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Maîtrisés mi-février et déclarés terminés début mars, les feux de brousse massifs ayant sévi en Australie ont brûlé de nombreuses forêts d’eucalyptus et laissé les sols trops secs pour absorber les précipitations. Mais il s’avère aujourd’hui que les arbres touchés commencent à montrer des signes de rétablissement, avec l’apparition de jeunes pousses sur leurs flancs.

Une capacité de rétablissement menacée par l’intensification du changement climatique

Au cours de la dernière saison des feux de forêt, plus d’un cinquième des forêts d’eucalyptus du pays ont été brûlées. Et comme le montre ce rapport publié dans la revue National Hazards and Earth System Sciences, le changement climatique a augmenté la probabilité de feux de brousse de 30 % depuis 1900. Aujourd’hui, les experts se penchent sur la manière dont l’Australie se redressera, et changera, à long terme. « Plutôt qu’un effondrement des écosystèmes, je pense que nous pourrions assister à un changement des écosystèmes », déclare Michael Doherty, écologiste spécialiste des plantes.

Dans son ouvrage intitulé World Fire, l’historien Stephen Pyne décrit l’Australie comme un « continent de feu », dont les arbres ont développé plusieurs stratégies pour faire face aux épisodes intenses de feux de forêt. Les eucalyptus font ainsi pousser des touffes de « feuillage d’urgence », appelées feuilles épicormiques, à partir de leur tronc calciné, ce qui stimule la photosynthèse jusqu’à ce que les feuilles de leur canopée repoussent (voir photo ci-dessous).

Bien que ces nouvelles pousses montrent que, sous l’écorce brûlée, les arbres sont encore vivants, la violence des derniers incendies a été telle qu’ils auront probablement besoin d’un certain répit pour se rétablir complètement. Répit que de nombreuses espèces d’arbres adaptées au feu n’obtiendront pas, étant donné que le changement climatique augmente la fréquence des feux de forêt. Il s’avère par ailleurs que les incendies ont laissé derrière eux un environnement propice aux inondations : l’air chaud contenant davantage d’humidité que l’air plus frais, les nuages ont recueilli davantage d’eau, et les sols n’ont pas été en mesure d’absorber ces précipitations abondantes.

« Nous avons aujourd’hui atteint un point de basculement en Australie »

« Nous écrivons depuis de nombreuses années que le changement climatique est un multiplicateur de stress environnemental », avance Lesley Hughes, climatologue à l’université Macquarie. Afin de quantifier la contribution du changement climatique d’origine humaine à la dernière saison des feux de brousse, les chercheurs ont utilisé des modèles climatiques et constaté que la survenue des vagues de chaleur semblables à celle s’étant produite cette année, en même temps que les incendies, est aujourd’hui dix fois plus probable qu’elle ne l’était en 1910.

D’autres régions sujettes aux incendies, comme l’ouest des États-Unis, subissent depuis plusieurs années les conséquences de l’intensification du changement climatique, avec certaines parties des forêts de la Sierra Nevada en Californie se transformant en champs d’arbustes. Tandis que les spécialistes estiment que les forêts de pins de Yellowstone pourraient se transformer en prairies permanentes.

Si l’Australie venait à perdre ses forêts, des espèces endémiques comme les koalas, dont les forêts d’eucalyptus constituent l’habitat naturel, seraient en grand danger. « Malheureusement, nous avons aujourd’hui atteint un point de basculement en Australie, avec tant de saisons chaudes et sèches, qu’elles impactent les programmes de plantation pour inverser la perte d’habitat », estime Rebecca Montague-Drake, écologiste travaillant pour le compte du Koala Recovery Partnership.

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