Initiée en 2008, la grande muraille verte s’étend à travers 11 pays au sud du Sahara, de Dakar à Djibouti. Elle a pour vocation de lutter contre l’extension du désert et de régler des problèmes sociaux, économiques et environnementaux.

LA DÉSERTIFICATION DES SOLS AU SAHEL

La désertification constitue l’une des grandes menaces du XXIe siècle pour les pays du Sahel, au sud du Sahara. Elle correspond à l’appauvrissement et au dessèchement des sols qui finissent par ne plus être fertiles. Ce phénomène est dû au déboisement et à la surexploitation des sols par l’activité humaine, qui utilise les terres pour la culture, le pâturage et la construction, mais aussi à la pollution et à l’effet de serre qui entraînent des sécheresses. Cela se produit souvent en bordure des déserts.

Le Sahara avance de 2 km par an environ. Ainsi, c’est 650 000 km² de terres arables qui ont ainsi été dégradées en 50 ans, soit l’équivalent de la surface de la France. Au nord du Sénégal, une végétation abondante et de nombreux animaux ont, depuis 50 ans, disparu suite à la sécheresse. Or, les populations subsahariennes dépendent de leurs terres et des ressources naturelles pour vivre.

 

UNE GIGANTESQUE BARRIÈRE VÉGÉTALE COMME SOLUTION

Dans le but d’éviter la dégradation des sols et de lutter contre la désertification, la création d’une immense barrière végétale a été initiée par l’Union Africaine en 2008. Elle doit permettre de bloquer le vent et le sable en provenance du désert et d’améliorer la qualité du sol en apportant des nutriments. Cette barrière traverse 11 pays, de Dakar à Djibouti. Elle devrait devenir la plus grande structure vivante du monde et atteindre 3 fois la taille de la grande barrière de corail, avec une longueur de 7800 km et une largeur de 15 km.

Le projet a démarré au nord du Sénégal. Tous les ans, au moment de la saison des pluies, les hommes labourent le sol et plantent de jeunes arbres dans des parcelles de 500 hectares, clôturées pour empêcher le bétail de passer. Ainsi, 2 millions de plants sont mis en terre chaque année depuis 2008, avec l’objectif de multiplier par 20 la densité en arbres. Les arbres plantés, souvent des acacias du Sénégal, sont capables de survivre en climat aride.

 

LE DÉVELOPPEMENT SOCIO-ÉCONOMIQUE DES COMMUNAUTÉS LOCALES

Les résultats commencent à être visibles au Sénégal, avec des arbres plantés au début du programme atteignant aujourd’hui 2 mètres de haut et le retour de certaines espèces d’oiseaux qui avaient disparu. Le processus de reboisement est très lent, mais bien réel. 40 000 hectares ont été reboisés sur 817 500. De même, 15 000 hectares de terres ont été restaurés en Ethiopie.

Le projet permet aussi d’assurer le développement socio-économique des communautés locales en créant des activités génératrices de richesse et en multipliant les ressources et les dérivés économiques. Au Sénégal, les femmes s’occupent aujourd’hui de jardins maraîchers et récoltent des fruits et légumes. La production est destinée à l’autoconsommation et à la vente sur les marchés, apportant aux femmes un revenu. Ces jardins ont ainsi permis aux éleveurs de diversifier leur activité et de limiter les effets du surpâturage. Au Nigeria, ce sont 20 000 emplois qui ont été créés.

Aujourd’hui, le reboisement n’est plus la priorité. L’idée initiale s’est transformée en une multitude de défis. La muraille verte a ouvert la voie à de nouveaux projets dans les pays subsahariens pour lutter contre le réchauffement climatique et améliorer les conditions de vie des populations locales : lutte contre l’érosion des sols et gestion de l’eau au Nigeria, projets pour le développement agroalimentaire au Sénégal, ou encore gestion des forêts au Mali.

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