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Depuis le meurtre de George Floyd par Derek Chauvin le 25 mai, les manifestations font rage aux États-Unis et dans le reste du monde. Nous pouvons même estimer qu’elles ont eu des effets positifs sur la société, puisque des statues racistes ont été renversées, des entreprises ont commencé à soutenir les populations noires et à valoriser la diversité, et beaucoup de personnes peu concernées auparavant ont commencé à se mobiliser.

Toutefois, ce soutien et cette mobilisation sont parfois peu appropriés et participent même au racisme ordinaire : nous pensons à ces influenceurs qui, dans l’optique de soutenir le mouvement Black Lives Matter, ont fait des blackfaces, une pratique inacceptable quelles qu’en soient les circonstances et les intentions. Saint Hoax, satiriste et activiste socio-politique, a fortement condamné ces comportements dans une publication Instagram en partageant des captures d’écran des influenceurs concernés et en racontant l’histoire du blackface, et pourquoi il est inacceptable.

Il critique leur manque d’humilité, eux qui déclarent connaître un sujet alors qu’ils n’en savent rien puisqu’ils font des blackfaces, pratique humiliante, raciste et douloureuse s’il en est. « Comment pouvez-vous « faire connaître » un sujet que vous connaissez si peu ? Si vous vous souciez vraiment d’une cause, le moins que vous puissiez faire est de vous renseigner à ce sujet », déclare Saint Hoax. « Il est rageant que nous devions encore éduquer les gens sur l’histoire raciste et douloureuse du blackface. Nous ne devrions pas avoir cette conversation en 2020 », ajoute-t-il. Deux des influenceurs critiqués dans la publication de Saint Hoax ont depuis rendu leurs comptes Instagram privés.

Souhila Ben Lachhab est une influenceuse algérienne. Sur une de ses publications Instagram, elle se révèle à moitié noire et dans la légende elle écrit : « Nous sommes un. Ce n’est pas parce que nous sommes noirs à l’extérieur que nous sommes noirs à l’intérieur. Les gens racistes ont de vrais cœurs noirs. Ils sont noirs à l’intérieur, bien qu’ils ne le sachent pas. » Elle est rejointe par l’influenceuse Tania Saleh, qui a effectué un montage photo d’une femme noire avec son propre visage. Lorsque ses abonnés ont critiqué son blackface dans les commentaires, elle a répondu qu’elle avait « posté cela avec amour et je ne le supprimerai pas malgré tous vos commentaires offensants ». Rashmi Zurail Mann est même allée plus loin en publiant un « tuto de maquillage » où elle réalisait son blackface et écrivait des mots sur sa poitrine. La vidéo a depuis été retirée et l’influenceuse s’est excusée.

Le blackface est fondamentalement raciste, et ce, pour deux raisons. En premier lieu parce qu’il avait pour but principal de caricaturer les Noirs et de se moquer d’eux. Ces moqueries condensaient tous les clichés racistes attribués aux Noirs à l’époque : personnages stupides, criminels, paresseux, aux grosses lèvres et à la peau très noire. Des acteurs BLANCS peignaient donc grossièrement leur visage en noir dans le cadre de ces spectacles de « ménestrels ». Nous en venons donc au deuxième aspect fondamentalement raciste du blackface : rappelons qu’à l’époque, les artistes noirs n’étaient pas autorisés sur scène. Pourquoi ce type de spectacles ? Pour divertir les Blancs bien sûr. Cela était d’autant plus problématique que ces spectacles influençaient la vision que les Blancs avaient des Noirs. Ils renforçaient ainsi le racisme dans une époque où ce genre de représentation était très souvent la seule que les spectateurs avaient des Noirs. Par conséquent, ils se sentaient supérieurs et se persuadaient que l’esclavage était justifié.

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Benoit
Benoit
3 années

« Le blackface est fondamentalement raciste, et ce, pour deux raisons. En premier lieu parce qu’il avait pour but principal de caricaturer les Noirs et de se moquer d’eux. » Oui en tant qu’activité de moquerie, mais se maquiller en noir pour montrer son support ne l’est pas. Dans ce… Lire la suite »