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Fordlândia : en 1927, Henry Ford a tenté de construire une ville en Amazonie et tout a très mal fini

Un projet urbain définitivement ambitieux

Fordlandia
— © Amit Evron / Wikimedia Commons

L’histoire ne manque pas de projets urbains ambitieux. On s’intéresse aujourd’hui à Fordlândia, l’utopie brisée du plus célèbre constructeur automobile américain.

Un concentré d’Amérique au cœur de l’Amazonie

Au milieu des années 1920, les hévéas du Brésil attirent l’attention d’Henry Ford, qui voit là une opportunité unique de s’émanciper du marché asiatique alors en plein boom. L’idée est simple : acquérir une tranche d’Amazonie et y produire la totalité du caoutchouc nécessaire pour chausser les véhicules qu’il produit.

La cité ouvrière de Fordlândia s’apparentera à un concentré d’Amérique le long de la rivière Tapajós (État du Pará) : des installations et des logements avec tout le confort « moderne », un hôpital, et de quoi divertir ses résidents (boutiques, bibliothèque, cinéma, golf, piscine).

Sa construction est un véritable bourbier. Difficilement accessible durant la saison sèche, ce site d’environ deux fois la taille de l’État du Delaware doit être défriché « à la main », et les quantités d’eau et de nourriture fournies aux milliers de travailleurs locaux sont minces. Outre la chaleur et l’humidité, ceux-ci doivent composer avec la présence de serpents venimeux.

Fordlandia
Les vestiges de l’hôpital de Fordlândia — © RodrigoCruzatti / Wikipedia

Utopie déçue

Au prix de nombreuses vies humaines, l’utopie de Ford finit par sortir de terre et des rangées d’hévéas s’étendant à perte de vue sont plantées. Mais si ce type de monocultures prospèrent dans le Michigan natal de Ford, en Amazonie, la proximité des arbres et l’absence de couvert végétal « protecteur » se traduisent par des vagues régulières de maladie et d’infestation de ravageurs (chenilles).

Des feux de forêt sans précédent et le développement de la production de caoutchouc synthétique scellent définitivement le destin de Fordlândia, que le constructeur automobile américain n’aura jamais l’occasion de visiter. À sa fermeture en 1945, les pertes sont évaluées à environ 350 millions de dollars actuels.

Au cours des décennies suivantes, la nature reprend rapidement ses droits, mais les sections résidentielles de la ville ouvrière ne sont pas abandonnées. Sa population est aujourd’hui estimée à plus de 2 000 habitants.

Vous l’ignoriez peut-être, mais la capitale du Brésil a été construite en moins de 3 ans.

Par Yann Contegat, le

Source: IFL Science

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