En se basant sur un fossile préhistorique étonnamment bien conservé et la découverte récente d’empreintes de pas, une équipe de scientifiques germano-suisse est parvenue à créer une version robotisée grandeur-nature de cette créature ayant vécu il y a des centaines de millions d’années.

 

Quand les scientifiques redonnent vie à un animal éteint depuis des millions d’années

Vieux de 290 millions d’années, le fossile ayant permis cette prouesse technologique a été découvert dans la carrière de Bromacker, en Allemagne, au début des années 2000. Selon John Nyakatura, biologiste à l’Université Humboldt de Berlin et membre de l’équipe de recherche, il appartenait à la famille des diadectidés, espèce de vertébré quadrupède et herbivore aujourd’hui éteinte ayant vécu à une époque antérieure à celle des dinosaures. Baptisé Orobates pabsti, ce fossile fascine les scientifiques depuis des années en raison de la position particulière de la créature sur l’arbre de l’évolution.

Premiers vertébrés terrestres à atteindre de grandes tailles, les diadectidaés sont apparus il y a environ 310 millions d’années et sont considérés comme les ancêtres lointains des mammifères, oiseaux et reptiles modernes. Afin de recréer la façon dont l’Orobate (mesurant environ 90 centimètres de long) se déplaçait, Nyakatura s’est associé à Kamilo Melo, expert en robotique à l’École Polytechnique de Lausanne, pour créer une réplique robotisée grandeur nature de ce fossile « magnifiquement conservé et articulé » qu’ils ont baptisé Orobot. Leurs travaux ont été présentés dans la revue Nature.

 

Une créature bien plus athlétique et agile que les scientifiques ne le pensaient

Comme l’a précisé Nyakatura : « Nous avons soigneusement modélisé chacun de ses os sur ordinateur, et ensuite testé différents mouvements en excluant les combinaisons qui n’étaient pas anatomiquement possibles afin que sa démarche corresponde aux empreintes de pas découvertes récemment ». Doté de 28 moteurs et assemblée à partir de pièces imprimées en 3D, ce modèle robotisé tenant compte de la gravité et de la friction a permis aux scientifiques de tester la démarche de la créature en conditions réelles, qui a ensuite été comparée à celle de différents reptiles modernes.

Il s’est avéré que la démarche de l’Orobates était beaucoup plus athlétique et avancée que les scientifiques ne le pensaient jusqu’à lors, l’animal moderne lui ressemblant le plus étant le caïman, proche de l’alligator. Pour de nombreux biologistes, l’usage conjoint de la robotique et de la modélisation informatique constitue l’avenir de la paléontologie et permet d’obtenir des reconstitutions du passé toujours plus convaincantes. Selon Stuart Sumida, paléontologue à l’Université de Californie : « Dans les années à venir, ces travaux nous offriront une bien meilleure compréhension des créatures ayant vécu à une époque lointaine ».

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