Symbole de nos campagnes et animal des plus ordinaires, le hérisson serait pourtant une espèce en danger. Les associations appellent à une prise de conscience et à des décisions rapides pour venir en aide à cet animal emblème de la biodiversité.

L’EXEMPLE DU ROYAUME-UNI

« Là où dans les campagnes il y avait cent hérissons, il n’y en a plus que trois à présent ! On estime qu’ils auront quasiment disparu d’ici à 2025, dans à peine dix ans ». C’est le constat alarmant dressé par plusieurs ONG françaises qui souhaitent la création d’un statut prioritaire pour venir au secours de l’espèce. Protégé en France depuis 1981, le hérisson est pourtant seulement classé comme « préoccupation mineure » sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.

Outre-Manche, la population de hérissons est passée de 36.5 millions dans les années 50 à 1.55 million seulement en 1995. Selon plusieurs études, ce déclin se poursuit et les populations auraient perdu de 30 % de leurs effectifs en ville, à 75 % dans les campagnes. Face à cette crise, ce sont près de 43 000 volontaires répartis entre 800 centres de soin qui se mobilisent pour sauver le hérisson britannique. Comme l’indique Jean-Xavier Duhart coordinateur du réseau d’associations Sauvons le hérisson : « il n’y a aucune raison que la situation soit différente de celle de l’Angleterre ; elle doit même être pire puisque l’on utilise davantage de pesticides, qui intoxiquent ces mammifères ».

LES PESTICIDES ET LA CIRCULATION AUTOMOBILE MIS EN CAUSE

Si Jean-Xavier Duhart évoque le danger des pesticides, la première menace pour les hérissons reste avant tout le trafic automobile. Christian-Philippe Arthur, le président de la Société française pour l’étude et la protection des mammifères indique que ce serait entre 1 et 3 millions d’hérissons qui seraient tués chaque année sur les routes. Un chiffre multiplié par 3 ou 4 en quarante ans.

Derrière le danger des voitures, on retrouve donc les pesticides qui sont ingurgités par les hérissons soit directement en mangeant des granulés soit indirectement en dévorant des proies (escargots, insectes etc.) elles-mêmes imprégnées de ces substances toxiques. La France est l’un des pays européens qui consomment le plus de ces pesticides, avec une consommation en hausse régulière, ce qui renforce d’autant plus la menace pour nos hérissons.

Parmi les autres facteurs de la disparition de l’espèce, on peut aussi souligner la faim, les prédateurs, les noyades et les autres causes liées pour la plupart à la transformation du territoire des hérissons. Face aux mutations de leur habitat imposées par l’homme, ces animaux doivent parcourir des distances plus importantes pour trouver de la nourriture, des abris pour hiberner etc… et sont donc plus facilement exposés aux dangers et aux risques de périr.

COMMENT PROTÉGER LES HÉRISSONS ?

Si le sort des hérissons inquiète tant les associations c’est que l’espèce est importante à la survie de notre écosystème. C’est ce que souligne notamment Nathalie de Lacoste chargée d’étude des mammifères au Muséum national d’Histoire naturelle, qui indique que « en restaurant l’habitat des hérissons (haies, végétation naturelle, bocages), on améliore celui d’autres êtres vivants, comme les insectes, les escargots, limaces, araignées. C’est aussi un animal qui sonne l’alerte sur l’état des écosystèmes. »

Mais alors que faire pour sauver l’espèce ? Les ONG concernées en appellent notamment aux politiques. Alors qu’un bénévole va être jugé pour détention illégale d’espèce protégée, elles demandent notamment la création d’un statut spécifique. « Nous demandons au futur ministre de l’environnement de prendre un arrêté pour donner un statut légal aux bénévoles. L’arrêté en vigueur, qui date de 2000, est trop complexe et décourage les gens pour aider ou ouvrir un centre de soins » rapporte Jean-Xavier Duhart qui rappelle qu’on ne trouve à l’heure actuel en France seulement 500 bénévoles pour 22 centres de soin.

Premières avancées dans la prise de conscience collective face à la disparition des hérissons, une pétition lancée l’année dernière a dépassé les 80 000 signatures et a été soutenue par de nombreuses personnalités politiques (Yannick Jadot, Laurence Abeille, Pascal Durand ou encore Corinne Lepage). Hélène de Romans qui gère un centre de soin dans le Main-et-Loire rappelle tout de même la nécessité de se mobiliser au plus vite pour sauver cette espèce : « on ne peut pas attendre dix ans d’avoir des statistiques qui prouvent le déclin. C’est maintenant qu’il faut agir. »

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