Diffusée sur la plateforme IRL de France Télévisions, la web-série documentaire Gender Derby vous plonge dans le monde du roller derby à travers l’histoire de Jasmin, jeune garçon trans queer. Abordant le sujet de la transidentité sous un angle inédit et un format innovant, cette mini-série est à voir absolument. Nous avons eu la chance d’interviewer sa réalisatrice, Camille Ducellier.

Bonjour Camille et merci de répondre à nos questions. Tout d’abord, pouvez-vous nous expliquer le concept de votre mini-série documentaire Gender Derby ?

Gender Derby est une série documentaire queer, conçue pour le web et tournée en 9/16, c’est-à-dire en full vertical.
Au fil des sept épisodes, question de genre et roller derby s’entrechoquent autour du portrait de Jasmin, en plein questionnement sur sa transition.

En suivant ses doutes, ses affirmations, ses passions et ses engagements, la série nous plonge dans le quotidien de Jasmin à l’approche d’une compétition de roller derby : DERBYLAND.

Nous pouvons suivre Jasmin, garçon trans et queer dans son quotidien. D’où vous est venue l’idée de réaliser un documentaire sur lui ? Le connaissiez-vous avant ?

À l’origine de ce projet, il y a tout d’abord une relation de confiance avec Romain Bonnin, producteur de la série, qui m’invite à lui proposer une série autour des questions de genre. J’avais rencontré Jasmin dans un atelier d’initiation à l’astrologie que j’animais et j’ai pensé à lui assez spontanément et intuitivement.

En discutant avec lui et en découvrant sa passion pour le roller derby, ce fut une évidence que nous pouvions faire quelque chose ensemble. Avec un sens commun de la transmission et de la pédagogie nécessaire, nous nous sommes lancés dans cette aventure avec l’espoir de montrer d’autres récits autour des transidentités.

Pourquoi le roller derby est-il un sport hors du commun et si apprécié par la communauté LGBT ?

Le roller derby est l’un des seuls sports avec une dimension féministe et inclusive. Dans un monde sportif extrêmement normatif et binaire, cette spécificité est remarquable. Non seulement le sport en lui-même porte ces valeurs, mais il est aussi un lieu de circulation pour la reflexion, l’échange, l’entraide et la sororité.

Je ne connais pas d’autres sports qui le soient aussi structurellement, donc il semble assez logique que cet espace « safe » attire des personnes de la communauté LGBTQI+, mais aussi des joueuses racisées ainsi que des joueuses ayant une variété de physique et de corpulence.

Je pense que c’est très libérateur et jouissif de pouvoir enfin exister, quel que soit son corps ou son identité, dans un univers sportif joyeux, drôle et féministe. D’autre part, l’injonction sociale selon laquelle les femmes ne pourraient pas exercer de sport de contact ou apprendre à maitriser la puissance de leur corps est très frustrante, inhibante et oppressante.

Dans le roller derby, cette violence est appréhendée, reçue et donnée avec respect, ce qui fait de ce sport un lieu d’apprentissage et de déconstruction.

Quel message avez-vous voulu faire passer à travers cette mini-série ?

Je suis moi-même féministe-queer et j’observe depuis des années la manière dont les médias traditionnels proposent des récits de transidentité. Ces récits semblent figés dans une trame narrative récurrente, confortable et binaire : parcours, protocole, monde médical, solitude, souffrance… Loin de nier cette réalité, j’ai voulu montrer des récits alternatifs autour de personnes queer avec des doutes, de la fluidité dans l’expression de genre, de la joie à vivre ses passions, de soutien au sein de la communauté…

Nous avons également pensé aux adolescent.e.s qui n’ont pas forcément de supports d’identification variés et il nous a semblé important de partager la voix de celles et ceux qui questionnent leur identité et leurs privilèges.

Le format est également très innovant, pourquoi avoir fait ce choix ?

Le choix du format a été pensé en dialogue avec les producteurs et les diffuseurs, dans la perspective de réflexion autour des nouveaux usages (smartphone). Toutefois, c’est parce que le propos collait bien à la forme que nous avons décidé d’assumer ce format portrait.

Avec la chef op, Camille Langlois, nous avons trouvé que ce format était fort stimulant et proposait un face à face, en pied, avec Jasmin. C’est devenu un jeu de déconstruire aussi ce format, en utilisant des splitscreens. En la regardant sur son téléphone, cela crée une relation plus intime aussi avec la série.

Quelques petits mots pour nos lecteurs afin de les encourager à regarder Gender Derby ?

Je dirais que c’est une jolie occasion, pour toutes les personnes qui se posent des questions autour du genre, de suivre joyeusement Jasmin et son entourage.

D’autre part, pour celles et ceux qui ne connaissent pas le roller derby, c’est aussi une plongée dans une super équipe, « les nasty pecheresses ». Et puis, pour celles et ceux qui aiment le documentaire tout simplement…

Comment résister à autant de badass girls, de derbylove, de tendresse, de couleurs et de queerness !

Nous vous invitons à découvrir Gender Derby sur la plateforme IRL, vous ne le regretterez pas !

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