L’apparence des fruits et légumes a été modifiée depuis les début de l’agriculture via Shutterstock
Depuis les débuts de l’agriculture il y a plus de 10 000 ans, nos fruits et légumes ont bien changé. Génération après génération, les fermiers ont sélectionné les végétaux les plus gros et ayant le plus de goût. C’est cette sélection constante étendue sur des milliers d’années qui a peu à peu transformé les pêches, le maïs ou encore les pastèques pour devenir les fruits que l’on mange aujourd’hui.
James Kennedy, professeur de chimie en Australie, s’est intéressé de près à l’évolution des végétaux, et en particulier des pêches, du maïs et des pastèques. Après de nombreuses recherches, l’Australien a démontré l’évolution de ces fruits avant et après leur domestication. Au fil des décennies, l’Homme a totalement bouleversé leur développement, uniquement pour son plaisir gustatif et nutritif.
L’évolution du maïs
7000 ans avant J.-C., le maïs ne mesurait que 19 mm. Son goût était très sec et il ne contenait que 5 à 10 grains de maïs très durs. A l’époque, huit variétés existaient, et uniquement en Amérique centrale. Cette plante était composée de 75 % d’eau et d’1,9 % de sucre.
En 2014, le maïs a bien changé puisqu’il mesure maintenant 190 mm. Il est facile à éplucher (contrairement à ses débuts), il peut être cuisiné en quelques minutes à la vapeur et il pousse même en cinq couleurs différentes (blanc, jaune, rouge foncé, violet et bleu-noir). Aujourd’hui, il existe près de 200 variétés et le maïs est cultivé dans 69 pays. Constitué de 73,2 % d’eau et de 6,6 % de sucre, il est donc 2 % moins juteux et 3,5 fois plus sucré qu’à ses début.
Pendant longtemps, les scientifiques n’arrivaient pas à trouver l’origine du maïs domestiqué. A travers de nombreuses recherches, les botanistes, les généticiens et les archéologues ont découvert qu’il y a 9000 ans le maïs s’était détaché de la téosinte (graminée sauvage). Leurs ADN sont d’ailleurs extrêmement similaires puisque seuls quelques gènes diffèrent.
Domestiqué en Mésoamérique, le maïs a beaucoup évolué grâce à la culture sélective. En effet, les premiers fermiers sélectionnaient les graines des plantes les plus grosses et meilleures au goût, ou celles dont les grains étaient plus faciles à broyer. A tel point qu’en 4000 avant J.-C., les épis avaient atteint 2,5 cm, soit plusieurs fois leur taille en quelques milliers d’années. Plus tard, l’hybridation des plantes (ou le croisement) est devenue une méthode importante pour garder certaines caractéristiques plutôt que d’autres.
De nos jours, le maïs pousse partout dans le monde et les hommes continuent encore à le faire évoluer à travers de nouvelles techniques. En 1980, des sociétés se sont tournées vers le génie génétique. En effet, des scientifiques ont inséré les gènes de la bacille thuringiensiss (Bt) dans le maïs pour le rendre plus résistant face aux nuisibles. Aujourd’hui, certains chercheurs souhaitent développer des variétés de maïs capables de résister aux sécheresses.
L’évolution des pastèques
3000 ans avant J.-C., les pastèques ne mesuraient que 50 mm et contenaient en moyenne 18 pépins. Leur goût était très amer et pour les ouvrir il fallait un marteau ou un objet tranchant. Il existait 6 variétés différentes dans le sud de l’Afrique qui contenaient 80 % d’eau et 1,9 % de sucre.
En 2014, la pastèque n’a rien à avoir avec sa lointaine ancêtre. Elle prend plusieurs formes et peut être de quatre couleurs différentes (crème, jaune, vert, rouge). Il existe 1200 variétés poussant dans 15 pays. Aujourd’hui, ce fruit contient 91,5 % d’eau et 6,2 de sucre, il est donc 14 % plus juteux et 3,3 fois plus sucré qu’à ses origines.
Après des milliers d’années de sélection, les pastèques d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec les minuscules fruits d’avant, leurs ancêtres du sud de l’Afrique. Dans les années 1950 et 1960, quelques avancées majeures se sont produites aux États-Unis lorsque des experts ont sélectionné des variétés résistantes aux maladies et ayant une écorce beaucoup plus dure. Grâce à cela, les pastèques ont pu se développer à travers tout le pays.
Aujourd’hui, on continue à produire de nouvelles variétés de ce fruit, à l’instar de la pastèque noire (très chère) cultivée au Japon. Des scientifiques ont également développé des pastèques sans pépins.
L’évolution des pêches
Originaires de la Chine, les pêches ont été sélectionnées pour leur taille et leur chair juteuse pendant des milliers d’années. Résultat, après 6000 ans d’évolution, la concentration d’eau dans ces fruits a considérablement changé.
4000 ans avant J.-C. environ, les pêches ne mesuraient que 25 mm, à peu près la taille d’une grosse cerise. Son noyau représentait 36 % de son poids total et seulement 64 % de sa chair était comestible. Le goût était plutôt terreux, sucré, acide et même un peu salé. Seulement trois variétés existaient en Chine et elles contenaient 71 % d’eau, 8,1 % de sucre.
En 2014, la pêche a pris des rondeurs : elle est même devenue 64 fois plus grosse puisqu’elle mesure maintenant 100 mm ! Désormais, son noyau ne représente que 10 % de son poids, 90 % de sa chair est comestible et même sa peau veloutée peut être dégustée. A ce jour, 200 variétés de ce fruit poussent dans 13 pays (dont la France). Pour finir, la pêche contient 88,9 % d’eau, 8,4 % de sucre, elle est donc 27 % plus juteuse et 4 % plus sucrée que son ancêtre.
Au vu des progrès de la génétique et des techniques de l’agriculture toujours plus poussées et performantes, nos fruits et légumes n’ont pas fini d’évoluer. On en serait même à se demander s’il existe des légumes possédant leur propriétés initiales… Si les nouvelles méthodes de production des plantes vous intéressent, découvrez cette ferme robotisée qui multiplie par 100 la production de laitues tout en respectant pleinement l’environnement.
Par Noémi Capell, le
Source: Vox
Étiquettes: mais, pasteques, peches, évolution, agriculture
Catégories: Écologie, Sciences, Actualités