Avec l’évolution des nouvelles technologies, des satellites, etc., l’archéologie ne se limite plus aux longues, laborieuses et poussiéreuses fouilles sur le terrain. Les archéologues peuvent maintenant découvrir de nouveaux vestiges grâce à des photographies satellites. DGS vous explique tout ça.
A moins d’avoir une carte très précise des régions où l’on pense qu’il existe des vestiges archéologiques, en trouver pour de bon reste une chose difficile. Il faut des mois et des mois de recherche dans les archives, de récolte d’informations un peu partout dans le monde pour mettre le doigt sur une zone en particulier. Parfois, la chance vient également y mettre son grain de sel. Heureusement, depuis plusieurs décennies, de nouvelles technologies ont fait leur apparition pour aider les archéologues dans leur tâche parfois fastidieuse.
Sarah Parcak est une égyptologue britannique qui travaille justement avec ces moyens technologiques pour trouver de nouvelles traces de l’existence d’une ancienne capitale de l’Égypte antique, Tanis. Pour cela, elle utilise un procédé qui lui permet d’explorer le relief égyptien, et plus précisément la zone autour du delta du Nil, à la recherche de cette cité : l’imagerie satellite. Un moyen qui s’est développé depuis quelques années et qui se démocratise peu à peu dans le milieu archéologique. Ces scientifiques sont d’ailleurs surnommés des « archéologues spatiaux » à cause de ces procédés.
D’ailleurs, Sarah Parcak renchérit et justifie l’utilisation de ces moyens : « Une image vaut mille mots. Une image satellite vaut des millions de dollars. » Concrètement, l’utilisation de l’imagerie satellite en archéologie permet de découvrir des traces d’anciennes structures (comme des villes, des monuments) enfouies sous terre et donc invisibles à l’œil nu, qu’on se trouve à la surface ou au-dessus de la Terre, dans l’espace. Le Lidar fait partie de ces technologies. DGS vous avait déjà parlé de cette technologie qui avait aidé à la découverte d’une ancienne cité cambodgienne. Son utilisation s’est répandue dans le monde, tout comme d’autres outils du genre.
Pour trouver des traces de la cité de Tanis, Sarah Parcak a utilisé l’imagerie satellite par infrarouge. Un procédé qui permet de refléter des bouts du spectre électromagnétique invisible à l’œil nu. Les relevés de la zone en question ont ainsi mis en évidence des tracés de couleurs différentes, qui représentent différentes densités. Et ça tombe bien puisque les égyptiens avaient pour habitude de construire leurs habitations avec de la boue et des sédiments du Nil, qui sont plus denses que le sol autour. « Maintenant, nous avons une carte très précise d’une des capitales les plus importantes de l’Égypte antique. »
En un sens, les technologies utilisées pour ces découvertes sont comparables à l’utilisation de Google Earth, sauf que dans ces cas, c’est beaucoup plus compliqué. William Saturno, professeur assistant d’archéologie à l’Université de Boston explique : « Si vous regardez quelque chose sur Google Earth, vous avez accès à des données produites par satellite, vous n’avez pas accès aux données en elles-mêmes. Vous n’avez accès qu’à ce qui a été préparé pour vous à partir de ces données. »
Au contraire, les scientifiques utilisent des longueurs d’onde de lumières différentes sur des images produites par la NASA ou des satellites à haute résolution. Cela leur permet de rendre visible ce qui ne l’est pas à l’œil nu, révélant des informations parfois cachées dans les reliefs et la végétation terrestre. Pourtant, Willaim Saturno précise que ces technologies, notamment le Lidar, ne permettent pas de voir à travers la végétation : « Ce qu’il fait réellement est de bombarder le paysage avec un grand nombre d’impulsions laser, à peu près un million toutes les quatre ou cinq secondes, qui heurtent le sol puis sont renvoyées par ricochet vers les capteurs du satellite. » Les capteurs mesurent alors le temps qu’il a fallu pour que les impulsions reviennent du sol vers le satellite. Un GPS capte les données pour géolocaliser les coordonnées exactes.
Parmi les autres découvertes qui ont été rendues possibles avec l’utilisation de ces capteurs contrôlés à distance, il y a notamment la technique utilisée par les habitants de l’Île de Pâques pour transporter les fameuses statues de pierre de la carrière jusqu’au bord des côtes. Les habitants qui ont érigé ces blocs de pierre les ont fait traîner sur plusieurs kilomètres, comme l’ont indiqué des relevés enregistrés grâce à ces nouvelles technologies.
L’autre utilisation primordiale de l’imagerie satellite dans l’archéologie se trouve dans la lutte contre les pillages de tombeaux et de vestiges. Sarah Parcak explique : « J’ai commencé à entendre des rumeurs de pillages de sites à la fin du mois de janvier 2011 et j’ai pu avoir une image en très haute résolution dès la moitié du mois de février. Je pouvais voir des centaines de sites de pillages, et ils n’étaient localisés qu’à un seul endroit. Maintenant, près de trois ans après, nous avons répertorié près de 10 000 de ces « puits de pillage » et assisté à une augmentation d’environ 1 000% de pillage au total. »
La valeur estimée des objets dérobés s’élève à un milliard voire deux milliards de dollars. La recherche et la détection de ces sites de pillages permet ensuite de transmettre les coordonnées aux administrations compétentes qui peuvent faire en sorte d’arrêter ces exactions. « Nous perdons notre passé plus vite que nous pouvons le cartographier. L’imagerie satellite est le seul moyen que nous avons pour cartographier les motifs de pillage efficacement. » explique Sarah Parcak.
Quand on voit le bond qu’a fait l’archéologie grâce à l’imagerie satellite, on ne peut qu’être impressionné ! On espère que le nombre de découvertes archéologiques se multipliera avec le temps et que les scientifiques déterreront de nouvelles cités perdues ou des vestiges qui nous en apprendront plus sur les mystères des civilisations d’autrefois comme Héracléion ou ces cinq structures archéologiques dont les origines restent toujours inexpliquées. Pensez-vous qu’il nous reste encore beaucoup de choses à découvrir dans le monde ?
Par Corentin Vilsalmon, le
Source: Mashable