Une étude d’envergure a récemment établi un lien entre la présence de graisse brune et l’amélioration de la santé cardiaque et métabolique. Des travaux qui confirment l’hypothèse suggérant que ce type de tissu adipeux confère de larges bénéfices pour la santé.

Des dizaines de milliers de scanners analysés

L’organisme abrite différents types de tissus adipeux, le plus courant étant connu sous le nom de graisse blanche, dont nous essayons tous de nous débarrasser, et qui constitue la grande majorité des cellules adipeuses de notre corps. Considérée comme beaucoup plus active sur le plan métabolique, la graisse brune est quant à elle composée de quantités plus importantes de mitochondries riches en fer qui permettent à l’organisme de la brûler rapidement. S’il avait été montré que ce type de graisse était présent en grandes quantités chez les bébés, les scientifiques pensaient auparavant que nous perdions par la suite la capacité d’en générer.

En 2009, une équipe a constaté que la graisse brune était toujours présente chez les adultes en petites quantités. Une découverte ayant déclenché une vague de travaux visant à trouver des moyens de transformer la graisse blanche en graisse brune pour traiter l’obésité ainsi que d’autres troubles métaboliques.

Cellule adipeuse brune — © Scientific Animations / CC BY-SA 4.0

Jusqu’à présent, le principal obstacle concernant la recherche d’éventuels effets bénéfiques de la graisse brune se résumait à la difficulté à détecter ce type particulier de tissu adipeux. Dans le cadre de cette nouvelle étude publiée dans la revue Nature Medicine, Tobias Becher et ses collègues de l’université Rockefeller se sont appuyés sur une méthode d’imagerie médicale connue sous le nom de tomographie par émission de positons (TEP).

Afin d’obtenir un aperçu des effets de la graisse brune sur une large population, les chercheurs ont examiné les données de plus de 50 000 patients ayant subi des scanners TEP pour l’évaluation de routine du cancer. Après avoir ajusté l’influence des différents types et stades de cancer, les chercheurs ont pu établir une corrélation significative entre la présence de graisse brune et un certain nombre de conditions cardiométaboliques.

L’analyse des scans TEP de plus de 50 000 sujets a révélé une corrélation entre les niveaux de graisse brune détectables et une meilleure santé métabolique et cardiaque — © Courtesy of MSKCC radiologists Andreas G. Wibmer and Heiko Schöder

Une corrélation significative

Leurs recherches ont confirmé que la présence de graisse brune était associée à une prévalence plus faible de plusieurs maladies chroniques. Les sujets présentant de la graisse brune étaient significativement moins susceptibles d’être atteints de diabète de type 2, et cette dernière était également associée à des niveaux plus faibles d’hypertension et de maladies coronariennes.

« Alors que l’obésité est généralement associée à une diminution de la fonction de la graisse brune, les personnes obèses chez qui l’activité de la graisse brune perdure semblent être protégées contre les affections liées à l’excès de poids », écrivent les auteurs de l’étude. « Cette notion soutient en outre le potentiel de la graisse brune comme cible thérapeutique au-delà de la perte de poids elle-même, comme moyen de dissocier l’obésité de la maladie. »

Si les scientifiques savaient que la graisse brune était utilisée comme source d’énergie par l’organisme de façon beaucoup plus précoce, son association avec des taux plus faibles d’hypertension suggère qu’elle pourrait engendrer des bénéfices plus larges pour la santé.

« Nous envisageons la possibilité que le tissu adipeux brun fasse plus que consommer du glucose et brûler des calories, et participe peut-être même à la signalisation hormonale vers d’autres organes », explique Paul Cohen, co-auteur de l’étude.

— My_Gook / Shutterstock.com

Différentes pistes explorées pour pousser l’organisme à produire davantage de graisse brune

Ces dernières années, un grand nombre de recherches se sont concentrées sur l’identification de moyens permettant de pousser l’organisme à produire davantage de graisse brune, ou de transformer la graisse blanche préexistante en sa cousine plus bénéfique sur le plan métabolique. Les méthodes proposées allant des hormones qui imitent l’exercice physique aux injections de nanoparticules, en passant par les médicaments et même les thérapies géniques qui pourraient agir comme « interrupteurs de graisse ».

« La question qui vient naturellement est : Que puis-je faire pour avoir plus de graisse brune ? », estime Cohen. « Nous n’avons pas encore de réponse définitive à cette interrogation, mais il s’agira d’un domaine de recherche passionnant pour les scientifiques dans les années à venir. »

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