Il y a de ces espèces qui, contre toute attente, après avoir été désignées comme éteintes, reviennent parmi nous. Les scientifiques appellent d’ailleurs les habitants à rechercher ces fameuses « espèces Lazare ». C’est ce qui est arrivé avec cette grenouille d’Equateur, que l’on pensait éteinte depuis 30 ans, mais qu’un petit garçon a su « ramener à la vie ».

Une espèce répandue puis disparue

L’Atelopus Ignescens, appelée également la grenouille Jambato, était autrefois si répandue en Equateur qu’on pouvait la retrouver dans les maisons, les enfants jouaient avec et elle était même utilisée dans la médecine comme ingrédient pour des remèdes. C’était une espèce endémique d’Equateur. Elle était très abondante au nord du pays, dans les Andes. On pouvait la retrouver le long des rivières ou des cours d’eau autour de la capitale Quito.

Mais elle a soudainement disparu. La population de ses grenouilles au ventre orange a commencé à décliner au début des années 80. Sa dernière observation enregistrée date de 1988, l’espèce avait été annoncée éteinte depuis. « Elle était si présente dans la communauté équatorienne que nous n’aurions jamais pensé qu’elle pourrait disparaître » a déclaré Luis Coloma du Centre Jambatu pour la recherche et la conservation des amphibiens. Sa disparition a principalement été causée par la chrytridiomycose, une maladie infectieuse fatale pour les amphibiens, et les changements climatiques.

L’Atelopus Ignescens était sur la liste des espèces disparues de l’UICN depuis 1988

À la recherche de l’espèce disparue 

En 2016, dans un dernier espoir de faire revenir cette espèce disparue, les scientifiques ont offert une récompense de 1000 dollars pour toute personne capable de retrouver la grenouille. Cette initiative avait surtout pour but de sensibiliser à la conservation des amphibiens. Mais contre toute attente, la grenouille Jambato a été retrouvée.

Un petit groupe de ces amphibiens noirs au ventre orange a été découvert par un petit garçon parti à la recherche de cette espèce disparue avec sa famille. Un jour, en examinant un buisson, il est tombé nez à nez avec cette mystérieuse grenouille qu’il n’avait encore jamais vu. Après avoir effectué quelques recherches, il a pu réclamer son prix et permettre à cette espèce de « revenir à la vie ».

 

Nouveau défi : sécuriser l’espèce

Les scientifiques ont alors pu récupérer cette petite colonie de 43 grenouilles Jambato afin de les préserver. L’objectif était de les faire se reproduire en laboratoire pour permettre la survie de cette espèce. La tâche fut compliquée. « Pendant plusieurs mois, les grenouilles s’accouplaient, mais ne pondaient pas d’œufs. Nous avons donc décidé de les déplacer dans un enclos extérieur » se rappelle Luis Coloma « Quand nous avons finalement découvert les œufs, nous étions comme Thomas Edison lorsqu’il a vu pour la première fois une ampoule électrique. C’était extraordinaire. »

Les têtards sont aujourd’hui en pleine forme. Bien que la découverte d’espèces disparues devient de plus en plus populaire ces dernières années, « la population est toujours faible, ce qui met naturellement sa survie en danger » affirme Alessandro Catenazzi de l’Université d’Illinois du Sud. Pour lui, la reproduction en laboratoire peut être utilisée en « dernier recours » contre l’extinction d’une espèce.

La reproduction en laboratoire serait une « lueur d’espoir » pour la conservation de certaines espèces
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