tunnels
Image d »illustration — © Deror avi / Wikimedia Commons

Des grottes gigantesques, appelées “paleomadrigueras”, ont été découvertes dans le sud de l’Amérique. Elles n’ont pas été formées par des processus géologiques ou par l’Homme, mais par une espèce de paresseux disparue il y a des milliers d’années. Ces animaux étaient aussi grands que des éléphants et avaient de puissantes griffes. Ils ont peut-être croisé la route des premiers humains, qui les ont chassés pour se nourrir.

La découverte des tunnels

L’un des premiers à explorer ces tunnels fut le professeur de géologie Heinrich Frank, qui en repéra un sur un chantier de construction dans le village de Novo Hamburgo, au Brésil. Il s’aventura à l’intérieur et fut surpris par la taille et la forme de la cavité. Il remarqua aussi des traces de griffes sur les murs et le plafond, qui lui firent penser qu’il ne s’agissait pas d’une formation naturelle.

Par la suite, Frank et son équipe ont découvert plus de 1 500 tunnels dans la région du Rio Grande do Sul, dont le plus long mesure 609 mètres de long et 1,8 mètre de haut. Ils ont estimé que ces grottes dataient de 8 000 à 10 000 ans et qu’elles avaient été creusées par plusieurs générations d’animaux.

Les tunnels sont généralement circulaires ou ovales, avec un diamètre moyen de 1,4 mètre. Ils suivent un tracé sinueux et présentent parfois des bifurcations ou des intersections. Certains tunnels sont remplis de sédiments ou de débris végétaux, tandis que d’autres sont encore accessibles.

L’identité des creuseurs

Les scientifiques ont identifié les responsables de ces travaux titanesques : il s’agissait d’une espèce de paresseux géants, appelée Megatherium americanum. Ces mammifères pouvaient atteindre une longueur maximale de 6 mètres et peser jusqu’à 4 tonnes. Ils étaient végétariens, mais leurs griffes leur servaient à se défendre et à creuser le sol.

Le fondateur de la paléontologie, Georges Cuvier, avait déjà émis cette hypothèse au XIXe siècle, en observant les fossiles de ces animaux. Il avait remarqué que leurs griffes étaient adaptées pour percer la terre et non pour grimper aux arbres, comme le font les paresseux actuels.

Les paléofouilles sont principalement concentrées dans le sud du Brésil, ce qui suggère que l’aire de répartition des paresseux géants était limitée. On ignore pourquoi ils creusaient ces tunnels : peut-être pour se protéger des prédateurs, pour se déplacer plus facilement ou pour trouver de la nourriture.

paresseux géants
— © DiBgd / Wikimedia Commons

Les relations avec les humains

Les paresseux géants ont coexisté avec les premiers humains qui peuplaient l’Amérique du Sud. Il existe des preuves que ces derniers les ont chassés pour se nourrir ou pour se procurer leur fourrure. Des marques de coupure ont été trouvées sur des os de mégathérium, ce qui indique qu’ils ont été découpés par des outils en pierre.

Une étude menée en 2018 a révélé que des empreintes fossilisées d’humains et de paresseux trouvées dans l’Utah témoignaient d’une interaction entre les deux espèces. Les traces montrent que les humains “traquaient et/ou harcelaient activement les paresseux, lorsqu’ils ne les chassaient pas”.

La chasse excessive pourrait avoir contribué à l’extinction des paresseux géants, qui a eu lieu il y a environ 10 000 ans. Les chercheurs continuent d’étudier les paléofouilles pour mieux comprendre le mode de vie et le destin de ces animaux fascinants.

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