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Des cerveaux momifiés révèlent que les Européens consommaient déjà de la cocaïne au XVIIe siècle

On estimait jusqu’à présent que des quantités limitées de feuilles de coca avaient été exportées par les conquistadors espagnols

Momie Cocaine
— Stefania Valvola / Shutterstock.com

L’analyse des tissus cérébraux de deux individus inhumés au cours des années 1600 dans une crypte milanaise a révélé des traces de cocaïne, contribuant à réécrire l’histoire de cette drogue sur le continent européen.

Des niveaux inattendus de cocaïne

Les feuilles de coca sont mâchées depuis des milliers d’années en Amérique du Sud, dont cette plante aux propriétés stimulantes est originaire, mais il a fallu attendre le XIXe siècle pour que son principe actif (la cocaïne) soit isolé pour la première fois par des chimistes européens.

Alors que l’on estimait jusqu’à présent que l’exportation vers le Vieux Continent de la coca par les conquistadors espagnols, dès le XVIe siècle, avait été relativement limitée, de nouvelles recherches publiées dans le Journal of Archaeological Science suggèrent une réalité bien différente.

Gaia Giordano, de l’université de Milan, et ses collègues ont prélevé de minuscules échantillons de tissu cérébral sur 9 dépouilles momifiées naturellement, inhumées au XVIIe siècle dans une crypte de l’ancien hôpital Ca’ Granda, qui soignait notamment les Milanais les plus démunis. Leur analyse chimique a révélé des niveaux inattendus de cocaïne, ainsi que la présence d’hygrine, composé libéré lors de la mastication de feuilles de coca.

cocaïne
© Sten Porse / Wikimedia Commons

« La cocaïne disparaissant généralement de l’organisme au bout de quelques mois, la présence de cette molécule dans des cerveaux vieux de près de quatre siècles était surprenante », souligne Giordano.

Auto-médication ou usage récréatif

Le fait que les archives de l’hôpital ne mentionnent pas la prescription de feuilles de coca avant le XIXe siècle laisse penser que ces deux individus se sont auto-médiqués ou mâchaient la plante à des fins récréatives.

Globalement, ces découvertes indiquent que des quantités nettement plus importantes que prévu de feuilles de coca étaient exportées au cours du XVIIe siècle, et que les habitants de Milan, qui faisait alors partie de l’Empire espagnol, y avaient facilement accès et connaissaient leurs propriétés.

En décembre dernier, la même équipe avait trouvé pour la première fois des traces de cannabis dans des ossements humains pré-modernes.

Par Yann Contegat, le

Source: New Scientist

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