Il n’aura échappé à personne qu’une bonne partie des mangas, en France tout du moins, sont des shojo mangas, soit des mangas « pour filles », avec tout ce que cela véhicule de clichés et de stéréotypes négatifs… Or non seulement il n’y a rien de mal à ce que ces mangas soient des mangas pour filles, mais en plus le genre ne manque pas d’originalité et d’inventivité. SooGeek vous emmène à la découverte de l’univers étrange, acidulé et girly du shojo manga.

 

En France on parle de « shojo » pour désigner les mangas dont la cible éditoriale est constituée de jeunes adolescentes, « shojo » signifiant « jeune fille » en japonais et ce type de productions s’appelant en fait « shojo manga » au Japon. Au pays du Soleil-Levant, ce genre représente une grosse partie des publications de mangas et son histoire est ancienne.

 

En effet, dès les années 1900 des magazines de publication de bandes dessinées se destinant spécialement à un public féminin et jeune voit le jour. A partir des années 1950 le genre ne cesse de croître, ouvrant au passage la voie aux premières femmes mangakas, alors que la profession était essentiellement masculine même pour ce type d’oeuvre. Le grand Osamu Tezuka a d’ailleurs lui-même créé l’un des premiers et des plus célèbres shojo mangas, à savoir Princesse Saphir.

 

Princesse Saphir est l’un des premiers shojo mangas à rencontrer un large succès au Japon : 

 

Alors les shojo mangas, ça raconte quoi ? On aurait tendance à penser que qui dit « truc pour fille » dit romance, fleurs bleues et eau de rose. Ce qui n’est pas complètement faux, puisque bon nombre de shojo mangas racontent des romances (hétérosexuelles, précision utile et nous verrons pourquoi plus bas), en général dans le cadre du collège ou du lycée. Cependant si la romance est indubitablement un élément très important dans beaucoup de shojo mangas, elle n’a pas à être le principal moteur de l’histoire et sa tonalité n’a pas à être purement mielleuse.

 

L’histoire d’amour peut être mêlée à une histoire sportive, à la manière du très cliché Jeanne et Serge, plus connu chez nous dans sa version animée, ou à une intrigue mêlée de fantastique, comme dans le très réussi Fruit Basket. D’ailleurs contrairement à une idée largement répandue, les shojo mangas peuvent offrir des contenus que l’on associe pas forcément à quelque chose de « féminin », comme des combats ou des récits initiatiques, le manga X de Clamp, avec ses combats sanglants, en est un bon exemple.

 

Fruit Basket, un parfait exemple de shojo manga : 

 

Ce qui nous amène aux sous-genres de shojo manga qui nous paraissent les plus exotiques. Tout d’abord, celui de Magical Girl. Les histoires de Magical Girl mettent toujours en scène des filles ou des petites filles qui, à l’aide d’un objet magique, peuvent prendre une apparence de femme adulte et défendre le monde contre le mal. Une sorte de fantasme de puissance au féminin qui ressemble un peu sur le principe aux histoires de super-héros, et Card Captor Sakura en est un des plus beaux exemples.

 

Card Captor Sakura est l’un des plus célèbres mangas de Magical Girl : 

 

Autre sous-genre de shojo manga que le grand public regarde avec circonspection en Occident quand il en a connaissance : le Yaoi. Pour faire simple, le Yaoi met en scène des histoires d’amour entre deux personnages masculins, le tout idéalisé et avec éventuellement de l’érotisme. Si cela peut sembler étrange, le Yaoi met en scène des personnages masculins tels que fantasmés par les jeunes femmes japonaises : sentimentaux, doux, passionnés… Ceci expliquant cela, ce sous-genre reste assez confidentiel en dehors du Japon, où Gravitation par exemple est l’un des plus grands succès du genre.

 

Les confusions au niveau de la localisation des shojo mangas tous genres confondus en Occident ne manquent d’ailleurs pas : ainsi, parce qu’ils mettent principalement en scène des personnages féminins, certains shonen mangas, de « shonen » signifiant « jeune homme » en japonais, soit l’équivalent du shojo manga mais à destination d’un public masculin, sont vendus en France ou aux États-Unis pour un public féminin. C’est le cas des shonen mangas Love Hina ou Ah! My Goddess, destinés à un public masculin adolescent au Japon et marketés pour les jeunes filles en Occident…

 

Malgré les apparences, Love Hina n’est pas un shojo manga : 

 

En y regardant de plus près, on se rend compte qu’au-delà des stéréotypes, le shojo manga est un genre amusant et dépaysant, incarnant parfaitement une forme de culture japonaise que l’on cherche en général dans les mangas. La variété que l’on trouve dans les shojo mangas ne manque d’ailleurs pas de surprendre et de distraire. Seriez-vous prêt à donner une seconde chance à ce genre décrié ou préférez-vous lire des mangas plus explosifs ?

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