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Quand l’Australie déclarait la guerre aux émeus et l’a perdue

Un conflit improbable et désastreux entre l’Homme et l’animal

émeus
— © JJ Harrison / Wikimedia Commons

La guerre est un phénomène qui a marqué l’histoire de l’humanité à travers les âges. Mais parmi les nombreux conflits qui ont opposé les hommes entre eux, il en est un qui sort de l’ordinaire. Il s’agit de la guerre que l’Australie a menée contre les émeus, ces grands oiseaux incapables de voler, en 1932. Comment ce conflit improbable a-t-il éclaté ? Quelles ont été ses conséquences ? Et surtout, qui en est sorti vainqueur ?

Les origines du conflit : des fermiers en détresse

Tout commence après la Première Guerre mondiale. De nombreux soldats australiens se retrouvent sans emploi. Le gouvernement leur attribue des terres agricoles dans la région de Campion, en Australie-Occidentale. Ils doivent y cultiver du blé et y élever des moutons.

Mais les fermiers vont vite se heurter à un problème de taille : les émeus (Dromaius novaehollandiae). Ces grands oiseaux endémiques d’Australie ont l’habitude de migrer vers l’intérieur des terres après leur saison de reproduction. Attirés par les cultures et les points d’eau aménagés par les fermiers, ils envahissent les champs par milliers (on estime leur nombre à 20 000) et causent d’importants dégâts. Ils dévorent le blé, détruisent les clôtures et laissent passer les lapins, qui aggravent la situation.

Les fermiers, déjà touchés par la crise économique et la chute des prix du blé, voient leurs revenus s’effondrer. Ils demandent alors au ministre de la Défense, Sir George Pearce, de leur venir en aide. Celui-ci accepte de leur prêter des mitrailleuses et des soldats pour exterminer les émeus. Il pense ainsi soutenir les anciens combattants et leur offrir une occasion de s’entraîner au tir.

La bataille contre les émeus : un affrontement inégal

En novembre 1932, une troupe de soldats armés de mitrailleuses Lewis se rend à Campion sous le commandement du major G. P. W. Meredith. Leur mission : éliminer la majorité des émeus qui infestent la région. Ils disposent de 10 000 cartouches et peuvent tirer 500 balles par minute.

Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu. Les émeus se révèlent être des adversaires redoutables. Ils sont rapides (ils peuvent courir jusqu’à 50 km/h), résistants (ils peuvent encaisser plusieurs balles sans mourir) et intelligents (ils se dispersent en petits groupes dès qu’ils entendent des coups de feu).

Les soldats ont essayé différentes stratégies pour atteindre leur objectif. Ils ont essayé de repousser les émeus vers leurs positions avec l’aide des fermiers, mais en vain. Pour traquer les oiseaux en mouvement, ils ont monté une mitrailleuse sur un camion, mais le véhicule n’était pas adapté au terrain accidenté et il était impossible de viser. Ils ont tiré sur des troupeaux entiers, mais n’ont fait que quelques victimes à chaque fois.

— © Pickering Brook Heritage / Wikimedia Commons

Une fin de guerre inattendue : un échec cuisant

Après quelques jours de combat, les soldats ont épuisé 2 500 cartouches, mais le bilan des pertes chez les émeus reste incertain. Certains rapports parlent de 50 oiseaux tués, d’autres de 200 à 500. Quoi qu’il en soit, la population d’émeus ne semble pas avoir diminué et continue à ravager les cultures.

L’affaire fait grand bruit dans la presse australienne, qui se moque ouvertement des soldats incapables de vaincre des oiseaux sans défense. Le Parlement australien s’en mêle et décide de mettre fin à l’opération militaire, jugée ridicule et inefficace. Les troupes sont rappelées et laissent les fermiers se débrouiller seuls avec leur problème.

En 1934, le gouvernement leur fournit des armes et des munitions pour qu’ils puissent chasser les émeus eux-mêmes. Il envisage également d’autres solutions, comme la construction de clôtures pour protéger les champs. Au total, 57 034 émeus sont abattus en six mois, mais la guerre est loin d’être gagnée.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: ZME Science

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