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Au Japon, les femmes subissent toujours d’importantes discriminations. Alors que le Premier ministre, Shinzo Abe (qui vient d’annoncer sa démission), avait promis une amélioration de leur statut, force est de constater que cette promesse ne s’est pas réalisée. Entre discriminations à l’embauche, injonctions vestimentaires au travail, culture du silence en cas de viol, le Japon se classe à la 121e place, sur 153, au Forum économique mondial en matière d’égalité entre les femmes et les hommes.

Une sous-représentation constante

C’était une promesse du désormais ex-Premier ministre japonais, Shinzo Abe : en 2014, il promettait de créer une société“les femmes brillent”. Dans un pays vieillissant, permettre à une majorité de femmes d’accéder au marché du travail aurait pour conséquence de développer l’économie. Le Premier ministre trouve même un nom à cette politique : « womenomics ».

Pourtant, après 6 ans au pouvoir, les résultats se font toujours attendre. En effet, les femmes occupent toujours moins de 12 % des emplois de direction d’entreprise, loin de l’objectif de 30 % pour 2020 affiché par Shinzo Abe en 2014. Bien que le travail des femmes ait augmenté durant son mandat de 52,2 %, plus de la moitié d’entre elles occupent des emplois à mi-temps ou contractuels. Leur situation au travail est donc précaire.

Sur le plan politique, le problème est le même : seulement 15 % des législateurs sont des femmes, rappelle ABS-CBS News. Au sein du propre cabinet de M. Abe, sur 20 membres, seulement 3 sont des femmes. Le chiffre est exactement le même au gouvernement, où seulement 3 femmes sont ministres, sur les 20 que compte l’exécutif. Avec de tels chiffres, on peut comprendre pourquoi la situation n’évolue pas. Yayoi Kimura en a fait l’amère expérience : membre de la Chambre des représentants, elle a tenté de faire passer une loi prévoyant un allègement fiscal pour les parents non mariés. Face à elle, certains de ses collègues masculins ont argué que les mères célibataires sont souvent les maitresses d’hommes riches ou des carriéristes qui n’ont pas besoin d’aide du gouvernement. Face à de tels préjugés sexistes, on comprend mieux pourquoi les lois en faveur des femmes sont plus que rares.

Des discriminations sous-jacentes qui empêchent les femmes d’accéder à l’égalité

Au travail, les discriminations sexuelles sont constantes. Ainsi, en plus du manque de représentativité, les femmes sont contraintes d’obéir à des lois d’entreprise qui vont jusqu’à les faire souffrir : ainsi, dans de nombreux domaines de la vie économique, elles sont contraintes de porter des talons hauts au travail, mettant leur santé en danger. Face à cette discrimination, en 2019, des femmes avaient lancé une pétition pour mettre fin à cette règle implicite. Un mouvement est né : #KuToo, contraction de « kutsu » (chaussure) et « kutsuu » (souffrance), sur le modèle de #MeToo, lancé par l’actrice Yumi Ishikawa. Elle a également lancé une pétition, qui continue actuellement de recueillir des signatures (actuellement, elle en compte 32 848). Les militantes de ce mouvement s’insurgent contre la quasi-impossibilité pour une femme d’obtenir un emploi et de le garder si elle ne se soumet pas à cette règle. Le ministre du Travail de l’époque, Takumi Nemoto, a répondu que cette obligation était « socialement acceptée » et « professionnellement nécessaire et appropriée ».

D’autres discriminations sont faites aux femmes dans le monde du travail, comme l’interdiction implicite de porter des lunettes. Yumi Ishikawa porte également ce combat, et explique que « la racine du problème, c’est que [certaines entreprises] ont des règlements applicables seulement aux femmes, comme l’interdiction des lunettes ou l’obligation d’utiliser des cosmétiques, des règles qui sont excessives ». Ainsi, nombre d’entreprises nippones interdisent aux femmes de porter des lunettes au travail, car cela ferait « meilleure impression ». Une femme de 28 ans expliquait à l’Agence France-Presse que le manuel de son entreprise précise que les lunettes donnent « au visage une expression de froideur ». Un autre problème sous-jacent est le peu de places disponibles en crèche. Ainsi, une femme politique a fait un geste fort : Yuka Ogata, membre du conseil municipal de Kumamoto, arrive au conseil municipal avec son bébé qu’elle allaite, pour alerter sur le manque d’aide dont souffrent les mères. Il lui est demandé de sortir : contrainte par la suite d’emmener son bébé au travail, elle doit s’absenter régulièrement pour l’allaiter, ce qui lui a même fait rater un vote. Dans ce pays, 7 femmes sur 10 arrêtent de travailler après avoir eu un enfant.

Au Japon, la culture du viol est omniprésente. Ainsi, Shiori Ito, figure du léger mouvement #MeToo qui a pris racine dans l’archipel, avait dû fuir son pays après avoir raconté un viol qu’elle avait subi. Dans ce pays, la tradition veut que les victimes de viol se taisent. Dans un livre, elle raconte qu’elle a probablement été droguée par un présentateur de télévision qui lui avait fait miroiter une carrière aux États-Unis, puis violée dans une chambre d’hôtel. À son tour accusée de diffamation, son violeur a toutefois fini par être condamné par la justice, premier pas vers une reconnaissance du viol. Aucun des 3 candidats au poste de Premier ministre, tous masculins, ne semble prêt à faire évoluer les choses de façon drastique.

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Steve
Steve
3 années

« Au Japon, la culture du viol est omniprésente » Non mais vous racontez n’importe quoi !!! Je ne sais pas qui est cette journaliste, mais c’est pas du journalisme, ça Que diriez vous de la France, alors, où la racaille viole impunément, et où les magistrats gauchistes (comme cette journaliste, manifestement),… Lire la suite »