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Le premier postulat de l’étude menée par Rickard Carlsson et Ulrich Schimmack est de s’opposer à celle de Johnson, Tress, Burke et Cesario, qui avaient conclu qu’il n’y avait aucune preuve de parti pris racial contre les civils noirs lorsque la police avait recours à la force fatale. Selon Shimmack et Carlsson, les auteurs de la première étude ont mal analysé leurs résultats. 

UNE DISPARITÉ RACIALE DRAMATIQUE

Au moyen des données récoltées par Tress, Burke, Johnson et Cesario, Rickard Carlsson et Ulrich Schimmack ont démontré qu’il existait bien une disparité dramatique dans l’usage de la force par les services de police entre les jeunes hommes blancs et les jeunes hommes noirs. Tress, Burke, Johnson et Cesario ont rapporté qu’il n’y avait « aucune preuve de disparités anti-Noirs ou anti-hispaniques lors des fusillades [fatales] » par les policiers. Cette affirmation serait basée sur les résultats d’une étude qui suggérait qu’« une personne tuée par balle par la police était 6,67 fois moins susceptible d’être noire que blanche ». Selon Schimmack et Carlsson, ces affirmations sont trompeuses, les résultats rapportés ne s’appliquant qu’à un sous-ensemble de victimes et ne prenant pas en compte le fait que le nombre de victimes blanches puisse être plus élevé tout simplement parce que la majorité des citoyens américains sont blancs, et non pas pour des question raciales.

La précédente étude manque en outre de diversification et de représentativité de la population afro-américaine ; elle a été réalisée dans un comté où il existe 4 fois plus de citoyens blancs (50 %) que de citoyens noirs (12 %). Il est toutefois important de souligner que ni l’original ni la constatation de Schimmack et Carlsson ne traitent des causes des disparités raciales parmi les victimes d’un recours mortel à la force de la part de la police. Leurs résultats ne font que confirmer d’autres résultats récents selon lesquels il existe des disparités raciales et qu’elles sont particulièrement importantes pour les jeunes hommes.

LES JEUNES HOMMES NOIRS ONT 13 FOIS PLUS DE RISQUES D’ÊTRE TUÉS PAR LA POLICE

Bien que le recours à la force avec des citoyens qui souffrent d’un problème de santé mentale soit important, un autre groupe d’intérêt sont les jeunes hommes non armés et en bonne santé mentale (non suicidaires). Pour examiner les disparités raciales dans ce groupe, Schimmack et Carlsson ont travaillé différemment ; ils se sont concentrés sur des jeunes victimes d’une vingtaine d’année, des jeunes hommes qui ne possédaient aucune arme, qui ne présentaient aucun signe de problèmes de santé mentale et qui n’étaient pas suicidaires. Ils ont effectué cette étude dans un comté où l’on peut trouver des proportions égales de citoyens noirs et blancs. Les résultats suggèrent que les victimes présentant ces caractéristiques sont 13,67 fois plus susceptibles d’être noires que blanches. Il existe donc un contraste frappant entre les résultats publiés précédemment et la conclusion de Schimmack et Carlsson.

DES FAITS CORROBORÉS PAR D’AUTRES ÉTUDES PRÉCÉDEMMENT RÉALISÉES

Contrairement aux affirmations précédentes, les données de ces derniers (Schimmack et Carlsson) sont tout à fait cohérentes avec la perception du public selon laquelle les jeunes hommes afro-américains seraient plus souvent victimes d’un usage mortel de la force par les forces de police.

Les résultats de l’étude menée par Schimmack et Carlsson sont corroborés par d’autres études déjà effectuées sur le sujet, et par les nombreuses statistiques que nous pouvons trouver concernant la situation des Afro-Américains aux Etats-Unis. Par exemple, en août 2019, une étude prouvait que les hommes noirs avaient 2,5 fois plus de risques que les blancs d’être tués par la police. Chez les femmes, ce taux est de 1,4. Des chercheurs considèrent que 1 personne noire sur 1 000 mourra du fait de violences policières. Ces chiffres sont encore plus troublants chez les jeunes, puisque 1,5 % des morts des Noirs âgés entre 20 et 24 ans sont causées par la police, ce qui en fait l’une des causes de mortalité principales pour cette catégorie démographique, après le cancer. « Ces chiffres sont élevés. Vous avez plus de risques d’être tué par la police que de gagner de l’argent avec des jeux à gratter« , explique Frank Edwards, de l’université Rutgers

Ces études sont finalement corroborées par les faits en eux-mêmes : nous voyons souvent les meurtres d’Afro-Américains faire la une des journaux. Nous pensons aux cas de Trayvon Martin, Michael Brown et Tamir Rice, mais également à ceux de Philando Castile, Eric Garner, Freddie Gray… Une liste de plus en plus longue qui ne semble malheureusement pas pouvoir s’arrêter, ce que déplore le mouvement Black Lives Matter, créé en 2013 à la suite du meurtre de Trayvon Martin.

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