Sectionner et reconnecter une tête sur un corps, c’est la pari fou de ce chirurgien italien. Avec cette expérience, ce rêve pourrait devenir une réalité. Un pas de plus dans la médecine vers la greffe de tête vient d’être accompli. 

Un premier pas vers la greffe de tête

Depuis bien longtemps, Sergio Canavero a pour ambition de greffer une tête humaine sur un autre corps. Après la publication des résultats de sa dernière étude dans la revue CNS Neurosciences, ce rêve pourrait bien devenir réalité. En effet, le chirurgien italien décrit dans son article comment il a réussi à sectionner puis reconnecter la moelle épinière de rongeurs, tout en les gardant en vie.

L’équipe de chercheurs a travaillé sur un groupe de souris. Ils ont utilisé une substance particulière, le polytéthylène glycol (PEG) afin de favoriser la fusion de membranes cellulaires et des fibres nerveuses. Des scientifiques auraient auparavant utilisé le PEG pour lier des moelles épinières de chiens et créant ainsi un animal à deux têtes. En avril dernier, Sergio Canavero décrivait dans un article comment il avait réussi à greffer une tête de souris sur le corps d’une autre. Il a alors obtenu des rongeurs à deux têtes qui ont vécu en moyenne 36 heures.

En avril, Sergio Canavero avait greffé la tête d’une souris sur le corps d’une autre
© CNS Neuroscience & Therapeutics 2017

Reconnecter la moelle épinière

Lors de son expérience, Sergio Canavero et son équipe ont sectionné la moelle épinière de 15 souris. Ils ont ensuite administré du PEG a neuf rat pour guérir la blessure et six n’ont eu qu’une solution saline témoin. Les deux groupes ont alors pris des antibiotiques pendant 72 heures. Au final, les rongeurs ayant reçu du PEG ont retrouvé leur fonctions motrices au bout de quatre semaines. Ils pouvaient même remarcher. Les souris ont pu survivre un mois après cette opération, à l’exception d’une qui est morte plus tôt.

Quelle conclusion peut-on en tirer ? Pour les auteurs de l’étude, une section de la moelle épinière s’avère désormais réversible. Cette expérience permet donc d’entrevoir de possibles traitements contre des paralysies chez l’homme. Même si des progrès ont été faits en rapport au soin des lésions de la moelle épinière, aucune des techniques utilisées ne permettent vraiment de rétablir toutes les fonctions sensori-motrices.

Du polyéthylène glycol a été utilisé comme « colle » pour reconnecter les moelles épinières des souris

Une ambition controversée

Sergio Canavero avait d’ores et déjà annoncé en 2015 sa volonté de réussir la première greffe de tête d’ici 2017. Un patient russe, Valery Spiridonov, s’était porté volontaire pour fournir sa tête lors de l’opération envisagée par Sergio Canavero et Xiaoping Ren, un chirurgien chinois. La réussite des greffes de têtes de souris permettrait à cette opération de devenir une réalité.

Mais elle pose encore des questions d’éthique. Le chirurgien italien souhaite dès à présent reproduire son expérience sur des chiens dans les mois qui viennent, avant de passer à la phase finale : la greffe de tête sur un homme. Sergio Canavero pourrait donc bientôt devenir le Frankenstein des temps modernes.

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