Alors qu’une équipe de chercheurs pensait avoir découvert des restes récents de manchots Adélie au cap Irizar, sur la côte antarctique, la datation au carbone a révélé que les carcasses avaient au moins 800 ans, voire 5 000 ans pour certains des restes les moins bien conservés.
Des découvertes rares
Ce cap rocheux avait au départ attiré l’attention des scientifiques en raison de la présence de monticules de galets, utilisés par les manchots pour construire leurs nids, et celle d’os de poussins éparpillés. Ce qui s’avérait particulièrement étrange, étant donné qu’aucune trace de colonie n’y avait été repérée depuis le début des relevés au début des années 1900. De nouvelles fouilles et analyses d’os, de plumes et de coquilles d’œufs ont révélé qu’il s’agissait d’un habitat abandonné depuis (très) longtemps.
« Dans l’ensemble, nos prélèvements ont permis de récupérer un mélange de restes de manchots anciens et récents, ce qui implique de multiples périodes d’occupation et d’abandon de ce cap sur des milliers d’années », explique Steven Emslie, biologiste à l’université de Caroline du Nord et co-auteur de cette nouvelle étude parue dans la revue Geology. « Durant toutes ces années de recherches en Antarctique, je n’ai jamais observé un site semblable à celui-ci. »
Selon les scientifiques à l’origine de cette découverte, les manchots on probablement quitté ce site du cap Irizar en raison de l’augmentation de la couverture neigeuse ou d’autres changements climatiques. Une quantité de précipitations qui aurait permis de piéger les restes des animaux sous la glace pendant des siècles et expliquerait l’excellent état de conservation de la plupart d’entre eux, révélés en raison de l’augmentation de la température annuelle moyenne de cette partie du continent de 1,5 à 2 °C depuis les années 1980.
Le réchauffement climatique en cause
« Une fonte récente constitue la meilleure explication pour justifier la présence de restes préservés de manchots de différentes époques lointaines », souligne Emslie, qui suggère que la glace s’étendant depuis la mer jusqu’à l’intérieur des terres pourrait avoir commencé à se former suite à la chute des températures, rendant le site inhospitalier pour les manchots durant une grande partie de l’année. Tandis qu’aujourd’hui, c’est le phénomène inverse qui est observé.
Le changement climatique intervenant actuellement sur notre planète ne révèle pas seulement les dépouilles d’animaux morts depuis longtemps, mais ramène également certains organismes à la vie. Toutefois, comme le rappellent les chercheurs, nous sommes en passe de perdre beaucoup plus d’espèces que nous n’en gagnons.
Quant au cap Irizar, les auteurs de l’étude pensent que sa longue histoire en tant que terre d’accueil des manchots pourrait être sur le point d’entrer dans un nouveau chapitre après une interruption de plusieurs siècles. « Ayant besoin de galets pour leurs nids, ils vont trouver cet endroit très attractif et je ne serais pas surpris de les voir réinvestir le site dans un avenir proche », conclut le chercheur.
Par Yann Contegat, le
Source: Science Alert
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