Vue sur la côte de Napali sur l’île de Kauai, Hawaii — Alexander Demyanenko / Shutterstock.com

La vie des îles volcaniques n’est pas un long fleuve tranquille. En effet, elles sont loin d’être éternelles et certaines d’entre elles se font rapidement engloutir par les océans. Par exemple, alors que les îles Canaries subsistent depuis maintenant plus de 20 millions d’années, certaines îles Galapagos se sont déjà noyées. Récemment, des scientifiques se sont demandé pourquoi la durée de vie n’est pas la même entre les différentes îles du monde. Un phénomène qui serait dû à deux facteurs, selon leur nouvelle étude : la vitesse de la tectonique des plaques et la taille du panache mantellique, autrement dit une remontée de roches anormalement chaudes.

Comment expliquer la durée de vie des îles dans le monde ?

Les îles volcaniques se forment lorsque de chauds panaches de roches surgissent de la croûte terrestre. Lorsque les plaques tectoniques sont en mouvement mais que les panaches restent immobiles, davantage d’îles peuvent se former. Ce phénomène naturel entraîne alors la formation de diverses îles, que l’on appelle des archipels. Néanmoins, les conditions météorologiques perturbent constamment le développement des îles. C’est la raison pour laquelle certaines sont englouties par les océans. Jusqu’à présent, les spécialistes avaient du mal à déterminer quels facteurs permettent d’expliquer que certaines îles disparaissent plus facilement que d’autres.

Dans une étude publiée le 1er janvier 2020 dans le journal Science Advances, des scientifiques de l’Institute of Technology du Massachusetts sont enfin parvenus à montrer pourquoi certaines îles subsistent plus longtemps que d’autres. Pour cela, ils ont étudié l’évolution de 14 importantes îles volcaniques du monde. Ils ont alors analysé la vitesse et la direction de déplacement des plaques tectoniques de ces îles en les comparant au point situé juste en dessous. Puis ils ont mesuré la longueur de chaque houle, formée lorsque le panache mantellique surélève les eaux autour de l’île, ce qui rend les fonds marins alentour plus profonds.

Afin de poursuivre leurs études, les scientifiques sont allés encore plus loin : ils ont divisé les longueurs de ces houles par la vitesse de déplacement des plaques. Résultat : ils ont pu déterminer combien de temps une île volcanique peut être sur une houle, ce qui a de ce fait permis de déterminer combien de temps elle est restée sous l’eau. Grâce à ces comparaisons, les scientifiques ont pu constater une similitude entre le temps passé au-dessus d’une houle et celui passé sous le niveau de la mer. La longévité d’une île dépendrait donc de la vitesse de sa plaque tectonique et de la taille du panache mantellique. Ainsi, lorsqu’une île se forme sur une plaque tectonique qui se déplace rapidement, elle risque d’avoir une durée de vie plus courte, expliquent les scientifiques. Au contraire, lorsqu’elle forme un panache de grande taille, l’île subsiste plus longtemps.

Hawaï : une île qui ne risque pas d’être engloutie sous l’eau dans les prochaines années

Parmi les îles à travers le monde, celles d’Hawaï font d’ailleurs partie des plus chanceuses en matière de longévité, rapportent les chercheurs. En effet, même si ces îles reposent sur des plaques tectoniques du Pacifique qui se déplacent rapidement, elles reposent sur un panache de très grande taille que les scientifiques considèrent encore aujourd’hui comme étant le plus grand du globe. Les îles d’Hawaï ne risquent donc pas d’être englouties par les eaux, et ce, pas avant des millions d’années.

Les îles Galapagos sont également situées sur des plaques tectoniques qui bougent rapidement. Pourtant, la plupart d’entre elles ont déjà été englouties par les océans. Pour quelle raison ? En effet, les scientifiques expliquent que ces îles reposent sur un panache beaucoup plus petit que celui des îles hawaïennes. C’est la raison pour laquelle elles vivent moins longtemps que d’autres. Alors que ces îles disparaissent, d’autres vivent depuis maintenant plus de 20 millions d’années. C’est le cas des îles Canaries qui font partie des plus anciens archipels à travers le monde. En effet, elles sont situées sur une plaque tectonique de l’Atlantique qui bouge lentement et sur un panache de grande taille. Elles bénéficient donc d’une grande longévité.

Vue sur la plage de Las Teresitas et le village de San Andres, Santa Cruz, Tenerife, Îles Canaries — Nik Bruining / Shutterstock.com

La longévité d’une île permettrait de mieux comprendre l’évolution de la faune et de la flore

Grâce à leur étude, les chercheurs ont également montré que la longévité d’une île joue un rôle essentiel dans l’évolution des plantes qui y poussent et des animaux qui y vivent et s’y reproduisent. « Si une île passe longtemps au-dessus du niveau de la mer, cela offre beaucoup de temps à la spéciation pour s’étendre. Mais si vous avez un archipel où il y a des îles qui se noient à un rythme plus rapide, cela affectera donc la capacité de la faune à se répandre sur d’autres îles« , explique également Kimberly Huppert dans un communiqué.

Autrement dit, la vitesse de déplacement d’une plaque tectonique et la taille d’un panache permettent d’aider les scientifiques à mieux comprendre l’évolution des espèces animales et végétales. « Les Galapagos sont comme un tapis de course très rapide, avec des îles qui se déplacent très rapidement, avant peu de temps pour s’éroder, et c’est le système qui a amené les gens à découvrir l’évolution« , a conclu Leigh Royden, co-chercheur de l’étude et professeur de sciences atmosphériques et planétaires au MIT.

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