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De récentes recherches ont suggéré que la croûte continentale terrestre était bien plus ancienne que nous l’estimions jusqu’à présent. Selon les calculs des scientifiques, celle-ci serait apparue un demi-milliard d’années plus tôt que prévu.

La barytine comme « capsule temporelle »

Bien qu’un faible pourcentage de la croûte continentale terrestre actuelle remonte à cette époque, on estime que celle-ci est apparue il y a plusieurs milliards d’années. Pour calculer l’âge des continents, les chercheurs étudient la désintégration d’anciens composés chimiques piégés dans les roches (généralement des minéraux carbonatés récupérés dans les océans), mais ceux-ci se révèlent particulièrement rares et doivent être suffisamment intacts pour pouvoir être analysés.

Dans le cadre de travaux présentés lors de la Conférence virtuelle de l’Union européenne des géosciences 2021, une équipe de chercheurs a développé une nouvelle méthode pour dater d’anciens morceaux de croute terrestre, ayant impliqué l’analyse d’un minéral appelé barytine, une combinaison de sels océaniques et de baryum.

Les minéraux de barytine se forment en profondeur, là où l’eau chaude et riche en nutriments s’échappe des cheminées hydrothermales parsemant le plancher océanique. Selon les chercheurs, ceux-ci présentent la particularité de conserver des traces des échanges de nutriments intervenus entre les continents et les océans.

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Le processus clé ici est la météorisation. Lorsque les continents s’usent naturellement au fil du temps, ils déversent des nutriments dans les mers voisines. Une étude publiée le 11 février dans la revue Science a montré que lorsque la croûte continentale de notre planète a cessé de croître pendant environ un milliard d’années au cours de « l’âge moyen » de la Terre, l’évolution de la vie a soudainement ralenti.

Une croûte continentale bien plus ancienne que prévu

L’un des éléments que la croûte continentale laisse échapper dans l’océan est le strontium. En mesurant le rapport de deux de ses isotopes dans six dépôts différents de barytine, les chercheurs ont pu calculer l’âge de ces minéraux, compris entre 3,2 et 3,5 milliards d’années. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. À partir de ces minéraux, l’équipe a également pu déduire la période à partir de laquelle les anciens continents avaient commencé à libérer du strontium dans les océans où ces barytines se sont finalement formées.

Les analyses menées ont révélé que ce processus d’altération continental avait débuté il y a environ 3,7 milliards d’années, ce qui suggère une formation des continents antérieure de 500 millions d’années aux précédentes estimations, et implique que des processus tels que la tectonique des plaques interviennent sur notre planète depuis au moins aussi longtemps.

Si des recherches supplémentaires seront nécessaires pour le confirmer, les chercheurs estiment que cela pourrait également avoir eu une incidence sur l’évolution de la vie océanique, s’étant développée grâce à ces nutriments continentaux.

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