet » ou encore « Darkness Within : À la poursuite de Loath Nolder » sorti en 2007. Certains développeurs ont aussi fait le choix de lui rendre hommage en faisant cohabiter ses histoires avec celles d’auteurs mondialement renommés. C’est notamment le cas dans « Les Aventures de Sherlock Holmes : La Nuit des sacrifiés« , où les univers de Arthur Conan Doyle et H. P. Lovecraft s’assemblent le temps du jeu.

Que ce soit dans les jeux vidéo, les jeux de rôle, la littérature ou le cinéma, l’œuvre de Lovecraft a inspiré et inspirera encore de nombreux auteurs pour créer des univers angoissants. Considéré par Stephen King comme « le plus grand artisan du récit classique d’horreur du vingtième siècle », Howard Phillips Lovecraft a su créer des récits mythiques, aussi horrifiques qu’intrigants et parfaitement adaptés à des adaptations vidéoludiques. Quel est, d’après vous, le jeu le mieux adapté de l’oeuvre de Lovecraft ?

Par Ronan Le Goff, le

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *