Si le spectacle d’un gorille se frappant la poitrine constitue assurément l’un des plus iconiques du règne animal, jusqu’à récemment les scientifiques ignoraient les raisons exactes les poussant à adopter un tel comportement.
Des démonstrations de force « honnêtes »
Pour cette nouvelle étude publiée dans la revue Scientific Reports, des primatologues de l’Institut Max Planck d’anthropologie ont passé plus de 3 000 heures à observer des gorilles des montagnes dans le Parc national des volcans au Rwanda. Leurs observations ont révélé que les fréquences émises lorsque les grands singes frappaient leur poitrine reflétaient leur taille. Ces dernières constituant des facteurs importants pour la dominance sociale et la reproduction, la communiquer contribue à intimider des rivaux et à attirer des partenaires potentiels.
Se dressant sur leurs pattes arrière lorsqu’ils se frappent la poitrine, les gorilles ne se servent pas de leurs poings, contrairement à ce que de nombreux films suggèrent, mais de leurs paumes. Bien que ces battements rapides puissent être entendus à plus d’un kilomètre de distance, les auteurs de l’étude ont enregistré ces fréquences à une distance bien plus réduite. Entre 2014 et 2016, plus de 500 enregistrements audio de 25 mâles ont été réalisés, complétés par des clichés de chacun des individus afin de pouvoir effectuer des mesures corporelles.
Une entreprise particulièrement ardue, étant donné la courte durée de ces battements (se limitant parfois à quelques secondes) et à la nature agressive de ces puissants animaux, pouvant peser plus de 200 kilos.
Lorsque les chercheurs ont comparé les enregistrements à la taille des singes, ils ont constaté que les mâles les plus imposants produisaient des sons de fréquences plus basses. Cela est peut-être dû au fait que les individus les plus grands possèdent également des sacs d’air plus grands près de leur larynx. Semblables au grondement d’un alligator ou au mugissement d’un bison, de tels sons pourraient permettre aux gorilles de communiquer leur taille à leurs semblables, trop éloignés pour obtenir cette information visuellement.
« Il est formidable d’avoir pu montrer que la taille du corps était transmise par ces impressionnantes manifestations »
D’après l’équipe, bien que les gorilles mâles puissent être très agressifs, les confrontations physiques entre ces derniers sont rares. Par conséquent, les battements de poitrine constitueraient l’un des nombreux moyens utilisés par les spécimens dominants pour intimider leurs rivaux. Ces « démonstrations de force » aurait également un but reproductif. Des observations antérieures ayant montré que les gorilles à dos argenté mâles se frappaient la poitrine plus souvent durant la période d’ovulation des femelles, les scientifiques estiment qu’elles contribueraient à guider ces dernières vers le partenaire potentiel le plus attrayant.
Il est intéressant de noter que les observations ont également révélé une grande variation entre les mâles en ce qui concerne le nombre de battements, ainsi que leur durée : si ceux-ci se frappaient en moyenne la poitrine 1,6 fois toutes les 10 heures, les plus imposants et dominants effectuaient cette action plus souvent et plus longtemps.
« Il est formidable d’avoir pu montrer que la taille du corps était transmise par ces impressionnantes manifestations », s’est réjoui Edward Wright, premier auteur de l’étude. « Cela laisse entrevoir la possibilité que les battements de poitrine puissent avoir des signatures individuelles, mais des études supplémentaires seront nécessaires pour le vérifier. »
Par Yann Contegat, le
Source: ZME Science
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