Lundi 19 mars, 124 médecins ont signé une tribune dans Le Figaro qui vise à interdire les médecines alternatives comme la mésothérapie, l’acuponcture et surtout l’homéopathie.

 

UN MÉDICAMENT PAS COMME LES AUTRES

Le principe de l’homéopathie repose sur l’observation du docteur Hahnemann que le remède à une maladie peut également déclencher cette maladie chez une personne saine. Pour soigner le patient, il faut donc provoquer des symptômes similaires à ceux qu’il a déjà en diluant des principes actifs dont l’efficacité n’a d’ailleurs jamais été prouvée.

Cependant, en raison des dilutions extrêmes réalisées, la solution ne contient absolument pas de principe actif et le traitement est donc inefficace.

Ce ne sont pas des médicaments comme les autres dans la mesure où il n’ont pas besoin de prouver leur efficacité, mais seulement d’apporter des gages de sécurité. Nombre de travaux scientifiques ont échoué à prouver leur efficacité et aux États-Unis, les fabricants de remèdes homéopathiques doivent, depuis 2016, le préciser sur les boîtes.

Mais alors comment expliquer l’efficacité de ce pseudo-remède dans certains cas ? Il a été prouvé que sous l’effet d’un placebo – un traitement jugé convaincant et affublé d’un nom compliqué préconisé par un médecin persuasif – le cerveau commandait à l’organisme de se mobiliser en produisant lui-même ses remèdes : substances anti-douleur, anti-inflammatoires, amphétamines, et même dopamine pour les patients atteints de la maladie de Parkinson.

Certaines personnes estiment également qu’en achetant de l’homéopathie, elles s’éloignent des grands circuits pharmaceutiques classiques, une vision erronée puisque les marques de médicaments homéopathiques appartiennent aux mêmes grands groupes.

 

DES RISQUES MULTIPLES

Les signataires de la tribune pointent du doigt trois risques majeurs liés à l’utilisation de l’homéopathie. Le premier se situe dans l’essence même du produit : si donner un placebo à un patient ne l’aidera pas à guérir, cela peut, dans certains cas, s’avérer grave et dangereux ; comme c’est le cas chez un patient atteint d’un cancer pour lequel la prise d’homéopathie augmente le délai de diagnostic et augmente donc la mortalité.

Sans être forcément dangereux, les faux remèdes contribuent également à soigner l’inutile en surmédicalisant la population : des maladies virales comme le rhume ne nécessitant pas forcément de traitement disparaissent d’elles-mêmes en quelques jours. Le troisième problème vient du fait que le succès de l’homéopathie instaure une certaine méfiance envers la médecine traditionnelle : le succès des spécialistes de l’homéopathie entraîne une diminution du nombre de praticiens traditionnels et utiles.

 

DES MESURES DEMANDÉES PAR LES SIGNATAIRES

Le traité n’a pas peur des mots et n’hésite pas à parler de « charlatans » proposant des traitements « sans aucun fondement scientifique ». Pour les médecins indignés, ces praticiens vont à l’encontre du serment d’Hippocrate qui fait promettre aux médecins de soigner le patient, de ne pas le tromper et ne comprend aucune clause sur la possibilité de leur administrer des placebos à base de sucre.

La méthode engendre des coûts inutiles pour le système et les signataires insistent sur le coût de revient de la médecine homéopathique, remboursée à 30 % par la Sécurité sociale à une époque où le financement des soins est déjà compliqué.

Face à ce constat, les signataires de la tribune demandent au Conseil de l’Ordre des médecins et aux pouvoirs publics de « ne plus autoriser à faire état de leur titre les médecins ou professionnels de santé qui continuent à les promouvoir », de « ne plus reconnaître » ces pratiques comme médicales et ne plus en fournir l’enseignement. Ils préconisent aussi d’alerter sur leur inefficacité et leur potentiel danger, ainsi que leur déremboursement de la Sécurité sociale.

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