Dans une découverte marquante sur les effets de l’activité humaine sur la faune, des chercheurs en Nouvelle-Zélande ont révélé que les mouches de pierre indigènes d’Aotearoa ont modifié leur couleur en réponse directe à la déforestation. Ce phénomène pourrait représenter « l’exemple le plus évident » d’évolution animale déclenchée par les activités humaines, selon l’université d’Otago. L’étude récente, publiée dans la revue Science, suggère qu’il ne faut pas nécessairement des millénaires pour observer les effets de l’évolution ; parfois, les changements sont visibles en l’espace de quelques décennies si l’environnement naturel subit des transformations radicales.
Une adaptation chromatique pour la survie
Les mouches de pierre, en particulier celles du genre Zelandoperla, offrent un exemple frappant de cette adaptation rapide. Pour explorer l’impact de la déforestation, les scientifiques ont analysé 1 204 spécimens provenant de 19 habitats différents, répartis entre zones boisées et régions déboisées. Les résultats montrent des changements adaptatifs significatifs chez ces insectes, qui modifient leur couleur en fonction de la présence ou de l’absence de leurs prédateurs et d’espèces toxiques qu’ils imitent pour se défendre.
Dans les forêts, Zelandoperla adopte une coloration plus sombre, une stratégie d’adaptation qui l’aide à se fondre dans son environnement. Cette coloration est également un moyen de tromper ses prédateurs : en imitant la teinte foncée de l’espèce toxique Austroperla cyrene, ces mouches deviennent moins vulnérables. Les prédateurs, généralement des oiseaux, évitent les insectes sombres, les associant à un goût désagréable et potentiellement dangereux. Cependant, ce camouflage évolué dépend de l’environnement forestier et de la cohabitation avec l’espèce toxique.
Dans les zones où la forêt a été détruite par les activités humaines, ce mécanisme de défense a perdu de son utilité. L’espèce toxique et les oiseaux prédateurs ont quitté ces espaces dégradés, rendant la coloration sombre de Zelandoperla obsolète. Produire la pigmentation foncée, contrôlée par le gène ébène, demande de l’énergie ; dans un environnement sans prédateur et sans espèce toxique, cette dépense énergétique devient inutile, et l’insecte développe des teintes plus claires.
Les preuves génétiques de l’impact humain
Les chercheurs ont confirmé le lien entre ces changements de couleur et la déforestation en réalisant des analyses génétiques sur les échantillons prélevés. Ils ont observé une fréquence réduite de l’allèle « ébène » dans les populations de mouches vivant dans des zones déboisées depuis 550 à 750 ans. En revanche, les zones boisées et les habitats récemment déboisés conservent une proportion plus élevée de cet allèle, confirmant que les mutations sont directement liées à l’absence de forêt et aux nouvelles conditions de l’habitat.
Cette découverte ajoute des éléments concrets au débat sur l’impact des activités humaines sur l’évolution des espèces. Alors que le changement climatique et la destruction des habitats naturels sont des sujets de préoccupation mondiale, certains scientifiques remettent encore en question la possibilité d’une influence humaine directe sur le processus évolutif. Dans ce cas précis, l’adaptation rapide de Zelandoperla fournit un exemple clair et vérifiable d’évolution adaptative en réponse à une pression environnementale d’origine humaine.
Un exemple de résilience animale
Le cas des mouches de pierre n’est pas sans rappeler celui du papillon de nuit en Grande-Bretagne, qui aurait développé une teinte plus sombre en réponse à la pollution de l’ère industrielle sur les bâtiments et les arbres. Bien qu’elle soit souvent utilisée comme illustration du « mélanisme industriel », des études plus récentes ont mis en doute le fait que la situation soit plus nuancée que cela.
Les scientifiques sont cependant certains que l’évolution de Zelandoperla présente des données plus convaincantes. Le Dr Graham McCulloch, coauteur de l’étude, souligne que cet exemple montre que certaines espèces indigènes possèdent une capacité d’adaptation rapide qui leur permet de faire face aux bouleversements environnementaux d’origine humaine.
L’étude a également relevé que les adaptations de coloration des mouches de pierre sont similaires dans des populations isolées géographiquement, ce qui indique que l’évolution peut suivre des schémas prévisibles lorsqu’elle répond à des pressions environnementales comparables. La déforestation, bien que destructrice, semble entraîner une réponse cohérente et parallèle parmi les populations de Zelandoperla dispersées à travers le territoire. Par ailleurs, voici 10 insectes si énormes qu’ils vont vous faire frissonner d’horreur… ou de fascination.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: IFL Science
Étiquettes: insectes, déforestation
Catégories: Animaux & Végétaux, Actualités
En France, il y a plus de forêts aujourd’hui qu’il y en avait au Moyen Âge. Alors, avant d’écrire ce genre de théorie, il faudrait vérifier la réalité des choses………